AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791097210069
148 pages
Héliotropismes (04/06/2021)
4.04/5   35 notes
Résumé :
Romance in Marseille a patienté près de 90 ans avant de trouver un éditeur. Écrit en 1932 à Tanger, le roman nous plonge, trois ans après la publication de Banjo, dans l’univers foisonnant de la « Fosse », le Quartier réservé de Marseille. Le lecteur suit les mésaventures de Lafala, un docker ouest-africain, qui revient à Marseille après avoir été dépouillé de tout son argent par la belle Aslima. Embarqué clandestinement sur un paquebot et enfermé dans des latrines ... >Voir plus
Que lire après Romance in MarseilleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Quel étonnant roman ! Ecrit au début des années 1930 par un éminent représentant du mouvement Renaissance de Harlem mais non publié car jugé trop radical ... pour ressusciter en 2020 avec une première publication chez le géant de l'édition américaine, Penguin. Evidemment, quatre-vingt dix ans après, les critères de radicalité ont bougé, mais ce qui frappe à la lecture de ce Romance in Marseille, c'est surtout sa troublante modernité, comme si le roman avait été écrit aujourd'hui, sur des thématiques très actuelles ( handicap, homosexualité, sexualité libre, identité raciale ) traité sans moralisme.

La première phrase surprend : « Dans le service principal du grand hôpital, Lafala était allongé comme un tronc d'arbre abattu, et songeait à la perte de ses jambes. » En effet, ce docker ouest-africain vient d'être amputé après un drame lors d'un passage clandestin à bord d'un paquebot transatlantique … une fois repéré par l'équipage, il a été enfermé dans la soute et ses pieds ont gelé. Un avocat lui propose de poursuivre la compagnie maritime et lui obtient une petite fortune en plus de prothèses dernier cri. Il retourne à Marseille.

Le coeur du roman est sa liaison tumultueuse avec la prostituée Aslima, compliquée par le triangle amoureux formé avec le proxénète corse de la jeune femme qui mène une machination pour s'emparer de l'argent de Lafala. On est très très loin de la «romance » promise dans le titre.

En fait, le roman est difficile à catégoriser tant il comporte de couches d'ironie type satire, notamment sur la question raciale. Comme une blague tragique de présenter un noir dont l'amputation est à la fois une métaphore de la violence perpétré sur les corps noirs, tout en étant une aubaine financière permettant sa mobilité sociale. Mais en même temps, l'auteur rejette toute sentimentalité et refuse de décorer sa fiction pour peindre un portrait flatteur des Afro-américains.

Pas de vernis pour enjoliver, ni de papier de verre pour poncer les aspérités. Au contraire, Claude Mckay parle de l'altérité et du cosmopolitisme avec une surprenante franchise pour l'époque. Aucun euphémisme ou insinuation, il parle cash et célèbre les parias, barflies, voyous, prostituées en un éventail élargi de l'exclusion sociale. Tous évoluent dans le quartier du Quai, en fait le quartier de la Fosse ( dans le Vieux Port, aujourd'hui disparu après un nettoyage en règle sous Pétain ), multiracial, bouillonnant, interlope, à la sexualité tellement libre qu'être queer, gay ou lesbien ne soulèvent aucune question.

Le lecteur baigne dans un flot de personnages hauts en couleurs, aux dialogues truculents, dans un tourbillon d'anecdotes qui gravitent autour de l'intrigue principale. Malgré quelques trous et discontinuités liés au caractère inachevé, la tension monte progressivement, jusqu'à un funeste dénouement, audacieuse conclusion qui fait abandonner aux personnages ce qui semblait être la seule voie praticable pour vivre, l'amour et la solidarité.
Commenter  J’apprécie          936
On retrouve dans ce roman l'esprit du roman Banjo (https://www.babelio.com/livres/McKay-Banjo/759404), du même auteur Claude McKay.
Un passager clandestin, émigré d'Afrique, marin et docker un peu vagabond, parti de Marseille, est blessé pendant son voyage vers les Etats-Unis. Les circonstances font qu'il va bénéficier d'une indemnité financière, s'il arrive à la toucher malgré les obstacles qui vont s'accumuler.
De retour à Marseille (les clandestins sont renvoyés d'où ils viennent), il retrouve son groupe de compagnons, les femmes de son coeur, avec à la fois son handicap nouveau (il est cul-de-jatte équipé de prothèses aux pieds) et sa fortune (relative et supposée).
Le roman est plus dense et "direct" dans l'action que Banjo, qui digressait et nous promenait plus longuement dans la ville et dans la vie des personnages. On retrouve certains "visages connus", même s'ils ont changé de nom, l'intellectuel avatar de l'auteur, l'américain, l'antillais, l'africain, les politisés et les rêveurs, les prostituées et les souteneurs, qui bénéficient d'une image moins bienveillante et poétique que dans Banjo.
Les deux romans se font vraiment écho, mais je pense que l'on peut les lire indépendemment.
Il est impressionnant de réaliser que ce roman a été écrit en 1933, puis perdu (et retrouvé). Sa voix et les sujets abordés sont contemporains et traités d'une façon très efficace qui n'a pas pris une ride, à mon sens !
Commenter  J’apprécie          00
Je n'ai vraiment pas aimé ni accroché ce livre.
Donc cet avis ne sera sûrement pas objectif :)

J'ai trouvé que l'histoire manquait de saveur, je me suis ennuyé en le lisant. Pour vous dire, je l'ai lu dans le train en 4h, je n'ai pas arrêté de bailler.

