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EAN : 9782757827079
320 pages
Points (23/02/2012)
3.85/5   46 notes
Résumé :
C'est l'histoire de Thala, village kabyle, pendant la guerre avec d'un coté la présence de l'armée française, de l'autre un village avec des habitants engagés dans la vie dure des champs et qui peu à peu se trouvent entraînés dans la lutte pour la libération du pays.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"C'est l'histoire de Thala, petit village perché dans les montagnes, celui de Bachir Lazrak , médecin, qui a fait ses études à Paris, partagé entre son envie irrésistible de combattre avec ses frères Algériens et son éducation parisienne, il partira les aider......
Son frére , Belaïd professeur, renseigne les français ......
Le troisième frére, plus jeune, Ali, choisit la lutte et le maquis .
Il rêve d'admirer le drapeau vert , blanc et rouge flotter sur Alger .......
Ce roman historique, instructif et engagé , d'une intense richesse littéraire : la description poétique d'Alger au début de l'ouvrage le montre et bien d'autres images tout aussi ciselées telle une peinture colorée et nuancée .......Le côté documentaire, vivant, dur, réaliste, nous fait revivre au jour le jour la résistance des habitants de Thala ,dans la guerre de libération nationale dirigée par le FLN. La plupart , mobilisés , ont rallié le mouvement indépendantiste , mais les français ont décidé de rayer Thala de la carte ........
Nous découvrons nombre de situations et de destins personnels où la chaleur humaine, la rancoeur, l'amitié, la famille, le patriotisme , l'attachement à des valeurs fortes, la passivité, le courage ,la peur, la pleutrerie, le sens du devoir mais aussi : des moyens vils pour certains individus tel Tayeb, celui qui a vendu son âme au diable . Il assouvit son autorité sur le village de Thala .......

Idem pour Bélaid, qui renseigne les français mais n'hésite pas à informer l'autre côté .......
L'auteur , avec talent et maestria décrit le dur quotidien de ces personnes , qui , acculées et tourmentées, à l'époque, montreront dans l'épreuve douloureuse de la guerre leur lâcheté ou leur héroïsme , un vrai révélateur !
Chacun mettra sa nature à nu ,dans une situation cruelle et dramatique.Ils s'interrogeront,chercheront tout au fond d'eux- mêmes,une solution ...humiliés, blessés ou souffrants, piégés , déchirés...résistants ......
Un témoignage vivant , au foisonnement dramatique , sur la résistance révélatrice de ces anonymes !
Une belle oeuvre oú la réalité dépassait les phrases de loin,.......où les combattants , vivant dans la nuit et les bois avaient désappris la douceur,pour longtemps .......
Un ouvrage acheté grâce à un ami de Babelio qui se reconnaîtra.
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Excellent roman sur la guerre d'Algérie vue du côté algérien. le point de vue est souvent celui de Bachir, médecin qui rejoint le FLN. On suit la vie quotidienne des habitants de Tala, petit village de Kabylie, aux prises avec tout le cortège d'exactions de l'occupation par l'armée française. Quelques personnages sortent du rang, aussi bien du côté algérien que français. Tous les personnages sont bien décrits. Les justes comme les traitres. J'imagine que l'auteur s'est inspiré de faits réels. Après la lecture de ce livre, on a un autre regard sur la colonisation. Je lis en contre-point le livre de Mathieu Ricard, Alexandre Jollien et Christophe André sur la Sagesse. Ces deux livres montrent les deux extrêmes de l'Humain, capable du pire comme du meilleur. Comme le dit Etty Hillesum dans « Une vie bouleversée », concernant l'humanité, à propos de l'occupation nazie, on doit tout prendre. On ne peut laisser le mal et ne retenir que le bien. Si on prend, on prend tout. Je suis assez d'accord. Mais je ne suis pas sûr que la leçon soit bien apprise. D'abord se changer soi-même avant de vouloir changer le monde, disait Gandhi. A suivre...
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"L' Opium et le bâton" est un roman de Mouloud Mammeri.
Ce dernier est un des plus importants écrivains algériens ,
d' expression française . Il est aussi dramaturge ,linguiste et anthropologue . Ce livre, "L' Opium et le bâton" a été écrit en l' année 1965 presque trois années après l'indépendance de l' Algérie . Les événements rapportés dans le récit ont pour cadre un petit village en plein Kabylie , il s' agit de Thala . Un petit village niché au haut de la célèbre montagne du Djurdjura .
La majorité des habitants de ce village mobilisée par le FLN essaye malgré la disproportion des armes , la force des troupes coloniales , leur puissance de feu , leur logistique et les collaborateurs qui leur rapportent tous les faits et gestes des habitants . le combat se déroule à armes inégales mais les hommes ont résisté et quelle résistance de ces braves gens , hommes et femmes .Des gens et combattants fiers et dignes .
" Ce livre nous fait vivre la Guerre d' Algérie du côté FLN .
Jamais encore un vrai romancier ne nous avait montré la
vie quotidienne des Algériens emportés par la tourmente .
Le drame agit comme révélateur sur ces hommes et ces
femmes . Acculés dans leurs derniers retranchements , ils
perdent tous les masques dont la vie sociale nous affuble,
et dévoilent le fond de leur âme . La lâcheté et l'héroïsme
sont deux voies majeures sur lesquelles les unes et les autres sont poussées, mais ce ne sont pas les seules . Les
vices et les vertus , le jeu et l' amour, le rêve et la cupidité, la ruse et la sincérité sont portés à leur paroxysme par la
terrible épreuve ." ( 4e de couverture ) .
Un des très beau livre sur la résistance de ces Algériens
anonymes qu' on doit saluer, au passage . Un très bon et beau roman qui a été adapté au cinéma par le réalisateur,
Algérien , Ahmed Rachedi .
Beau film et beau roman .



