Je me suis enfin lancée dans cette série dont j'entends du bien depuis des mois et c'était cool. Enfin, non. C'était glauque, et violent, et sale. J'ai beaucoup aimé !
On rencontre Derrick, la 40aine, un boulot de merde, une vie de merde que rien ne vient éclairer. Il travaille dans une société qui fait les poches des morts avant que la famille n'arrive. Non seulement c'est moche mais ça ne paye même pas bien.
On le suit dans ce quotidien triste à pleurer jusqu'au jour où -c'est l'occasion qui fait le larron- il tente enfin de saisir sa chance, une chance inespérée qui lui permettrait de fuir tous ses malheurs. Mais, bien entendu, la vie n'est jamais facile, et les choses vont mal tourner, encore et encore…
Visuellement, on plonge dans un univers graphique très travaillé. Les décors sont sombres, nécessairement, mais le niveau de détails est dosé juste comme il faut et
Julien Monier ne tombe jamais dans le gore vulgaire, malgré tous les morts en décomposition qu'il nous montre. Les vivants, quant à eux, sont criants d'humanité et la fatigue, la résignation et la colère transparaissent dans chacun des portraits.
En fait, le plus glauque dans ce récit ce ne sont pas les morts, loin de là. Ce que Gaet's parvient à rendre plus écoeurant c'est la vie, et surtout la vision qu'en a Derrick. L'auteur met en lumière une humanité désabusée, violente et rancunière. Une humanité ordinaire, que l'on n'aime pas trop regarder.
Mais RIP renferme encore plus que cela, et l'intrigue mise en place dans ce 1er tome recèle bien des mystères… Toutes les réponses sont à portée de main à priori, mais pour les avoir il faudra regarder les choses sous un autre angle dans les tomes suivants. J'adore ce concept : raconter la même histoire mais selon des points de vue différents, c'est toujours un exercice assez complexe mais qui peut donner un résultat brillant s'il est bien mené.
Comme j'essaie de ne pas trop en savoir avant de me lancer dans une oeuvre (en principe je ne lis même plus les résumés jusqu'au bout, ils en disent bien trop) je suis totalement tombée de nues en découvrant la fin. Pas que je m'attendais à un dénouement heureux, juste à quelque chose de moins abrupte ! Mais j'ai adoré me prendre cette claque et j'ai savouré toute l'ironie de la situation.
Les petits plus : un cahier graphique final pas ordinaire qui livre des secrets de création assez distrayants ; et des citations entre les chapitres toutes plus savoureuses les unes que les autres et choisies avec beaucoup d'à-propos.
Aucun doute, je vais rempiler avec le tome 2 et refaire le voyage à travers les yeux de Maurice. Ça tombe bien, c'est le personnage qui m'intrigue le plus. J'ai hâte.