Limpide, brillant, percutant, essentiel, salutaire.
L'humour est l'arme la mieux dissimulée des dominants, serpentant à bas bruit, éreintant à petit feux. Ou bien tirant dans le tas au bazooka.
Adilson Moreira nous livre clé en main son concept de "racisme récréatif".
À l'annonce de la sortie du livre, cette formule inconnue a tout de suite correspondue à une problématique importante à mes yeux, mais informément rangée sous le titre "humour raciste".
En inversant les termes,
Adilson Moreira éclaire la route et fournit les armes intellectuelles pour riposter.
Car la première étape consiste bien sûr à mettre des mots sur des situations vécues comme agressives. Réaliser que le sentiment n'a rien d'unique ou d'illégitime. Puis comprendre les mécanismes.
À ce titre, le chapitre dédié à la définition du racisme récréatif et à ses neuf modes opératoires est absolument parfait. le constat est clair. Les faits sont là - et ils sont têtus.
Si le gros des exemples fournis dans le livre concerne le Brésil, ils sont pour la plupart tout à fait adaptables au cas français - à l'exception peut-être du chapitre sur les jurisprudences, mais qui n'en est pas moins riche d'enseignements pour autant.
Au-delà, certains cas bien français sont également inclus dans l'analyse au fil des chapitres.
Mention spéciale aussi pour le petit chapitre sur "l'ami noir", cette plaie d'argument de caniveau.
Adilson Moreira, dans sa conclusion, circonscrit
le racisme récréatif au cas brésilien. Mais nous pouvons tout à fait appliquer nombre de ses remarques et analyses au cas français.
Je ne peux que vous inviter à lire cet essai remarquable. Qui vous donnera de l'urticaire ou des armes, suivant votre situation et/ou votre degré d'autocritique.
À lire, relire, prêter, conseiller, faire acheter à vos bibliothèques. Une fois encore, un travail formidable des éditions Anacaona.