AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Hélène Serrano (Traducteur)
EAN : 9782918767688
288 pages
Asphalte (09/03/2017)
3.81/5   13 notes
Résumé :
Un soir d'hiver 1996, à Madrid, Carlos Ovelar, propriétaire d'une agence de photographie, reçoit un étrange coup de téléphone. Le mari de son ex-épouse lui demande de les aider à retrouver leur fille Ania, âgée de 18 ans et introuvable depuis plusieurs jours. Ayant passé quelques années dans les services de renseignements espagnols, Carlos accepte de mener l'enquête.
Que lire après Comme un bluesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Tout commence par un coup de fil, comme un appel au secours. Une jeune fille de 18 ans a disparu.
Son père, fait appel à Carlos Ovelar patron d'une agence de photographie englué dans une vie monotone entre mariages et autres évènements mineurs.

A priori, notre héros ne semble pas l'homme idéal pour cette situation délicate, sauf que dans une autre vie, il travaillait pour les services secrets espagnols.

Par ennui, par désoeuvrement, par nostalgie d'un passé révolu, Carlos accepte.

En partant d'une intrigue fort simple, l'histoire se poursuit comme une triste mélopée dans une région noyée sous une morosité prégnante. L'atmosphère devient lourde rythmée par les coups de cafards et les gueules de bois de notre pseudo flic, cynique et désabusé qui se complait dans les ambiances glauques.

« J'aime les villes horribles, les putes malades et les chiens infirmes. Je préfère l'horreur. Je cohabite mieux avec l'horreur, toujours plus humaine, plus douce, plus nécessiteuse. »

Si je n'ai pas été totalement convaincu par l'intrigue, sans grande originalité ni consistance, j'ai particulièrement apprécié l'étude psychologique très poussée que l'auteur dresse de son héros.
De plus, la ville de Compostelle avec sa pluie incessante rajoute une touche de noirceur dans ce récit.

Un bon moment de lecture pour lequel je remercie Babelio et les Editions Asphalte.
Commenter  J’apprécie          260
Carlos Ovelar dirige une agence de photographie à Madrid. Mais dans une autre vie, sous les ordres de son père, il oeuvrait au sein des services secrets espagnols et nageait au milieu des barbouzeries les plus complexes en pleine transition démocratique. Dans autre vie, il a aussi été marié à Susana. En 1996, date du récit, Susana est mère une fille de dix-huit ans, Ania, qu'elle a eu avec Alberto Bastida, éminent avocat galicien. C'est parce qu'Ania a disparu que Bastida, comptant sur les contacts de Carlos au sein de la police et des services, contacte ce dernier pour retrouver sa fille. Il ne va pas falloir longtemps à Carlos pour s'apercevoir qu'Ania trempe dans une sale affaire mettant en scène un ponte du trafic de cocaïne local et des petites frappes aussi bêtes qu'ambitieuses, mais aussi que son propre père, le Vieux, est sorti de sa retraite pour activer ses réseaux locaux sans que Carlos sache pourquoi.
Faux-semblants, complots, héros à la dérive hanté par son passé, tiraillé entre sa haine, son respect et sa peur à l'égard de ceux qui ont fait de lui ce qu'il est devenu… Aníbal Malvar après La Ballade des Misérables et son étonnante narration, semble de prime abord revenir à un roman noir d'une facture bien plus classique. Et, de fait, si l'on s'en tient au déroulement de l'intrigue, l'auteur galicien s'en tient à un fil vu et revu. Mais…
Mais en fait, Malvar possède un bel atout dans sa manche. Il construit une atmosphère particulièrement grise qui tient pour beaucoup aux lieux mêmes où se déroule l'intrigue, une Compostelle noyée sous une pluie violente, sombre, panier de crabes dans lequel il semble impossible d'échapper aux regards inquisiteurs et aux vengeances qui doivent s'exercer. Confronté ici à un passé sur lequel il aurait voulu faire définitivement une croix et à un présent qui ne l'enchante pas plus, Carlos s'enfonce de plus en plus dans la fange et dans son dégoût à l'égard du monde dans lequel il est obligé de vivre.
« Trouver le dénommé Duque m'a tout de même coûté une demi-douzaine de whiskies et une soirée entière dans les quelques troquets que compte la monumentale place Quintana, que Rocío m'avait indiquée comme étant le centre d'opération du susdit. La place Quintana était toujours le refuge d'une bande de soixante-huitards, hippies assommants qui saoulaient le chaland avec leurs guitares mal accordées, leurs flûtes aux harmonies préceltes et leurs laïus aussi creux qu'inoffensifs à propos de shit, de bière ou de leur bon pote parti pécho au Maroc. Quand on observe ces représentants du bien – un bien passé au tamis d'un christianisme athée et quasi illettré –, on comprend pourquoi le mal a les coudées franches, dans ce monde de merde. »
Désabusé, cynique, frayant avec les pires manipulateurs, Carlos Ovelar est pourtant de ces hommes qui veulent croire à la rédemption et à l'existence d'une certaine innocence. Pas étonnant qu'il boive comme un trou. En tout cas, il se révèle être un personnage bien plus attachant qu'on ne peut le penser en débutant la lecture de ce roman dont la noirceur est éclairée de quelques beaux – bien que pas forcément bons – sentiments et un humour grinçant. Une fois encore, Aníbal Malvar réussit à prendre son lecteur à contrepied et à l'entraîner dans un récit férocement humain.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          60
Espagne, fin des années 90. Carlos Ovelar est photographe, ancien agent secret. Il se retrouve à enquêter sur la disparition d'Ania, la fille de son ex femme. La route qu'il emprunte est jalonnée de « deux cadavres de tapettes et trente kilos de blanche appartenant à Cholo Belasco, sniffés par le vent » d'un père surnommé le Vieux avec qui il entretient des rapports difficiles et d'autres rencontres qui ravivent le passé et donnent au présent le sentiment que la mélancolie s'est installée un jour lointain et depuis n'a jamais pu s'éloigner.
Carlos raconte. Il raconte la ville, il raconte la Galice, Compostelle, la pluie, les bars, le passé douloureux.
Le ton est donné dès les premières lignes et l'ambiance ne quitte pas l'atmosphère de blues de tout le livre. Peu importe que l'intrigue reste classique, l'intérêt de l'histoire est ailleurs, dans l'atmosphère caractéristique dont le titre se fait écho et Aníbal Malvar le réussit fort bien.

