Sisyphe

Dans sa forme, ce roman ne ressemble à aucun autre. le rythme y est époustouflant, déterminé à nous faire ressentir physiquement le quotidien redondant d'un homme anonyme. Rarement, pour ne pas dire jamais, le style a à ce point fait corps avec le propos. C'est pourquoi ce texte, en dehors des sentiers battus et rabattus, fait date en s'offrant à nous en véritable objet littéraire. le « Sisyphe » de Donatien Leroy ne peut en aucun cas laisser indifférent. Allez-y les yeux fermés, ils finiront ouverts.

Un livre entêtant, une plongée.
Il est rare de lire un texte dont le style, la scansion formalise aussi nettement le propos.
Pour ce qui est du contenu, la présentation de l'éditeur est parfaite et je ne tiens pas ici à déflorer toutes les sensations que cette lecture vient ouvrir au fur et à mesure de l'expérience. Mais soyez sûrs d'une chose, voilà une entrée en littérature loin des sentiers battus. Et une découverte de ce niveau de profondeur et d'originalité, ça se partage !

Ça commençait mal. Je feuillette le livre, et là, frayeur : que des virgules, pas de points... Je me dis que ça va être raide.
Mais non, l'ennui redouté est vite balayé dès les premières pages. le flux est vif. On imagine que pour arriver à une telle mélodie, il a fallu de la persévérance et de l'abnégation. C'est travaillé au corps ce texte.
Cette vie monotone du narrateur ne l'est finalement pas car c'est plein d'amour pour la filiation et la nature. Bref, un roman qui coule. L'auteur est un vrai romantique.

Ça commence par une succession de «même  », la succession quotidienne de « même » que nous vivons tous, oui, cette routine dont on ne s'aperçoit même (tiens ?) plus.
Première impression : bon sang ! Mais c'est ma vie ?! (À quelques détails près, hein, n'allez pas croire que) D'où : malaise. Ou ouverture des yeux.

Et puis…
Oh et puis après tout, lisez-le.

Un sacré premier roman !

Écriture, rythme, variations, j'ai rarement été autant happée par un roman. Il est impossible d'arrêter la lecture en milieu de chapitre !
L'histoire est à la fois singulière et universelle, délicate et sans compromis.
Ce roman est une expérience rare et bouleversante qu'il faut découvrir absolument.

Une routine, toujours les mêmes gestes, aux mêmes heures, la même voiture, la même route, les mêmes visages, le même travail, les mêmes repas, le même chien, la même balade du soir, la même télé, la même nuit.
Une routine qui rassure, qui le rassure, il ne faut pas que les choses changent, le monde tourne, comme ça, et c'est bien.
Mais un appel téléphonique, une nouvelle, un décès, va chambouler cette routine.

En apnée, c'est ainsi que ce livre se dévore, de par son style particulier, un chapitre pour chaque jour de la semaine, pas de point, que des virgules, pas de respiration, une petite musique s'installe, excitante, addictive.
Livre sur la routine de nos vies, sur ces gestes répétitifs, parfois anodins, qui rythment notre existence, qui souvent rassérènent.
La mort intervient dans cette routine, elle trouble, elle réveille des souvenirs enfouis, une culpabilité, elle isole, elle appelle une solitude pour se retrouver.
Grand premier roman sur une filiation manquée, emplie de silences, de non-dits, sur le deuil, mais aussi plein de lumière, d'espoir sur la possibilité de changer une vie en modifiant légèrement, doucement, une routine parfois lénifiante.
C'est émouvant, brillant, maitrisé, une vraie réussite.

Le premier roman de cet auteur est une claque magistrale. Dès les premières pages, on se laisse emporter au large par le tsunami de virgules et de répétitions. Un style unique en son genre qui met en apnée. Impossible de s'arrêter de lire ! A la fermeture du livre, on est ivre de littérature, K.O. Ce roman m'a redonné le goût de la lecture. Chapeau bas l'artiste !