Oui bon.. l'avis n'est pas subjectif :)

Non mais sérieusement, j'ai trouvé que l'histoire de l'auteur, les péripétie qu'a connu ce livre pour n'être publié que 80/90 ans après son écriture, est plus intéressant que le livre en lui même.
L'histoire derrière le livre est vraiment intéressante, la vie de Claude McKay est originale, et pleine de rebondissements

En bref... Je n'ai pas aimé et même pour vous dire, ma grand-mère qui est marseillaise, n'a pas aimé !
Commenter  J’apprécie          30
Lafala, après une traversée clandestine entre Marseille et New York, se réveille amputé des deux jambes. Il revient à Marseille dans le quartier du port et de la fosse après avoir gagné son contentieux contre la compagnie maritime. Riche de son dédommagement et pourvu de magnifiques prothèses, Lafala reconquiert aisément Aslima, la prostituée qui l'avait trahi avant son départ en Amérique.
Écrit en 1934 et publié en 2020, ce roman étonnamment moderne pour l'époque, aborde les thèmes variés de la condition des noirs en Europe, les sexualités diverses sans tabou, le choc des cultures dans un bouillonnant Marseille qui sera en partie détruit par les nazis.
On ne s'ennuie pas une minute dans cette romance qui est bien plus un roman picaresque et satirique ! Je me suis régalée et j'ai beaucoup appris sur Marseille et sa communauté noire d'avant guerre.
Commenter  J’apprécie          00
C'est le « brusque dégoût de lui-même » qui pousse Lafala, un docker ouest-africain, à abandonner Marseille après avoir été dépouillé de tout son argent et de ses illusions par la belle Aslima. Embarqué clandestinement sur un paquebot et enfermé dans des latrines pendant la traversée de l'Atlantique, il est amputé de ses deux jambes à son arrivée aux États-Unis. Remettant son sort entre les mains d'un avocat douteux, Lafala empoche une grosse somme d'argent et retourne dans le « port des rêves », espace frontière entre la terre et la mer, où il retrouve l'ambiance bouillonnante de la Fosse, les déracinés de la Jetée et ses illusions perdues.
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (1)
LeMonde
25 mai 2021
Achevée en 1933, l’autre œuvre marseillaise de l’auteur afro-américain a refait surface au terme d’une quête de dix ans menée par un admirateur obstiné.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La nuit tomba rapidement, recouvrant la ville et la mer d’un voile épais. Et Aslima s’y perdit. Des lumières scintillaient le long du Quai, en rangées ou en grappes à l’intérieur de la ville, mais les bords de la rade demeuraient dans l’obscurité la plus totale.
L’obscurité se fit plus épaisse encore, se chargeant d’humidité, et Aslima y demeura seule, inerte, comme si son esprit avait quitté son corps. Puis, au terme d’un étrange et long intervalle, une lumière rouge apparut à l’horizon et lui révéla une scène différente. Elle se trouvait au coeur d’une ville antique aux murs blanchis à la chaux. Un chant retentissant s’en élevait, comme si un millier de muezzins lançaient leur appel d’une seule voix, limpide et puissante.
Il y eut alors un bruit de pas précipités, on aurait dit que toutes les maisons avaient brusquement déversé leurs habitants dans la rue. Puis commença une longue procession d’hommes, de femmes et d’enfants aux amples robes s’avançant comme pour un rituel de minuit, en tapant des talons et en dansant au son d’une musique barbare, les hommes brandissant des épées, les femmes chantant et gémissant, les enfants faisant des cabrioles, et Aslima se trouvait parmi les femmes en transe.
Commenter  J’apprécie          20

Video de Claude McKay (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claude McKay
Avec Alfred, Mathilde Domecq, Richard Guérineau, Benoit Guillaume, Laureline Mattiussi, Rémi Foucard (claviers, chant), Jérôme Sedrati (batterie, chant) et Yan Wagner (chant, claviers). ? Friche la Belle de Mai (Marseille) le 23 mai 2018 ? L?an dernier, Alfred et ses complices de la BD, accompagnés par le saxophoniste Raphaël Imbert, avaient enflammé La Criée en revisitant le Banjo de Claude McKay. Cette année, c?est au tour d?un autre roman culte, 1984, de servir de trame à la création d?un nouveau « concert dessiné », cette performance collective qu?Alfred pratique en maître : sur scène, cinq dessinateurs mêlent leurs univers et leurs crayons pour faire vivre en images le roman de George Orwell. Afin d?en souligner la dramaturgie futuriste, le musicien-compositeur Yan Wagner ? connu pour ses albums d?électro-pop et son duo avec Étienne Daho ? déploie sa palette de sons hypnotiques et interprète en direct avec ses musiciens la bande son de la soirée. Une autre manière, inventive et décalée, de (re)découvrir le chef d??uvre d?Orwell !
+ Lire la suite
autres livres classés : marseilleVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (98) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3226 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}