« D'un instant à l'autre, on bascule. Vers une autre vie, vers une autre mort. Vers la gloire ou vers l'oubli. Qui dira jamais à la suite de quel regard, de quelle parole, de quel ricanement, un homme se découvre soudain étranger au milieu des siens ? Pour que naisse en lui cette urgence de s'éloigner, ou de disparaitre ».
Tanios l'a ressentie, cette sensation d'être étranger. Il l'a ressentie plus d'une fois depuis son enfance. Depuis qu'on lui a lancé au visage un surnom étrange lui faisant comprendre qu'il n'était peut-être pas le fils de Gérios, l'intendant du cheikh Francis, mais le fils de celui-ci.
Il faut dire que Tanios est un habitant de la Montagne du Liban, ce territoire où se disputaient, au 19e siècle, les Egyptiens soutenus par les Français, les Ottomans soutenus par les Anglais, et l'émir à la solde du vice-roi d'Egypte. Les Montagnards, druzes ou chrétiens, se dressaient les uns contre les autres et les petits chefs des villages, les cheikhs, s'entre-tuaient ou s'alliaient.
La grande Histoire s'allie à la petite, la vérité se mêle à la fiction, et malin celui qui arrivera à dénouer cet embrouillamini.
Pas moi, en tout cas, qui ai assisté bouche bée à cet enchevêtrement de querelles, d'insultes, de coups portés en douce ou au grand jour. La vengeance n'est jamais loin, dans ce pays rude, mais l'amour y est doux et rempli de miel.
Tanios aux cheveux précocement blanchis a été mon fil rouge, et je l'ai suivi fidèlement.
Tanios, curieux de tout et au coeur pur, mêlé malgré lui au destin de ceux qui ont fait l'Histoire.
Tanios, ce jeune homme dont la légende s'est répandue et dont un rocher porte le nom.
La langue d'Amin Maalouf, toute en verve et en nuances, m'émerveille. Cet auteur libanais raconte comme personne le destin de son pays, en imaginant des stratégies de narration tout à fait vraisemblables mais en y insufflant son imagination magnifiée par des années de légendes.
Clarté et précision lorsqu'il s'agit de conflits et envolées lyriques pour parler de la nature et de l'amour, tout en Amin Maalouf me convainc que l'Orient est une contrée riche de rêves et de désillusions, de coups du sort et de batailles rangées, de vengeance et de passion.
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Un narrateur nous raconte une légende de son village perdu dans les montagnes du Liban ; elle se passe au XIXème siècle. C'est l'histoire d'un homme entre deux ... (seul le rocher qui porte son nom est son trône).
Issu d'un adultère, son père adoptif lui prouvera cependant tout son amour.
Ce conte plein de tumultes, de complots, d'amour, de personnages pittoresques, dans lequel les femmes jouent un rôle primordial nous permet encore une fois de mieux comprendre l'histoire de ce petit pays déchiré et convoité.
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Des années que je vois ce livre dans ma PAL
Des années que ce n'est pas lui que je choisis
Et bien voilà c'est fait. Enfin choisi, lu et énormément aimé.
Partant d'un fait réel, s'appuyant sur des souvenirs familiaux, l'auteur nous conte la légende de Tanios, nous fait partager son Liban, les montagnes, les coutumes, l'Histoire du XIX ème siècle de son pays.
Que c'est prenant ! Que c'est dépaysant !
L'histoire est très forte. Oppression, vengeance, amour……une foule de personnages forts et attachants et le tout servi par une écriture sobre et belle.
Une intrigue qui tient en haleine, donnant à réfléchir sur l'origine des légendes
Un conte oriental qui se prolonge dans l'esprit bien après avoir refermé le livre.
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