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EAN : 9791022611725
464 pages
Editions Métailié (21/01/2022)
3.01/5   35 notes
Résumé :
Trois périples. Une route. Angleterre, 1348.
Une gente dame, lectrice du Roman de la Rose, fuit un odieux mariage arrangé, un procureur écossais part pour Avignon et un jeune laboureur en quête de liberté intègre une compagnie d'archers qui a participé à la bataille de Crécy. Tous se retrouvent sur la route de Calais. Venant vers eux depuis l'autre rive de la Manche, la Mort noire, la peste qui va tuer la moitié de la population de l'Europe du Nord.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Nous sommes en Angleterre en 1348. Cela fait deux ans que la bataille De Crécy a vu les archers et la piétaille d'Outre-Manche abattre la chevalerie française. Les Anglais victorieux ont ensuite fait tomber Calais, et depuis la célèbre remise des clés de la ville par ses bourgeois, alors que la peste noire s'est mise à décimer l'Europe et donc aussi la population de la cité conquise, l'Angleterre colonise ce bout de terre arrachée à la France. Forts de diverses motivations, les futurs colons proviennent de milieux disparates. Sur la route qui doit les mener à embarquer, convergent ainsi une noble dame décidée à fuir un mariage arrangé, un procureur écossais en partance pour Avignon, et un jeune serf engagé comme archer pour acheter sa liberté. Les rumeurs quant à une meurtrière pestilence au-devant de laquelle ils courraient, vont bientôt laisser la place à une terrible réalité.


Que voilà un étrange et déconcertant ouvrage. L'érudition et la prouesse linguistique – chapeau bas, au passage, pour le traducteur David Faukemberg - y parfont à la perfection l'illusion d'un véritable roman du Moyen-Age. Au travers des trois personnages principaux issus de la noblesse, de la bourgeoisie et du peuple paysan, tournures, croyances et façons de penser se font le reflet de la diversité de langues et de statuts qui se côtoient dans l'Angleterre de cette époque. Langues savantes mêlées de latin et de français, mais aussi langues vernaculaires, s'y relaient avec une aisance confondante pour mieux donner un aperçu de la variété culturelle médiévale, telle qu'on la retrouve au travers de sa littérature.


Mais des livres à la réalité, il y a loin. de la légendaire chanson de geste aux sordides réalités coupables vécues après Crécy par la compagnie d'archers de Will, de l'amour courtois de l'allégorique Roman de la Rose qui sert de référence à la gente Bernadine à l'universelle aliénation de la femme dans toutes les couches de la société féodale, c'est finalement un voyage purement initiatique qui attend les protagonistes de cette histoire. Loin des « semblances » héroïques, religieuses ou amoureuses, chacun va apprendre le vrai prix de la vie et de la liberté, de l'amour et de la culpabilité. Et puis, alors que l'épidémie de peste paraît souvent une punition divine et déclenche des violences antisémites, elle contribue aussi à rebattre un tant soit peu les cartes sociales, quand nobles et gueux se retrouvent à égalité face à l'arbitraire de la maladie et de la mort, et lorsque campagnes abandonnées et manque de bras mettent à mal la pratique du servage.


Finalement, ce n'est pas tant la langue, à laquelle on s'accoutume sans mal et avec un certain plaisir, qui rend si délicat l'accès à ce livre. C'est plutôt sa tournure d'esprit « médiévale », étrangement proche et étrangère à la fois, qui s'avère franchement déroutante. Comme lorsqu'il nous invite à l'une de ces représentations théâtrales de l'époque, qui rassemblaient alors toute la société, mais qui nous semblent aujourd'hui relativement hermétiques. Aussi, si la prouesse littéraire et historique impressionne, l'on risque d'y ressentir à la longue un détachement de plus en plus prononcé à l'égard de personnages par trop inaccessibles.


