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sur 303 notes
et c'est anéantie par les images de cette lecture que je commence ma critique, que dis-je, c'est dans l'affliction et l'effroi le plus total, surtout quand on sait que Laurent Mauvignier romance un fait réel - réel, mon dieu ! - un « fait divers » survenu à Lyon en 2009, mais parler de « fait divers » pour parler de la mort, de la mort d'un être humain c'est indigne, ça ne reflète pas l'horreur de ce que la victime a subi, ni le vide qu'elle laisse dans le coeur de ses proches, même si la vie les avait éloignés, même si la misère a pu peut-être creuser l'écart mais ça, ça ne compte plus face à la mort, et surtout pas lorsqu'un homme meurt « pour ça », pour avoir bu une cannette de bière dans un supermarché sans avoir de quoi la payer et se fait tabasser par des vigiles tout-puissants mais, finalement, si l'on ne peut pas mourir « pour ça » comme l'a laissé échappé le procureur, pensant ainsi condamner les coupables, si l'on ne peut pas mourir pour avoir, en quelque sorte, volé une cannette de bière, est-ce à dire qu'il serait plus justifié de mourir pour en avoir volé deux, ou six, ou douze ? que s'il avait été tabassé à mort pour deux pack de bière, cela n'aurait été que justice, que ces vigiles au courage exemplaire, car ils étaient 4 pour faire crever un homme qui ne s'est pas même défendu, pas même avec ses mots, que ces types, donc, s'en seraient sortis indemnes ? « le vrai scandale ce n'est pas la mort, c'est qu'il n'aurait pas fallu mourir « pour ça », une cannette, pour rien, comme si on pouvait accepter qu'ils tuent, les vigiles, si c'est utile, s'ils n'ont pas le choix, on doit pouvoir se résigner à admettre, on peut comprendre et tolérer même si ça nous choque et nous déplaît mais là, impossible, quelque chose se dresse devant nous qu'on ne peut pas supporter, ce meurtre, un meurtre, ils se sont fait plaisir, voilà, le fond de l'affaire c'est que c'était de leur jouissance à eux qu'ils étaient coupables et pas de l'injustice de sa mort, ça, ni le procureur ni les journalistes ni la police n'admettra jamais, que ces types-là se soient payés sur sa tête, et ils ont tout fait pour essayer de la comprendre, cette mort, tout fait pour lui donner un sens et la trouver un peu normale, ils ont écrit des papiers », mais personne n'était là pour lui lorsqu'il était encore en vie, personne ne l'entendait penser lorsqu'il mourait, quand sa propre vie l'abandonnait, tandis qu'il se faisait tabasser « pour ça », pour rien, alors heureusement qu'il y a Laurent Mauvignier, le seul à pouvoir faire parler les morts en une phrase de 60 pages, une seule phrase comme une seule vie par personne mais dans laquelle les voix et les actes de chacun s'intriquent, ont des répercutions dans la vie de tous, c'est ça qu'il fait Mauvignier, écouter les pensées discourir sans discontinuer, nous les restituer sans les censurer, les édulcorer, les arranger, parce que même si je ne suis plus très objective quand il s'agit de cet auteur, cette forme a du sens, une seule phrase comme un seul regard qui englobe tout, un seul tout formé de multiples actes dont les causes de certains trouvent leurs origines bien avant les faits et d'autres en seront les conséquences bien après, sans qu'il n'y ait de début ni de fin, juste la vie qui coule, qui s'écoule de l'un et se poursuit ailleurs, une seule pensée sans début ni fin, sans majuscule ni point, un hommage à la victime et à sa famille, car cette histoire est un tout, un amas inextricable d'actions, une suite de moments qui ont amené à cette situation dans une communauté où l'on peut mourir « pour ça », pour rien, une seule phrase qu'une fois lancée on ne peut plus arrêter, exactement comme le déroulement insensé de cette tragédie à l'issue inéluctable, que personne n'est venu interrompre avant la fin, mais la fin pour qui ? cette seule phrase comme une trainée de poudre, seul souvenir d'une mort qui déjà s'évapore comme toutes celles qui, chaque jour, traversent le temps mais jamais ne le marquent, alors pour ne pas que cette tragédie tombe dans « ce que j'appelle l'oubli », Mauvignier est peut-être le seul à pouvoir nous faire ressentir, pêle-mêle, autant de sensations et pensées, nous faire souffrir avec la victime mourant en silence de cette injustice criante, entrer dans sa tête « quand il y avait cette voix qui continuait et répétait, pas maintenant, pas comme ça, jusqu'à ce qu'elle se taise elle aussi et s'efface dans un chuchotement, trois fois rien, un sifflement, sa voix à lui qui continuera dans sa tête à murmurer, à répéter toujours pas maintenant, pas maintenant, pas comme ça, pas maintenant » -
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Librement inspiré d'un fait divers survenu à Lyon en 2009, le récit de Laurent Mauvignier évoque la mort violente d'un jeune homme dans l'arrière-boutique d'un supermarché, battu à mort par quatre vigiles pour une simple canette de bière volée.

