Le vertige des acrobates

Le vertige des acrobates est un roman dont le thème est l'accueil des mineurs migrants sur le sol Européen. L'auteure a choisi ce genre afin dépasser certaines barrières émotionnelles qu'un style journalistique ne saurait, à priori, percer. C'est en se basant sur deux années d'expérience au sein d'une ONG que le livre a pris forme.

Le lecteur se retrouve donc plongé au coeur d'un centre d'accueil pour jeunes migrants, aux parcours variés, aux origines diverses, aux souffrances profondes. On y découvre aussi les motivations et les profils des bénévoles ou des rares salariés qui tentent d'offrir à ces jeunes des perspectives afin de bénéficier d'un potentiel regroupement familial.

Les difficultés des uns et des autres, les douleurs physiques et psychiques de chacun, les doutes, les colères, les incompréhensions, mais aussi la solidarité, l'enthousiasme, les espoirs, la résilience, y son narrés tout au long de courts chapitres aux titres évocateurs. Les rouages administratifs de l'accueil, lourds et parfois totalement déconnectés du monde réel (du terrain) sont évoqués à maintes reprises.

En soi, cet ouvrage est intéressant à plus d'un titre : il aborde une problématique actuelle, loin d'être terminée, et permet aux lecteurs d'avoir un vision plus profonde des tenants et des aboutissants de la migration des mineurs étrangers vers le continent européen. On se confronte aux pratiques des passeurs, aux parcours d'êtres humains en grande souffrance et de ceux des personnes qui souhaitent leur apporter un réel soutien.

Le livre est également illustré par quelques (jolies) photographies, on y retrouve aussi des extraits de dépêches journalistiques qui viennent appuyer le coté réaliste de l'ouvrage.

Si la démarche, et le fond, du livre m'ont vraiment plu je dois avouer que le style de la narration m'a plus ou moins séduit. Il manque un je ne sais quoi qui pourrait impliquer encore plus le lecteur, lui donner encore plus d'attachement à tous ces protagonistes ou à ces situations souvent tragiques. Cela m'est apparu très scolaire, disons un poil trop lisse pour m'emmener plus loin dans le côté émotionnel recherché à la base par l'auteure et ses acolytes. C'est d'autant plus surprenant que certains ouvrages d'enquêtes/témoignages journalistiques (je pense par ex. à Mourir au Mexique) qui tendent moins vers le roman m'ont totalement captivé et m'ont grandement impliqué dans leur récit. de ce point de vue l'idée d'écrire un roman avec pour objectif de franchir certains blocages dus à des formes d'expression différentes pour mieux impliquer le lecteur m'apparaît raté.

J'en suis arrivé parfois à me dire qu'une compilation d'itws, des témoignages directs, de courts entretiens et d'articles, associés à la photographie, auraient potentiellement un impact bien plus profond.

Il n'en reste pas moins que le Vertige des Acrobates est facile à lire. La thématique abordée est importante. Il m'apparaît important de traiter ce sujet en y incorporant des détails crédibles et véridiques afin d'aller plus loin que ce que les plateaux TV veulent bien en dire. le livre de Marine Messina est donc intéressant à plus d'un titre, même si étonnamment ma perception est qu'il se destine en priorité à nos adolescents.

Merci à l'éditeur et à Babelio pour l'envoi de ce livre suite à une Masse Critique.

Et merci à vous d'avoir pris le temps de me lire.

Avec Anna qui postule pour un centre d'accueil d'urgence de mineurs réfugiés quelque part en Grèce, nous partons à la découverte d'un carrefour des routes de l'exil.

Ce roman se lit comme un documentaire qui explore sans faux-semblant la vie et la survie des adolescents réfugiés et des adultes qui tentent de les accueillir.
Les affres de l'exil et des demandes d'asile sont décrites ici avec finesse et pudeur.

Ayant accompagnée professionnellement des mineurs dits « non-accompagnés », je n'ai pas été surprise par les récits qui jalonnent ce livre. J'apprécie d'autant plus que Marine Messina ait pu rendre compte des parcours de ces adolescents qui fuient l'horreur pour un espoir souvent très rapidement déçu.

Avant d'être identifié à des migrants plus ou moins dérangeants, ce sont des adolescents. Ils ont des têtes d'enfant et déjà des visages d'adulte. Ils sont lumineux et tentent d'apaiser l'obscurité qui les rongent. C'est Malik, Adama, Kadi et tant d'autres.

La langue natale, maternelle, d'adoption ou de l'intégration, est le coeur de ces récits de vie. La langue est le trait d'union pour se rencontrer et apprendre à se connaître. La langue ici se fait aussi poésie ou rap. La langue est surtout celle qui permet de traduire ses sentiments et de partager son affection subtilement.

Ce livre est précieux. Il témoigne de trajectoire humaine à chaque fois singulière. Mais il donne aussi le vertige car il montre combien l'étranger est d'abord en nous.

Dans un centre d'accueil pour mineurs isolés, quelque part en Grèce, enfants et encadrants tentent de survivre, survivre au déchirement d'avoir tout quitté, à l'absence, à la solitude, survivre aux horreurs subies, aux violences, survivre à l'absurdité des juridictions internationales, survivre au manque de moyens alloués... Ce ne sont que des enfants ! Et Marine Messina trouve le ton juste pour témoigner de cette situation innaceptable et insupportable. Fort de son expérience personnelle dans un centre d'accueil, elle raconte les liens qui se tissent, un peu d'humanité qui réchauffe les coeurs.

A lire ! On ne devrait pas fermer les yeux sur ces enfants qui sont sans doute parmi les plus vulnérables qui soient.

Lu dans le cadre d'une opération Masse Critique. Merci aux éditions Presses Universitaires de Vincennes et Babelio.