Il faut découvrir ce livre à nul autre pareil, conte médiéval en même temps que roman historique, exploit linguistique témoignant d'une grande érudition. Mais, à n'en pas douter, goûter ne voudra pas forcément dire aimer pour tous ses lecteurs.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le cadre : l'Angleterre au Moyen-Age avec la peste qui vient d'atteindre l'île britannique.
Nous suivons dans ce livre quelques personnages dont l'objectif est de rejoindre Calais (alors ville anglaise), un serf embarqué pour être archer, un procureur religieux, une jeune damoiselle qui fuit un mariage arrangé. de ce voyage je retiens surtout des discussions sur l'amour et le sexe (l'amour courtois ou le viol), l'homosexualité, le genre, mais aussi les classes et les relations entre classes sociales différentes. Pour le coup j'ai bien aimé ces thèmes rarement vus dans un livre se passant au Moyen-Age.
.
Mais plus que l'histoire ce qui m'a le plus plu, c'est la langue. L'auteur se fait un réel plaisir à reprendre le vocabulaire d'alors, les tournures grammaticales du Moyen-Age. Et c'est un régal ! Beau challenge pour le/la traducteur/traductrice....
Je reconnais que de ce fait, la lecture est un peu plus complexe, mais globalement ça reste accessible. En tout cas moi ça m'a beaucoup plu ce voyage dans le passé linguistique !
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Traduit de l'anglais par David Fauquemberg

P 152 : je n'en puis plus, j'abandonne. Mon esprit s'évade, je suis obligée de relire une phrase, voire une page, je m'ennuie. Ils ne sont pas encore arrivés à Calais que c'est baston après baston. Pfff...
Pourtant, tout commençait plutôt bien. Chaque personnage ou groupe de personnages est représenté par un symbole.
Une fleur pour Bernadine, la gente demoiselle ; une plume pour Thomas Pitkerro, procureur d'Avignon ; une serpe pour les laboureurs d'abord, les archers ensuite. Même le langage utilisé me plaisait. J'ignore si c'était véritablement celui de l'époque, 1348, mais vraiment c'était agréable.
La couverture est également très belle, très chamarrée et la quatrième de couverture alléchante.
Bref, tout était en place pour un agréable moment de lecture.
Pourquoi a-t-il fallu que tout dérape si vite !
Quel dommage !
Mais cela peut peut-être plaire à certains. A vous de voir.
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Vers Calais en temps ordinaire se passe en Angleterre en 1348 . Trois personnes de milieu très différent se retrouvent à voyager ensemble , la route est semée d'embûches , la peste s'est invitée dans ce long périple .
Le récit est de prime abord ardu , l'auteur a choisi une voie difficile pour écrire son roman , il a gardé les tournures , le langage de l'époque , c'est-à - dire du moyen âge , il y a un petit effort à faire pour le lecteur .
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Un bon roman. Un roman historique avec pour toile de fond l'arrivée de l'épidémie de peste noire en Angleterre et un groupe de personnages en route vers Calais. Cela ressemble à un roman de Ken Follett mais la psychologie des personnages est beaucoup plus fouillée. Thomas le clerc est reconnaissable à son langage érudit, tout comme dame Bernardine en quête d'amour courtois. C'est une réflexion sur l amour, la mort, le désir , la violence aussi et la guerre...avec des personnages forts et attachants que l'on accompagne dans leur fuite un peu vaine vers Calais semée d'embûches et de revirements...La personnage principal Will est un laboureur devenu archer, que le voyage transforme jusqu'à lui faire douter de tout.
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critiques presse (2)
LeMonde
04 mai 2022
Une équipée anglaise traverse la Manche, en 1348, et croise la peste noire. Comment l'histoire se raconte-t-elle ? Admirable réponse du romancier écossais.