« et ce que le procureur a dit, c'est qu'un homme ne doit pas mourir pour si peu… » le récit commence sans majuscule par la conjonction « et », et se poursuit tout au long de soixante pages en une seule phrase qui se déploie, pleine de rythmes et de cassures. Une seule phrase qui coule sans début ni fin, comme la vie même qui continue malgré les violences et les morts.

Mauvignier extrait son personnage de l'oubli et de l'indifférence quotidienne en lui donnant une voix dont celui-ci a toujours été privé jusqu'ici. Il y a eu la folie, la gratuité du geste barbare des quatre vigiles, pourtant le récit fictif que dresse Laurent Mauvignier s'éloigne volontairement de la réalité factuelle. Ce n'est plus le jeune réellement frappé à mort en 2009 mais un jeune homme qui aurait pu être lui et qui devient le centre du récit, le narrateur s'adressant au frère de cette victime emblématique d'une incroyable bêtise et d'une effroyable violence. Tout est pourtant affreusement banal, les personnages sont des plus ordinaires, rien ne pouvait laisser présager cette incroyable violence. C'est certainement ce qui est le plus inquiétant : chaque élément de ce fait divers est neutre, le type qui boit la canette, les vigiles qui l'arrêtent… rien ne prédispose au meurtre, et pourtant…
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Soixante pages, une phrase. Une seule phrase semblable à une déferlante écumante qui submerge sans qu'on l'ait vu venir et nous éjecte sur une grève désolée, haletants, essoufflés, interdits également.
On s'attend à poser son regard sur une chaussure dépareillée qui rappellerait toutes ces existences plus transparentes qu'un banc de méduses.

Lyon, décembre 2009: quatre vigiles tuent Michaël Blaise, 25 ans, martiniquais, sous l'oeil d'une caméra de surveillance qui enregistre tout. Michaël avait pris une canette de bière dans un rayon et l'avait bue.
Un homme ne doit pas mourir pour si peu a dit le procureur. Un homme est pourtant mort pour si peu et Laurent Mauvignier commet un petit grand livre pour que le fait divers s'inscrive dans L Histoire.

Mauvignier prête sa plume ou plutôt offre une voix à un quelqu'un.Qui? Cela n'a guère d'importance. L'écriture, hagarde et rageuse et assourdie entrechoque les mots, oscille entre le je et le il. Il espère, il panique, ça disgresse. le récit donne de la chair à l'entrefilet du journal, réincarne la victime anonyme. Celle-ci s'épaissit, force les yeux, enfonce l'indifférence.
L'important est que le silence devienne paroles entendues.

D'accord, la chronique d'un meurtre ordinaire, ce n'est pas gai. J'aurais pu choisir un autre livre pour mon premier billet de l'an nouveau. Mais L'écriture est remarquable. La compassion n'est pas mélodramatique. L'engagement et la révolte participent de la vie.

L'écrivain s'engage, le lecteur résiste en se souvenant.
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Un texte inspiré d'un fait divers : un homme est mort sous les coups de quatre vigiles pour avoir bu une bière dans un rayon d'un magasin.

