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Olivier Mannoni (Traducteur)
EAN : 9782330148683
400 pages
Actes Sud (03/03/2021)
4.08/5   26 notes
Résumé :
Quatre personnes autour d’une table, et voilà la branche berlinoise des Leo pour ainsi dire au complet. Les nombreux autres membres de la famille, qui ont fui les nazis dans les années 1930, sont dispersés dans le monde entier.
Au fil de ce récit poignant, Maxim Leo se rend chez eux, en Angleterre, en Israël et en France, et retrace le destin de ses trois grands-tantes : Hilde, l’actrice devenue millionnaire à Londres ; Irmgard, l’étudiante en droit qui s’es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique

L'auteur nous raconte comment sa famille juive fut chassée de Berlin par l'avènement du régime pourri d'Hitler et éparpillé aux Pays-Bas, en France, en Autriche, en Angleterre et en Palestine.

Maxim Leo, qui est né en 1970, retrace le parcours de ses grand-tantes Irmgard, Hilde et Ilse Leo et de leur géniture, aussi bien que nous avons en fait droit à plusieurs récits avec une multitude de personnages. Heureusement que sur les pages 6 et 7 de l'ouvrage figure un arbre généalogique de tous les descendants de Thérèse et Friedrich Leo, Maxim compris.

Dommage cependant que les noms de tous ces Leo ne soient pas suivis de leur date de naissance, et le cas échéant, de la date de leur décès, car l'ouvrage couvre finalement une assez longue période, de pratiquement un siècle entier (de 1920 à 2019).

Comme il serait fastidieux d'essayer de résumer tant de biographies en l'espace d'un billet fatalement sommaire, j'ai opté pour une approche qui favorise les passages qui m'ont frappé le plus.

Ainsi Hilde Leo-Fränkel se trouvait avec son gamin André de 11 ans, en août 1939 à Paris, où elle occupait une chambre dans un bâtiment au 10, rue Dombasle dans le 15ème arrondissement, où logeait également à un étage supérieur le grand écrivain et philosophe Walter Benjamin, avant sa fuite à travers les Pyrénées et son suicide en septembre 1940 à Portbou en Catalogne. Voir ma critique du livre de Lisa Fitko "Le chemin Walter Benjamin" du 3 avril 2021.

À Paris, les Leo ont aussi croisé le chemin d'Arthur Koestler et Vassily Kandinsky dont le premier mari de Hilde, le neurologue Fritz Fränkel, possédait une superbe lithographie, un souvenir des brigades internationales lors de la guerre civile espagnole.

Irmgard Leo, l'aînée, a suivi avec son mari Hans Wittenberg, un entraînement spécial pour partir vivre dans un kibboutz à Beit HaShita entre la baie d'Haïfa et le Jourdain et où leur fille Hanna a vu le jour.

Ilse Leo, la benjamine, a été déportée avec son mari Heinz, un médecin, à l'abominable camp de Gurs en Béarn, où elle a soigné malades et blessés. Après s'être evadée, elle s'est retrouvée en 1944 avec son bébé Susi dans Toulouse libérée.

L'ouvrage de Maxim Leo ne m'a, malgré ses 366 pages, pas ennuyé une seconde. L'histoire de sa famille est évidemment triste mais fascinante et il a l'art et la manière de présenter un récit dans un contexte historique authentique et captivant.
Comme il a fait d'ailleurs avec son autobiographie "Histoire d'un Allemand de l'Est", qui lui a valu, en 2011, le Prix du Livre Européen.
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Il est des livres que l'on ouvre et dont on se dit ..Ouh làlà ! Celui de Maxim Leo, écrivain franco/allemand, s'ouvre sur un arbre généalogique fourni, avec de multiples branches. Tout de suite vient à l'esprit une sorte de saga familiale où l'on risque de se perdre (et donc consulter sans cesse l'arbre). Et quand en plus il s'agit d'une famille allemande avec des origines juives que l'on découvre en plein dans les années 30 à Berlin... on sait que l'on ne va pas s'amuser une seconde, des images de camps d'extermination et autres infamies orchestrées par le régime nazi venant instantanément se coller dans l'esprit de n'importe quel lecteur qui, selon son intérêt pour cette partie de l'histoire risque de dire : "Oh non, encore...". Si vous êtes de ceux-là, remballez vos préjugés et plongez dans l'histoire de la famille Leo, vous ne le regretterez pas !
Tout d'abord "Là où nous sommes chez nous" n'est pas un roman, mais un récit biographique, que l'auteur a reconstitué en rencontrant tous les éléments de sa famille éparpillés un peu partout sur notre planète ( enfin dans quelques pays ...), des grands-parents et de leurs trois enfants pris au début des années 30 jusqu'à la dernière génération, de nos jours. Nous sommes dans une bourgeoisie éclairée, cultivée, avec des origines juives mais non croyants ni pratiquants. Sentant venir le danger, les enfants vont fuir à l'étranger. Et si la plupart de la famille a effectivement échappé à la Shoah, certains connaîtront un camp de prisonniers allemands en France ( celui de Gurs), d'autres atterriront dans les premiers kibboutz en Palestine déjà en fonction à cette période.
Le livre, découpé en chapitres s'intéressant à un seul personnage à la fois( avec quelques photos), accroche le lecteur dès les premières lignes. Maxim Leo écrit juste, simple et direct. Il sait rester un narrateur évidemment impliqué puisqu'il nous dévoile toutes ses racines, mais surtout hors pair, n'en rajoutant jamais dans les faits souvent franchement romanesques qui jalonnent ces vies. On le sent sincère, vrai et nous touche car, au fur et à mesure que le récit avance, il rend son propos de plus en plus universel. Au-delà de la simple transcription d'un récit familial, en plus de faire rencontrer la petite avec la grande Histoire, il amène le lecteur à s'interroger sur des sujets qui touchent le commun des mortels, sur le rôle de l'origine autant géographique que sociale, l'importance du passé dans le destin des descendants, les non-dits, les silences familiaux, .... Il y est question de sujets ultra contemporains éclairés par le passé ( l'immigration, les liens que l'on tisse ...ou pas) ou par le présent qui pointe l'ironie de l'Histoire comme, par exemple, le fait d'avoir quitter un pays fasciste en 1930 et de se retrouver dans un pays ( Israël) qui, aujourd'hui, par certains côtés, reproduit des attitudes similaires.
Vous l'aurez compris derrière cette histoire de famille, se cache un livre absolument passionnant de part ce qu'il raconte, véritable roman dont on tourne les pages avec fébrilité, mais surtout par ce talent inouï, d'amener les lecteurs à se questionner sur une foultitudes de sujets jamais imposé mais suggérés avec une très grande finesse. du grand art, qui montre que l'on peut faire simple, captivant et intelligent !

