AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Newwavebac


Lola Lafon - Quand tu écouteras cette chanson - *** - fini le 30 mai 2023 - En lice Prix France Inter

Ce livre fait partie d'une série où un écrivain passe une nuit dans un musée et raconte son expérience. Là, nous sommes dans un récit qui promet d'être « lourd » car il s'agit du musée d'Anne Frank situé à Amsterdam, où Lola Lafon a passé une nuit.

Lola Lafon oscille son récit entre son histoire personnelle, ce qu'elle a lu d'Anne Frank et la description de sa nuit au sein du Musée. On apprend des choses (qu'ainsi la grande Soeur d'Anne Frank, Margot a aussi écrit un journal, perdu à ce jour; que le journal d'Anne Frank n'était pas un journal intempestif écrit à la va-vite mais un récit documenté, travaillé, dans un but de publication), on est ému souvent (bien sûr), on lit ce livre de manière concernée et très sérieuse. Difficile de ne pas être touché par un tel récit, surtout que Lola Lafon a, elle même une histoire douloureuse qu'elle raconte de manière très touchante.

Bon, une fois tout cela dit, pourquoi ai-je mis seulement trois étoiles ? Sans doute parce que je suis resté un peu extérieur au récit comme si l'ambivalence de Lola Lafon était un peu pesante dans le récit : tout en disant que l'histoire d'Anne Frank était universelle (ce que je crois intimement), tout en s'affirmant elle-même comme peu juive (en tout cas peu pratiquante), elle ramène tout à la condition juive, ce qui, au final, en fait un récit un peu communautaire. Plutôt que d'en faire une histoire des victimes, le récit en fait une histoire des victimes juives du nazisme, ce qui est intéressant mais nous laisse un peu sur le quai de la gare. Alors que ce qui est très touchant dans le récit d'Anne Frank (et disons le ce qui en a fait son succès sur tous les supports) c'est précisément le fait qu'elle peut nous concerner en tant qu'être humain : une jeune adolescente, pleine de vie, d'espoirs, de projets qui est massacrée au même titre que des millions d'autres pour une raison qui ne constituait pas son coeur de vie…en voulant la ramener à sa condition de juive (allant même jusqu'à citer la phrase de Raymond Barre sur les victimes « juives » de l'attentat de la rue Copernic), elle accapare Anne Frank au profit d'une seule communauté. Pourquoi pas d'ailleurs, c'est une vision possible, mais qui laisse à l'extérieur ceux qui ne peuvent se projeter dans cette communauté…

Le livre est en lice pour le prix du livre inter et vu la nature du récit, je crains qu'il n'attire des voix de jurés…je lui mets 8/10 sur ses chances (« risques ») d'avoir le prix et 6/10 sur mon plaisir de lecture.
Commenter  J’apprécie          51



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}