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Critique de Paulette2


Au départ, ce livre m'a fait envie : une couverture sublime, des critiques enthousiastes, un titre très réussi. le récit est sans conteste très riche : c'est tout un monde qui naît sous nos yeux, le monde deux siècles après le nôtre. le thème des femmes ménopausées que la société délaisse est passionnant. le travail nécessaire pour l'élaborer a dû être colossal - mais est-ce un compliment ? L'effort se fait oublier quand l'oeuvre fonctionne...
Car ça n'a pas fonctionné sur moi. J'ai trouvé la langue pauvre, pleine de clichés faciles. Les dialogues aussi sonnent faux. C'est une langue utilitaire à laquelle on accroche quelques fantaisies pour faire croire à de la poésie.

Et puis je n'ai pas pu me défaire de la désagréable impression que l'autrice a voulu cocher toutes les cases des sujets à la mode pour n'en rater aucun : place de la femme dans la société, dérèglement climatique, ménopause, écologie, PMA, euthanasie, cancer, autisme, IA, metavers… Rien n'est dit de spécialement bouleversant ou profond sur ces sujets. Ils occupent juste l'espace du roman.

C'est surtout la manière dont la dystopie est pensée qui m'a gênée. On peut peut-être l'apprécier si on n'a pas lu 1984 de George Orwell ou aucun ouvrage de science-fiction. Dans le cas contraire, "Obsolète" apparaît comme une dystopie de pacotille dans laquelle tout est pesamment expliqué à grand renfort de notes de bas de page décodant des acronymes eux-mêmes en surnombre. C'est comme si toute l'énergie du récit passait à inventer un monde et qu'il ne restait plus rien pour fouiller les personnages, pour s'emparer de leurs émotions, pour faire lever le suspense ou enclencher une vraie réflexion philosophique ou politique (ce qui est tout de même le but d'une dystopie). le rythme en souffre, on n'avance pas, on se désintéresse des personnages.
Si j'ajoute la multiplication des narrateurs et des intrigues (meurtre des fillettes, enquête, Grand Remplacement de Rachel, passé qui ressurgit, confusion entre Rachel et sa soeur…), j'ai trouvé les 520 pages bien poussives.

Pour moi, ce roman manque d'unité et de profondeur. Il se veut singulier mais il n'est qu'à la mode. Il pêche par trop d'ambitions, voire de prétention. À ce titre, les exergues sont parlants : sont convoqués - excusez du peu - Octave Mirbeau, Cioran, Charlotte Perriand, Beyoncé, Herman Hesse, Ionesco, Dorothy Parker... Ne manque plus que De Gaulle et Mickael Jackson.
C'est une déception.

Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices Elle 2024
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