L'autisme est un sujet qui m'a toujours intéressée. J'ai moi-même une soeur souffrant d'un handicap et certains ont souvent cru qu'elle était autiste sans que ce soit le cas, alors je me suis intéressée au sujet. Malheureusement, j'ai rarement trouvé mon compte dans la fiction. Mais ici,
Elle McNicoll, autrice neurodivergente elle aussi, nous offre une histoire avec une héroïne autiste légère dont le réalisme m'a frappée.
Autrice écossaise, elle place naturellement son récit dans une petite ville de la banlieue lointaine d'Edimbourg, mais celle-ci pourrait tout aussi bien se dérouler chez nous. Nous y suivons Adeline, Addie, qui a était diagnostiquée autiste légère, tout comme sa soeur aînée Keddie, contrairement à la jumelle de celle-ci Nina. C'est donc une famille un peu atypique que nous suivons, du moins pour les gens normaux comme nous (=neurotypiques) et c'est justement ce que j'ai aimé.
L'autrice nous offre de plonger dans la tête d'Addie et de voir le monde à travers ses yeux, un monde absolument pas conçu pour les gens qui sont différents et qui au contraire les rejette et les maltraite. C'est très puissant et profondément dérangeant. Même sans être autiste, je pense qu'on est nombreux à avoir souffert d'une société, en fait plutôt d'un ensemble d'individus se faisant appeler société, qui étaient intolérants et ne faisaient rien pour s'adapter aux gens différents préférant rejeter et martyriser les plus fragiles plutôt que d'essayer de les comprendre et c'est révoltant.
Nous suivons Addie au collège où ça se passe mal à cause d'une professeur horrible avec elle, qui entraîne ainsi des élèves tout aussi méchants à être horribles avec elle, car se croyant tout permis avec la caution sous-entendue de leur prof. C'est ignoble mais j'ai trouvé juste et nécessaire que l'autrice ose le décrire et le dénoncer sans faillir, ni tomber dans la facilité du pardon. Non, elle accuse et condamne, ce que j'approuve totalement !
Nous suivons également Addie dans la quête qu'elle s'est mise en tête de mener : faire reconnaitre à sa ville les atrocités qu'ils ont commises envers des femmes différentes qu'ils ont accusé d'être des sorcières autrefois. Addie se reconnait en elles, comprend bien qu'elle aurait été jugée comme elles autrefois, et ne veut plus que ça se reproduise. Son combat est donc très beau et parfaitement légitime. Il la conduit en plus à faire la rencontre de gens sur qui elle peut vraiment compter comme sa nouvelle amie, qui elle cherche à la comprendre. C'est beau.
Enfin, nous suivons le quotidien "normal" d'Addie et nous découvrons à ses côtés et aux côtés de sa soeur aînée, ce que ça signifie d'être autiste, tout percevoir différemment, avoir des crises, essayer de se contrôler, porter un masque de normalité mais à quel prix, etc. C'est bouleversant. Nous voyons en plus cela à la fois à travers le regard d'une enfant à l'entrée de l'adolescence, mais aussi d'une jeune adulte qui a été la première à passer par là en quelques sortes dans sa famille, et aussi un petit peu à travers de la soeur neurotypique qui se sent mise à l'écart. Il m'a juste manqué le point de vue des parents, qui aurait été éclairant, je pense.
A travers tous ces aspects, j'ai vraiment trouvé le roman à la fois éclairant et bouleversant, honnête et réaliste, et c'est ce qui m'a le plus touchée. le parallèle entre les "sorcières" d'autrefois et les autistes et autres handicapés d'aujourd'hui est tout à fait valable malheureusement, notre société n'est pas plus tolérante aujourd'hui qu'elle ne l'était autrefois et il y a encore beaucoup de travail à faire. On a donc besoin de textes comme celui-ci pour sensibiliser le plus de gens possible.
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