Lire la critique sur le site : LeMonde
RevueTransfuge
26 janvier 2022
Vers Calais, en Temps ordinaire, pousse les possibilités du personnage romanesque jusqu’à un point de rupture – où il ne craque pourtant jamais. Ce point où il est à la fois le plus faux, le plus factice, et le plus douloureusement humain dans ses pulsions et ses peurs.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Nous sommes tous pécheurs, dis-je. Votre notion de la pestilence comme châtiment divin ne prête guère à controverse. Mon impression, c’est qu’à cette occasion, Dieu décida d’accroître la quantité de Noé appelés à survivre pour repeupler le monde. Ce qui n’est pas sans conséquence. Il divisa ainsi, à tout jamais, l’humanité en deux espèces : les coupables et les fiers. Les premiers seront tourmentés par l’idée que eux, les survivants, sont moins méritants que ceux qui périrent. “Mes enfants étaient innocents”, diront les parents qui auront perdu des fils et des filles. “Ils ont été punis pour mes péchés. J’aurais dû mourir à leur place.” Les seconds interpréteront leur survie comme la confirmation qu’ils sont bien les favoris de Dieu. Les doutes qu’ils auront pu avoir sur leur propre conduite, quels qu’ils soient, s’envoleront ; tous leurs actes seront validés. La vertu se définira désormais comme leur propre satisfaction. Être, c’est être bon.
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L’infirmier leur a montré comment bannir la pestilence. Les corps sanglants chauds et humides avaient le plus à craindre, car les trous par où passait leur sueur étaient grandement ouverts, offrant aux gouttelettes morbides de la peste un passage vers l’intérieur du corps. Toutefois, même les plus froids et les plus secs d’entre eux couraient grand péril, s’ils n’empruntaient pas le chemin qu’il fallait. Ils ne devraient point besogner trop dur, de crainte que leurs corps s’échauffent et que leurs trous à sueur viennent à s’ouvrir en grand. Pas plus qu’ils ne devraient s’adonner à la luxure charnelle avec des femmes, ni se baigner dans une eau chaude, ni non plus rester plus d’un jour sans purger leurs entrailles. Ils devraient se passer de miel, d’ail, d’oignons, de poireaux et d’épices fortes ; manger des concombres, du fenouil, de la buglosse, des épinards et des fruits aigres, boire de l’eau coupée de verjus ou de vinaigre plutôt que du vin, et assaisonner leurs aliments avec un fort vinaigre. Il fallait fuir les tas de crottes ou d’immondices, les latrines et tous les lieux putrides et puants de cette espèce, et il serait bon que chacun emporte partout avec lui des fleurs odorantes, pour s’en obstruer les narines.
« Quand la peste approche, même au cœur de l’été, le ciel s’assombrit en plein jour mais il n’y a d’abord point de pluie, rien que le tonnerre vers le sud. De nuit, des traits de foudre, ou des météores dans le ciel. Si un vent fort se lève du sud, où que vous soyez, trouvez refuge et assurez-vous de bien fermer huis et fenêtres côté sud. »
Si la pestilence venait à les prendre, a dit l’infirmier, ils ne sentiraient point l’air vicié et humide pénétrer dedans eux par leurs narines, leurs bouches et leurs trous à sueur. L’air morbide s’infiltrait par le sang jusqu’au cerveau, au cœur et au foie, chacun de ces organes se démenant alors pour chasser le mal. Ceux qui se trouvaient pris éprouvaient d’abord des frissons, une roideur et des picotements de sang, et leur tête était douloureuse. Il arrivait parfois qu’ils toussent et tombent de sommeil. Des bubons indurés d’une grosseur allant du pois à l’œuf s’éveillaient sous la peau, dans l’entrecuisse si la souillure s’amoncelait dans le foie, sous les aisselles si c’était dans le cœur, et dans le cou ou sous la langue si le cerveau était frappé. Chez certains, des marques ou des points noirs apparaissaient sur la peau. Dans tous ces cas, la mort advenait sous trois jours.