Il faut prendre correctement sa respiration avant de commencer la lecture pour ne pas manquer d'air. Ce récit n'a pas de point, juste des virgules et des points d'interrogation pour freiner l'histoire de temps en temps.

Beaucoup d'interrogations dans ce texte rageur, connaître les raisons du soutien des femmes des vigiles, appréhender le ressenti des enfants face à ces pères de famille assassins, les états d'âme du frère de la victime qui a un bon travail en France et ne sait pas si son patron le laissera s'absenter pour les obsèques, prévenir les parents sans qu'ils apprennent le côté miséreux de leur fils, la violence de sa mort.

Boire une bière sans la payer et mourir.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Ce texte est constitué d'une seule phrase, mais quelle phrase !
Elle court de la page 7 à la page 62... Proust peut aller se rhabiller...

L'auteur s'est librement inspiré d'un fait divers atroce qui eut lieu à Lyon en 2009 : un homme entre dans un supermarché, se dirige vers les boissons, prend une canette de bière et commence à boire.
Très banal, me direz-vous.
Mais ce qui l'est moins, c'est que l'homme en est mort.
Oui, mort.
Mort pour avoir bu une canette de bière dans un supermarché !

Dans un texte littéralement à couper le souffle, Laurent Mauvignier nous plonge dans l'horreur la plus aigüe, dans la barbarie la plus inhumaine.
Ils s'y sont mis à quatre.
Quatre vigiles qui ne se sont pas contentés d'arrêter l'homme (jamais nommé) comme leur fonction l'aurait voulu, mais se sont acharnés sur lui, et l'ont battu à mort.

C'est en apnée qu'on lit ce livre, cette phrase terrible, puissante, qui nous emporte dans ce que l'Homme peut avoir de pire, dans une spirale de violence inouïe.
" et ce que le procureur a dit, c'est qu'un homme ne doit pas mourir pour si peu,..."
Non, un homme ne doit pas mourir pour si peu !

Une unique phrase, étourdissante, pleine de force et qui résonne comme un long cri d'indignation et de révolte.
Un concentré d'inhumanité, d'humanité et de littérature en une seule phrase.
Une lecture bouleversante.
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La découverte, il y a quelque temps, d'Yves Ravey, et la lecture d'une dizaine de ses courts romans au style si particulier, m'avait en partie réconcilié avec Les Editions de Minuit.
La découverte dans une boite à livres de quartier de " Ce que j'appelle l'oubli " m'offre une bonne occasion de confirmer ce retour en grâce d'une maison d'édition très peu présente dans ma bibliothèque. Hop ! Adopté !
Malheur ! Soixante deux pages, une seule et unique phrase, un fait divers sordide... Tout ce que je fuis ; le livre étant pour moi un vecteur de culture et/ou d'évasion, dans un monde, une époque qui me désolent.
Page 28, c'en est trop...
Abandon !
Une expérience que je vais mettre un certain temps à digérer.
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Laurent Mauvignier ne nous laisse pas le temps de nous préparer. Il nous pousse directement dans l'insensé, dans l'indicible et pourtant quels mots! Quelle claque! Il nous place d'emblée dans le drame, trop tard pour reculer,c'est déjà fait, puisque nous commençons la lecture par une phrase dont le début nous manque Cette phrase ne nous laisse pas de répit puisqu'elle nous tient jusqu'à la fin, jusqu'au point final, le seul. Chronique d'une mort annoncée, pour rien "quelle honte de mourir pour si peu". On pourrait dire que cet homme est mort sous la violence des coups de vigiles parce qu'il buvait une canette dans le magasin, ou parce qu'il avait un sweat-shirt jaune,ou une sale tête . On pourrait aussi dire qu'il est mort parce que la violence une fois enclenchée était jouissive pour les vigiles. On pourrait tout aussi bien dire qu' il est mort pour rien...
Le narrateur s'adresse au frère de cet homme. Veut-il le consoler? Lui donner une raison de vivre pour poursuivre la vie qui a été volée à son grand frère ?
A partir d'un fait divers réellement survenu à Lyon en 2009, L.Mauvugnier réussit l'exploit incroyable de dénoncer la plus brutale et la plus gratuite des violences par un texte très proche de la poésie. Un petit chef d'oeuvre en une seule phrase,un seul souffle qui s'éteint à la soixantième page...
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Un fait divers sordide qui eu lieu en 2009 dans la réserve d un centre commercial lyonnais. Quatre vigiles ont tabassé à mort un jeune homme de vingt- cinq ans parce qu il avait bu une bière dans les allées du supermarché sans passer par la caisse.
Cet homme comprend très vite qu il va passer un sale moment lorsque les vigiles l emmènent loin des yeux et des oreilles de tous témoins.
Nez cassé, foie éclaté, poumons perforés, l'homme est mort étouffé, écrasé par le poids, l'indifférentes et le mépris de quatre agents de sécurité. Battu à mort pour une canette, des hommes ont tué leur frère.
Une porte, une séparation de caoutchouc opaque, un tapis de canette de bière.Un jeune homme face à nous, nous interpelle et nous raconte les dernières heures d un condamné à mort.
"la vie va tenir, encore, ils vont cesser parce qu'ils vont comprendre que ma vie est trop petite dans mon corps et qu'elle s'amenuise trop maintenant pour durer plus qu'une bulle de savon qui monte et éclate, oui, jusqu'au bout l'espoir lui aura fait mal, jusqu'au dernier moment, la réception, et jusqu'au dernier moment il ne peut pas croire qu'il va laisser sans lui les gens qu'il aime, il y en a quelques-uns à qui il a tenu si fort, comme toi"