J'écris cette critique en écoutant la playlist choisi par Aníbal Malvar que l'on peut retrouver sur le site de l'éditeur. Comme un prolongement à cette histoire, aux confidences de Carlos, à l'ambiance urbaine et mélancolique qui règne tout au long de ce récit, la musique offre une épaisseur supplémentaire à ce récit urbain, sombre et tourmenté.
Un polar introspectif où la pluie nous accompagne tout au long de la lecture, renforce cette impression de lassitude que vit Carlos. Comme un blues est un grand polar noir, où l'écriture sait nourrir le lecteur, le pousse à tourner les pages. Il y a des auteurs qui nous entraînent loin, et qui, une fois le livre terminé, laisse longtemps l'empreinte d'une ambiance, d'un décor, d'une odeur, d'un son. La pluie aussi.
Anibal Malvar est sans nul doute un de ces auteurs.

Merci aux éditions asphalte et à Babelio pour la belle découverte.
Commenter  J’apprécie          41
Dans le cadre de masse critique, « comme un blues » d'Anibal Malvar

Si vous aimez les thrillers à suspens, avec rebondissements à chaque chapitre, de l'action à gogo…passez votre chemin.

Par contre si vous cherchez un polar d'ambiance où les personnages et l'environnement sont plus importants que l'intrigue alors là vous frapper à la bonne porte, vous pouvez même la défoncer à coup de pompe ! le héros traine sa carcasse et son mal être dans une ville pluvieuse en sirotant du Whisky mais ne vous y tromper pas nous ne sommes pas chez les British mais en Espagne, entre Madrid et la Galice, en pleine automne.

Un ancien photographe borderline se retrouve à enquêter sur la disparition de la fille de son ex, les fantômes du passé vont resurgir, flics véreux, mafia, complot politicard, drogue, whisky vont être de la partie, pour notre plus grand plaisir.

L'auteur nous transporte avec sa plume faite de phrases qui claquent , de repartis cinglantes.

On s'attache à ces personnages désabusés, c'est sacrement bien écris et on en redemande !

On en ressort trempé , ivre mais heureux.

un bouquin qui se savoure comme un blues, dans un fauteuil en cuir un whisky à la main.

Un auteur à suivre

Merci à Babelio pour cette découverte
Commenter  J’apprécie          40
De la Galice on connaît surtout Saint-Jacques-de-Compostelle. Mais ce n'est pas à un pèlerinage que le personnage va être convié. Sa virée va le conduire dans les méandres de son passé. Et l'on devine que l'auteur - dont nous avions particulièrement apprécié La Ballade des misérables - va semer des graines de nostalgie avec son talent qui mêle une rare finesse des portraits psychologiques à la création d'un climat alarmant.