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Sur les maisons baignées de mer et de soleil d'Alger, sur le village berbère et centenaire de Tala plane l'ombre de la guerre. Guerre d'indépendance ou troubles à l'ordre public : les mots se perdent pour décrire les opérations menées de nuit, les guet-apens, les séances de torture ou les camps de prisonnier. Deux mots viennent cependant à l'esprit pour décrire l'action de l'armée française sur le territoire algérien : l'opium et le bâton. L'opium, c'est l'illusion : celle de la normalité, celle de l'intégration au territoire national (« de Dunkerque à Tamanrasset » proclame la publicité), celle de l'égalité entre les citoyens, qu'ils parlent le français, l'arabe ou le berbère. le bâton sert quand l'opium ne suffit plus : il faut alors battre les récalcitrants, les faire avouer, menacer, châtier, appliquer la loi (« Dura lex sed lex » pense le capitaine Marcillac). C'est avec ces deux instruments qu'opère l'armée française en Algérie : la baignoire et la gégène d'un côté ; la construction d'écoles, de routes et d'hôpitaux de l'autre. Donnant d'une main, elle frappe de l'autre.

Dans cette guerre qui ne dit pas son nom, le roman porte la lumière sur trois frères : Bachir Lazrak, le médecin qui a fait ses études à Paris, est partagé entre son éducation parisienne, la peur de sortir du rang et l'envie folle de partager ce combat avec ses compatriotes algériens. Ali, le plus jeune, a déjà choisi : le maquis, le djebel, il y est en tant que combattant, meneur d'hommes qui veut voir flotter sur Alger le drapeau vert, blanc et rouge. Belaïd, l'aîné, renseigne les Français, ce qui lui garantit la tranquillité et la nourriture. Cela n'est pas un luxe pour lui : ruiné dans son pays, il a du partir travailler en France, à l'usine, pour nourrir femme et enfants. Mais écrasé par le travail, par ses responsabilités et bientôt rongé par l'alcool, il a laissé à leur sort ceux pour qui il avait quitté sa terre.