Lien : https://sansconnivence.blogs..
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Dans ce récit familial, Maxim Leo part la recherche de la vie de Nina, Hilde et Ilse, trois de ses grands-tantes. Fuyant le nazisme qui s'abat en Europe dans les années 1930-1940, chacune à sa manière vivra la peur, la faim, l'enfermement ou la clandestinité avant l'exil définitif. Actrice puis millionnaire à Londres pour l'une, kibboutzinne pour l'autre, pédopsychiatre à Vienne pour la dernière. Trois destins qui constituent trois portraits de femmes attachantes et inspirantes par leurs forces et leurs failles.
A partir des témoignages des survivants et de leurs maigres archives, Maxim Leo retrace l'histoire de sa famille mais au-delà de tous les juifs qui ont quitté l'Europe avant le cataclysme. Eparpillés de par le monde, il est intéressant de constater ce qui sera conservé de ce qu'il faudra se défaire à jamais pour s'intégrer dans un nouveau pays afin de s'y enraciner. Malgré la distance géographique, l'enquête va renouer, parfois même renforcer, les liens familiaux distendus dans les générations suivantes
Ces parcours particuliers résonnent avec encore plus de force aujourd'hui en ce sens qu'ils font écho à la tragédie actuelle des migrants. Brillant et indispensable en tout point.
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L'auteur reconstitue l'histoire de ses ancêtres, dispersés aux quatre vents par la Shoah.
Irmgard et Hans, étudiants en droit à Berlin, sont partis en Israël en 1934. Au kibboutz, non loin du plateau du Golan, c'était la vie extrêmement rude des pionniers.
Une autre branche de la famille, un autre pays : le narrateur rencontre André en Angleterre. Il est le fils de Hilde et Fritz. Ce dernier était l'un des fondateurs du Parti communiste d'Allemagne.
Susi, qui vit en Bourgogne après plusieurs décennies à Vienne, aide l'auteur à comprendre le parcours d'Ilse, sa grand-tante, infirmière, internée pendant plusieurs mois au camp de Gurs (Pyrénées Atlantiques).
Maxim Leo découvre des destins dont la résilience et le courage forcent le respect. Il découvre également des ressemblances inattendues. Certains de ses cousins et cousines ressentent une affinité avec leur patrie perdue – Berlin.

Cette histoire très bien construite m'a touchée. L'auteur évoque le passé avec beaucoup d'empathie et de retenue, se posant des questions qui demeurent universelles.
L'arbre généalogique et les photos accompagnant le texte nous aident à ne pas perdre le fil. Comme kielosa, j'ai lu avec un grand plaisir l'autre ouvrage autobiographique de Leo, Histoire d'un Allemand de l'Est, où il est question de son grand-père maternel, Gerhard.
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Un régal d'humanité, une fois encore, avec ce récit de Maxim Léo sur la destinée de 3 cousines, réunies pour la dernière fois, à Berlin, au début des années 30... Chacune poursuivant sa vie, à Londres ou Chicago, dans un kibboutz, en France ou en Autriche tout en gardant un lien puissant avec leur ville de naissance. C'est aussi l'histoire de l'Europe au XXe siècle, le lien entre les générations, la possibilité d'oublier, l'errance avec un point d'ancrage (Berlin), la clandestinité... On pourrait presque croire que la quinzaine d'années du nazisme n'a pas altéré le désir de Berlin, la langue, l'enracinement de la culture au delà de l'horreur semée dans les familles
Un grand livre, à rapprocher de Daniel Mendelsohn
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Puis la vie suit simplement son cours, bientôt on oublie les bombes et les morts, seuls les décombres dans les rues rappellent encore la guerre qui se poursuit.
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p.136 Regarde donc toutes ces possibilités, dit-il. Tu peux ne voir que des fenêtres qui t’attirent vers les profondeurs. Ou bien les ballons en couleur qui te font monter vers l’altitude.
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La grande Histoire n'est pas la seule à paraître fatidique et irréversible: nos petites biographies personnelles donnent elles aussi souvent l'impression qu'elles n’auraient pas pu se dérouler autrement. Alors qu'au bout du compte, tout tient à une longue chaîne de hasards - et l'on ne sait même pas vraiment quel hasard a été la meilleure option du moment. (page 77)
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Ma mère me répondait qu’autrefois toute notre famille vivait à Berlin, mais qu’ensuite les nazis étaient venus et avaient chassé tous les Juifs et tous les communistes. Du communisme, j’avais déjà entendu parler : après tout, nous vivions en RDA. Mais les Juifs, qu’est-ce que c’était ?
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