Un texte puissant, d'après un texte de Laurent Mauvignier qui livre un monologue puissant écrit d'une seule phrase00

Les mots, comme un staccato Un texte dense comme en apnée. de littérature comme un uppercut à l'estomac,

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mise en apnée obligatoire ! ! ! !
Ce livre ne comporte qu'une seule phrase.
Heureusement il est court (62 pages) et le format est petit.
C'est inspiré d'un fait divers qui a eu lieu en 2009.
Dans un super marché, un SDF prend et boit une canette de bière. Quatre vigiles l'embarquent et le tabassent jusqu'à ce que mort s'en suive.
C'est poignant. le choix d'une phrase unique se prête au récit de cette abominable affaire qui s'est passée très très vite. Oui, tout va vite, très vite, trop vite.
C'est l'incompréhension totale, l'absurdité à son summum.
Par ce roman, en s'adressant à son frère, Laurent Mauvignier a redonné une dignité à la victime.
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Intrigué par cet ouvrage qui a été sélectionné pour obtenir le prix des "Lycéens et apprentis de la région PACA" 2013, je me suis laissée tenter en l'empruntant à la médiathèque de ma ville. Et très honnêtement, heureusement que je ne l'ai pas acheté car, contrairement, aux critiques élogieuses publiées sur Babelio, je n'ai pas du tout accroché.

Un livre très court, certes, une soixantaine de pages seulement, mais où ne figure qu'Une seule phrase. Il s'agit ici d'une 'histoire inspirée d'un fait divers survenu à Lyon en 2009 et narrant l'histoire d'un homme, miséreux probablement puisqu'il n'a pas un sou en poche qui se laisse tenter par une canette de bière dans un supermarché. Trop poussé par la soif, il la décapsule et la boit ouvertement, sans prendre la peine de se cacher ni de se soucier des caméras de surveillance. Il est bien évidemment repéré par les vigiles qui s'acharnent sur lui, sans que le lecteur sache trop pourquoi, et malheureusement pour eux, son coeur n'y résistera pas !
Cet ouvrage est en réalité une lettre ou un monologue (l'on ne sait pas trop) que le lecteur adresse au frère du défunt, alors que ces deux-là s'étaient plus ou moins perdus de vue, non pas réellement pour le réconforter mais pour l'amener sur des chemins de réflexion et d'innombrables questions, qui resteront sûrement sans réponses,que celui-ci pourrait se poser par la suite.

Un ouvrage vite lu, assez bien écrit je l'avoue mais qui ne m'a pas passionné comme il aurait peut-être dû le faire ! Ou alors serai-ce simplement que je n'y comprends rien à la vraie littérature. A vous de me le dire !
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