Sixième aventure de François le Roy, dit Fanch, et toujours autant de plaisir à le retrouver. Comme dans les tomes précédents, la période historique est plutôt calme dans les coins reculés de France, ce qui permet à l'auteur de bien travailler ses personnages et les lieux qu'ils fréquentent. La révolution industrielle commence enfin à toucher la Bretagne, mais tout le monde ne voit pas cela comme un progrès et les craintes sont très fortes. de tout ordre : pollution, destruction du paysage, arrivées plus nombreuses d'étrangers... A l'époque, habiter la commune voisine suffisait pour en être, alors que des Parisiens puissent venir était inimaginable, et l'on ne parle pas d'étrangers qui ne parleraient pas la langue. le roman de
François Lange est très documenté -il n'y a qu'à voir la bibliographie finale pour s'en faire une idée-, sur les moeurs, les habitudes de l'époque, les vêtements, sur le chemin de fer et son développement, sur la ville de Quimper et la vie économique du pays, sur la nature, le climat... Tout est fait pour que l'on soit totalement immergé dans la ville et ses environs proches -les déplacements se faisaient à cheval ou à pied- et dans l'époque, et ça marche formidablement.
L'intrigue est bien menée, elle ne tiendrait sans doute pas autant de temps avec les techniques actuelles, mais c'est aussi cela qui fait le charme de la série : point de téléphone, donc a fortiori de mobile, ni d'Internet, ni de geek qui démêle tout en quelques minutes. C'est reposant.
François Lange prend le temps de parler de son héros, des ses (més)aventures amoureuses, de son goût pour la bonne chère, le bon cidre et le vin, il n'est pas sectaire. Ce qui donne ce savoureux conseil à la femme de son adjoint souffrant du fait de sa consommation d'eau non potable (à Quimper, en 1861, il y eut des cas de fièvre typhoide pur cause de consommation d'eau souillée) : "A titre personnel, je préfère encore le cidre et le vin et n'utilise l'eau que pour me laver ; vous feriez bien de lui conseiller de suivre mon exemple, pour une fois, à cette sacrée tête de cochon !" (p.18)
Dépaysante, fort bien menée et écrite, cette série de polars historiques a tout pour elle, tout pour plaire. Et, bien sûr, chaque volume peut se lire indépendamment l'un de l'autre.
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