Les trois frères Lazrak symbolisent l'Algérie des années 1954-1962 : un pays divisé, tête de pont d'un monde qui se décolonise, et pourtant marqué par 130 ans de présence française. Entre les soldats français - dont ressortent les figures de Delécluze, Marcillac ou encore Chaudier - et les fellaghas algériens, il y a encore les civils, il y a encore les histoires personnelles que la guerre n'a pas mis entre parenthèses. le roman possède une grande force : celle de la clarté. Dans un micmac de situations personnelles où entrent en considération la famille, l'amitié, l'amour, le patriotisme, le devoir, la douleur, la langue de Mammeri permet une compréhension aisée de ces événements. Les phrases épousent chaque situation, les présentent sous un jour simple, ne se perdent pas en descriptions inutiles, acceptent l'action quand il y en a, acceptent la poésie quand il y en a (la description d'Alger, en ouverture du roman, par exemple). C'est un langage formidable que déploie Mouloud Mammeri : l'appétit du lecteur s'en trouve aiguisé par l'envie de connaître l'évolution des personnages - en ce sens, Mammeri sait jouer de la dramatique qui n'est jamais, pour autant, grossière ni plaintive: elle reste humble : ainsi la scène finale) - et son intelligence s'en trouve flattée puisque, soudainement, des événements d'une complexité extrême se laissent appréhender sans difficulté aucune.

Si L'opium et le bâton est évidemment un livre engagé en faveur de l'indépendance algérienne, il est cependant loin d'être manichéen. Évidemment, l'historien pointilleux regrettera que le FLN ne soit montré que sous un jour plutôt favorable (bien que, dans la bouche des militaires français, on condamne ces guet-apens qu'on associe à la lâcheté) et que la torture ne soit l'oeuvre que d'un camp. Il faudrait toutefois préciser que, si on a fait usage de la torture dans les deux camps, les proportions dans lesquelles ces traitements ont été infligés ne sont pas les mêmes entre l'armée française et le FLN.

Toutefois, l'intelligence du roman se situe au-delà. Car la guerre qui se joue en Algérie n'est pas celle de deux camps strictement défini par leurs caractéristiques géographiques, sinon ethniques. En d'autres termes, ce ne sont pas les Français contre les Algériens. Quid de Claude, jeune Française qui entretient une relation avec Bachir dont elle connaît les engagements indépendantistes ? Quid de Tayeb, cet « idiot du village » qui trouve dans la présence de l'armée française un moyen d'asseoir son autorité sur le village de Tala et, partant, de se venger ? Quid de Belaïd qui, certes, renseigne les Français, mais divulgue cependant certaines informations aux fellaghas ? Comment doit-on considérer Ramdane dont les paroles portent les combats que sa santé ne lui permet pas ? Autant de personnages, autant de destins mus par leurs ambitions propres, par leurs histoires propres.