1996. Mais pourquoi Carlos s'est-il embarqué dans cette affaire ? Car très vite il découvre que Ania, la jeune fille qu'il cherche, a fait ami-ami avec des zigues pas recommandables. Mais pourquoi a-t-il accepté cette sollicitation du nouveau mari de sa femme ? Puisque la mafia de la drogue est sur les dents, puisque c'est la zizanie dans la famille, puisque de sales homicides éclaboussent le secteur. Carlos devait le faire. Carlos quitte Madrid et va se frotter à son passé, retrouver cette ville qu'il avait rayé de la carte, retrouver le Vieux, retrouver Janus - la petite voix qui gronde dans son oreille -, retrouver Gualtrapa. Carlos boit.[...]
La suite sur : http://bobpolarexpress.over-blog.com/2017/06/dysharmonie-insidieuse-comme-un-blues-anibal-malvar.html
Lien : http://bobpolarexpress.over-..
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Trouver le dénommé Duque m’a tout de même coûté une demi-douzaine de whiskies et une soirée entière dans les quelques troquets que compte la monumentale place Quintana, que Rocío m’avait indiquée comme étant le centre d’opération du susdit. La place Quintana était toujours le refuge d’une bande de soixante-huitards, hippies assommants qui saoulaient le chaland avec leurs guitares mal accordées, leurs flûtes aux harmonies préceltes et leurs laïus aussi creux qu’inoffensifs à propos de shit, de bière ou de leur bon pote parti pécho au Maroc. Quand on observe ces représentants du bien – un bien passé au tamis d’un christianisme athée et quasi illettré –, on comprend pourquoi le mal a les coudées franches, dans ce monde de merde.
Commenter  J’apprécie          30
Des contacts, de vieux amis et mon agence. Tout ça, c’était peau de balle. Infoflash, agence de photoreportages couleur. Je déteste la couleur. Mais j’ai passé l’âge d’arpenter les rues avec mon Leica en quête de cadavres mutilés, d’accidents de train, d’ouvriers tombés de l’échafaudage, de candidats au suicide par défenestration ou overdose. J’ai trois mules sous contrat pour faire le boulot ; moi, je ne m’occupe plus que de la compta. Ça fait je ne sais combien de temps que je n’ai pas pris une photo. Alberto Bastida confond agence de presse et repaire de vieux privés alcoolos. Mes mules seraient incapables de retrouver leur propre bite dans la chatte de leur bourgeoise.
Commenter  J’apprécie          20
À ce moment-là, je savais déjà que j’étais un fils de pute du côté de mon père. Ce que je n’aurais jamais imaginé, c’est qu’un jour je serais obligé de tuer le Vieux, que je le buterais comme il avait buté tant de gens, que j’abattrais et rendrais à la terre celui qui n’aurait jamais dû voir le ciel. Non. À ce moment-là, tout ce qui m’intéressait, c’était de m’allonger les doigts de pied en éventail et de buller. C’était un soir pluvieux d’hiver et je n’avais rien à faire. Ou alors un bilan peut-être, mais ça c’était facile. J’avais quarante-cinq ans, une bouteille de whisky, tout mon temps et rien d’autre. Le bourdonnement d’une circulation tardive accompagnait mes gorgées alanguies de paresse. Les gens rentraient chez eux après le boulot. Ou après avoir cherché du boulot. Je ne savais pas ce qu’on leur mettrait à la télé. Ni ce qui les attendait dans le frigo pour dîner. Ni si leurs enfants ramèneraient de l’école une blague idiote à raconter. Madrid, 1996. Et j’ai déjà dit que c’était l’hiver. L’hiver, l’air de Madrid est fibreux et pas facile à mâcher. Il y a tout le temps des clochards qui meurent de froid et des accidents de voiture à cause du verglas, qui forme une pellicule sur l’asphalte et ne fondra pas avant le premier jour du printemps, lorsque l’oiseau le plus téméraire de mars osera déchirer l’hymen du smog. Dehors il pleuvait donc peu probable qu’il neige pour le moment. Ce serait agréable de voir neiger d’ici, avec un whisky tiède à force de le tripoter et de le siroter. Il neigerait dans quelques jours et le whisky serait toujours là, et moi aussi, alors ça ne faisait rien. Une neige lente et blanche, comme dans un film scandinave, comme une ligne de coke, comme le pas d’une vénérable vieille, blanche et lente. Il neigerait surtout si ce putain de téléphone arrêtait de sonner une fois pour toutes.
Commenter  J’apprécie          00
Les gens rentraient chez eux après le boulot. Ou avoir cherché du boulot. Je ne savais pas ce qu’on leur mettrait à la télé. Ni ce qui les attendait dans le frigo pour dîner. Ni si leurs enfants ramèneraient de l’école une blague idiote à raconter. Madrid, 1996. Et j’ai déjà dit que c’était l’hiver. L’hiver, l’air de Madrid est fibreux et pas facile à mâcher. Il y a tout le temps des clochards qui meurent de froid et des accidents de voiture à cause du verglas, qui forme une pellicule sur l’asphalte et ne fondra pas avant le premier jour du printemps, lorsque l’oiseau le plus téméraire de mars osera déchirer l’hymen du smog.
Commenter  J’apprécie          00
– Mais pourquoi m’appeler, moi ?
La question était stupide. Ce n’était pas moi qu’avait appelé Alberto Bastida, mais le soldat de Janus, ce monstre à deux faces. J’avais toujours eu la certitude qu’un beau jour, quelqu’un finirait par faire appel à lui, quelqu’un du dehors ou du dedans ; parce que Janus vit désormais avec moi pour toujours, c’est mon ennemi intime, l’être avec lequel je partage chaque verre, chaque bouffée d’air vicié, le tic-tac de ma montre, les tumultes de mon âme nullement immortelle.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : roman noirVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (36) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2886 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}