Chez d’autres, le mal empruntait un plus court chemin. Il s’attachait aux poumons, qui n’étaient plus capables, alors, de refroidir le cœur, et pour préserver celui-ci, le cerveau aspirait en lui la souillure, mais le cerveau n’était pas de taille à lutter, et le mal s’épandait brusquement dehors par les oreilles, dans un rugissement qui vous assourdissait, ou, ce qui était pire, par les yeux. Car alors, le malheureux pécheur périssait le jour même ; mais le temps qu’il vivait encore, il lui suffisait de mirer un homme et la pestilence transitait de ses yeux aux yeux de qui le voyait, et de là dans son cœur, son cerveau ou son foie.
« Par conséquent, a dit l’infirmier, la première chose absolument requise quand la peste prend quelqu’un, c’est de lui nouer un linge autour des yeux, afin que le mal ne puisse sortir et contagionner ceux qui l’assistent, ou le prêtre chargé de purifier son âme avant qu’elle se libère. Des questions ? »
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Certaines gens parvenaient pourtant à diriger leurs rêves comme berger son troupeau, à les garder le jour aussi aisément que la nuit et à en tirer des richesses, comme un berger la laine de ses moutons. Ces gens-là, a dit le prêtre, on les nommait des écrivains. Ils étaient proches du Malin.
P 60
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Tous appréciaient Will, mais on était contents de le voir rabaissé. Nous ne voulions point qu'il ait son acte. La plupart d'entre nous qui étions libres n'avaient nul acte pour le dire : s'il acquérait le sien, cela nous rendrait-il moins libres que lui ? Et les serfs, qu'en serait-il ? Si Will gagnait son acte, n'estimerait-il pas tous les vilains comme des gueux sans valeur, par faute d'oser en demander un pour eux-mêmes ?
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« Bien que la meilleure arme contre la peste consiste en une vie vertueuse, je puis aussi, avec la bénédiction du Seigneur, aider tout homme qui a la volonté de s’aider lui-même. Ayant examiné en profondeur la santé de chacun de vous, et sachant quand et où vous êtes venus au monde, je suis en mesure de vous offrir ce qu’à Paris on nomme un colloque complet de traitement médical et personnel, c’est-à-dire, dans votre anglais, une leçon sur l’art des sangsues qui convient à chacun, fondé sur la connaissance de la disposition des planètes et des luminaires à l’heure de sa naissance, de la nature de ses humeurs, de la teinte et de l’humidité de sa langue et la clarté de sa pisse. Le colloque est agrémenté d’un sachet de simples séchées, savamment amalgamées afin de repousser la peste moyennant une cuillère chaque jour ; un pot de plâtres d’Emmanuel afin d’atténuer l’enflure ; et un pot de Bethzaer. Et ce n’est d’ailleurs pas tout : le colloque s’accompagne en outre d’une lame d’acier, tout spécialement conçue pour épancher le sang pestilentiel. Et si le mal devait être si puissant que ni les herbes, ni les saignées, ni le Bethzaer ne puissent vous guérir, j’ajoute une bouchée d’une mélasse destinée aux seuls rois et aux cardinaux, qui contient des violettes, des roses, du bois de santal, des perles, des oranges, des feuilles d’or, de la poudre d’argent, d’émeraude et d’os extrait du cœur d’un cerf. Toutes ces choses réunies, à Londres ou Paris, ne pourraient s’obtenir pour moins de vingt livres ; mais je suis prêt à offrir le colloque intégral à chacun de vos archers, adapté à ses besoins propres, les simples, les plâtres, le Bethzaer, la lancette à saigner, la mélasse des rois et tout le reste pour deux vingtaines de pennys d’argent. »
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Vidéo de James Meek
À l'occasion du Festival Étonnants Voyageurs à Saint Malo, James Meek vous présente son ouvrage "Vers Calais, en temps ordinaire" aux éditions Métailié.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2596896/james-meek-vers-calais-en-temps-ordinaire
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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