Oeuvre d'une grande richesse tant littéraire que documentaire (historique, ethnographique), L'opium et le bâton de Mouloud Mammeri est un roman sur la guerre vue par un poète. Peut-être regrettera-t-on simplement que, d'un événement aussi fondateur que dramatique pour l'histoire de la France et de l'Algérie, Mammeri n'en ait pas tiré un roman plus foisonnant.
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Dans ce troisième volet Mammeri aborde nettement l'action des fellaghas d'un point de vu algérien
Les personnages de la famille du village de Tala
Ali, le cadet le moins cultivé a choisi le maquis un choix volontaire c'est le nationaliste farouche et le guerrier basique
Belaïd, le traîte qui a vécu a Paris choisi le coté puissant les français mais n'hésite pas à renseigner le maquis à ses heures un non choix par couardise, ivrognerie et désespoir
Bachir, le médecin d' éducation française, ne voit dans cette guerre que des inconvénients mais est entraîné malgré lui à prendre le maquis un non choix ou un choix par défaut
L'aspect purement régional c'est à dire kabyle et berbère est mis en sourdine par Mammeri pour pour ne parler que du peuple algérien et stigmatise la guerre colonialisme : une guerre entre deux peuples et non plus une guerre «civile» intérieure. On passe du régionalisme kabyle à un nationalisme algérien et on change de dimension car le conflit déborde du cadre de l'Algérie avec des bases arrières de fellaghas au Maroc
Mammeri en outre analyse le changement de nature de cette guerre . de la guerre de terrain avec de gros moyens notamment aériens et bombardement au napalm les français passent à une guerre de renseignement urbaine avec pour corollaire l'utilisation de la corruption insidieuse d'autochtones avec son lot de délations de traîte et de rafles, torture et traque de maquisards et en appuis sur la population qui traite des affaires. Ces trois façons d'appréhender la guerre se heurterons à un échec et développeront un nationalisme exacerbé parmi l'ensemble de la population
Un passage assez surréaliste que je n'ai pas vraiment compris et qui selon moi n'apporte rien ni au récit ni au personnage ni au sens de la narration Une convalescence du médecin Bachir au Maroc s'assimile presque à des vacances et flirt avec une jeune femme un peu évanescente et aux moeurs assez peu conformes à la tradition musulmane et inattendus dans ce récit.
Un livre tout à la gloire des algériens et surtout des résistants kabyles, les petites gens de la campagne pauvre qui souffrent et qui sont pris entre le marteau et l'enclume mais qui résistent malgré tout.
Mammeri fait preuve d'un lyrisme qui s'accentue pendant toute la narration. D'une narration portant sur quelques héros qui combattent héroïquement ou résistent avec opiniâtreté pour les femmes il ouvre une perspective sur toute la population avec en apothéose une manifestation qui fait un peu penser, comme elle est racontée, à « La Liberté guidant le peuple » d'Eugène Delacroix
Mammeri fait donc un éloge de la lutte armée des algériens , de tout un peuple en gommant, petite concession, la particularité régionaliste kabyle. Un livre nettement partisan et élogieux du comportement algérien
Très intéressant.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
"Vue de haut , la beauté d'Alger paraît fragile et contradictoire..
En face, le mur de la mer tout de suite dressé contre l'horizon...
A droite et à gauche, les collines des hauts de la ville poussent leurs pentes raides jusqu'au ras de l'eau ..
Dans l'entre- deux , Alger écrase dès le quai l'amoncellement blanc des maisons basses que la giclée de deux ou trois gratte- ciel coupe sans déparer.

Les petits cubes accrochent sur les pentes la diversité multipliée de leurs nuances et de leurs formes ........."
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Avec un bon règlement la vie du guerrier est un plaisir. On sait à chaque jour de l' année , à chaque heure du jour ce qu'il faut dire et faire. Rien n'est laissé au hasard de l'inspiration ou affres de la découverte .Le règlement a tout prévu , tout dit il a aussi tout codifié : les attitudes ,les paroles ,les pensées , les hiérarchies, surtout les hiérarchies qui sont indiscutables,, indiscutées, soulignées au trait jaune ou blanc par un galon qui ne souffre pas d'imprécision .
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Et puis on l'avait envoyé dans l'Aurès, un Djebel perdu, où rien de ce qui arrivait, absolument rien, ne lui avait été enseigné à Saint-Cyr ni ne se trouvait dans aucun règlement.
Ceux d'en face n'ont jamais été à l'école, ni la vraie ni même les autres, où ils auraient au moins appris à marcher au pas.Ce sont des gardiens de chèvres à qui on a mis un fusil de chasse entre les mains et qui s'en servent comme ils faisaient de la charrue ou de la faucille: avec la même application serieuse, le même désir que ça réussisse.La guerre pour eux n'est pas un jeu grisant plein de panache.
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Pourtant ce qui se passe dans ce pays depuis trois ans aurait dû te guérir de la comédie. Il y a tant de sang, tant de souffrance, tant de morts. Mais non. Le sang tu crois que c’est de la teinture ; les morts étalé par dizaines dans ton journal chaque matin tu attend qu’ils se lèvent après la représentation, et pour un peu tu irais les féliciter après la pièce dans les coulisses…
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"Le soleil n'envoyait plus de derrière la montagne où il s'était enfoncé dans des nappes de sang qu'une vague lueur violette sur le fond d'un ciel pâle .. Bientôt de toutes petites flammes éparses piquèrent le plateau.. Au loin par intervalles des chiens aboyaient .La lune se leva, gros morceau de fer rouillé ballant dans l'étang bleu ."
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