Le bonheur n'existe vraiment que dans la peur de le perdre. Il ne s'apprécie que si on en a conscience.
Le bonheur n’existe vraiment que dans la peur de le perdre. Il ne s’apprécie que si on en a conscience.
« Cette marche laissa à Esther une curieuse impression.
La mer était belle à regarder , les vagues qui frappaient les rochers ou recouvraient les plages de sable fin auraient dû la transporter, mais la présence allemande n’aidait pas à l’apaisement . »
« C’était toujours le même Paris triste de l’Occupation.
Des piétons pressés, des files d’attente devant les magasins, des panneaux indicateurs en allemand, quelques très rares voitures .... »
Malgré cela, ce soir-là, les parents avaient chanté à l'unisson, debout, de part et d'autre de leur fille. Assise face aux bougies allumées, Esther avait été ravie du cadeau. Elle l'avait tenu entre ses mains toute la soirée comme une pierre précieuse. Un savon, ce n'était pas rien. D'ordinaire, elle se lavait à l'eau froide avec un simple gant de toilette. Ce savon, elle le ferait durer.
Esther se sentait en sécurité dans l'appartement. Elle ne voyait plus le Paris triste et lugubre de l'Occupation. Elle se trouvait hors du temps. L'uniforme allemand ou le béret de la milice paraissaient relever d'un imaginaire barbare ou appartenir à un cauchemar auquel elle aurait finalement échappé .
La femme française porte aujourd’hui dans la défaite de la France sa part, lourde part, de responsabilité. Les hommes nouveaux l’ont compris. Les lois nouvelles autant que sages sont sévères. Elles freinent le déchaînement de l’avidité féminine, restreignent pour les jeunes filles l’accès aux carrières libérales, facilitent au contraire d’une façon qui équivaut à l’imposer le retour ou le maintien de la femme au foyer.
- La loi, aujourd hui, elle appartient à celle qui tient le fusil.
- de faux papiers ? Mais c est très grave d avoir de faux papiers !
- C est encore plus grave d être juive, Esther.
Ce que les hommes ne supportent pas, c est que nous puissions jouir sans leurs queue.