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3,84

sur 562 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Dans un passage de son livre, Kurt Vonnegut explique que la Troisième loi de la Mécanique d'Isaac Newton « établit qu'à toute force qui s'exerce dans une certaine direction correspond une force de même intensité orientée en sens contraire ». Oui. « Ça peut être utile dans le domaine des fusées ». C'est certain. Et un livre sur la guerre, ça peut être utile dans quel domaine ? Un livre sur les bombardements de Dresde, à qui ça peut servir ? N'est-ce pas la faute à ses foutus écrivains qui ne peuvent pas s'empêcher d'embellir leur rôle si les guerres ne cessent jamais ? Les manchots, bras cassés et cul terreux, incapables de mener une vie correcte, finissent alors par croire qu'ils peuvent se venger de leur insignifiance en se joignant au combat, attirés par l'espoir d'une gloire qui n'existe qu'en littérature.


Kurt Vonnegut le pense sincèrement et c'est pourquoi son roman ne ressemble à aucun autre roman sur la guerre. « Pas de personnages à la Frank Sinatra ou à la John Wayne », pas d'accusations à tout va non plus.


« J'ai fréquenté un temps l'université de Chicago après la Seconde Guerre. J'étais en Anthropologie. A l'époque, on enseignait que tout le monde était exactement comme tout le monde. […] On nous apprenait aussi que personne n'était ridicule, mauvais ou répugnant. Peu avant sa mort, mon père me dit comme ça : "Tu as remarqué que tu n'as jamais mis de crapule dans tes histoires ?". »


Pas de crapules, c'est quelque peu déstabilisant dans un roman qui parle de la guerre. Pour continuer dans l'étrange jusqu'au bout, et pour rendre sa pensée plus explicite, Kurt Vonnegut laisse souvent la parole aux sages Trafalmadoriens, un peuple lointain venu observer notre population terrienne (faut pas avoir grand-chose à faire). Pour eux, le temps n'existe pas, la mort non plus et ils considèrent « qu'une personne qui meurt semble seulement mourir. Elle continue à vivre dans le passé et il est totalement ridicule de pleurer à son enterrement. le passé, le présent, le futur ont toujours existé, se perpétueront à jamais. […] Un Tralfamadorien, en présence d'un cadavre, se contente de penser que le mort est pour l'heure en mauvais état, mais que le même individu se porte fort bien à de nombreuses autres époques ». Alors, qu'il se passe des événements joyeux dont on peut tirer gloriole ou que les événements semblent s'enchainer dans une espèce de fatalité funeste, peu importe : les Trafalmadoriens et Kurt Vonnegut à leur suite ont atteint le sommet de toute philosophie, résumée en une phrase : C'est la vie. Alors mon gars, si tu espérais trouver un peu de mérite à te sacrifier ou à sacrifier les autres (à la guerre ou ailleurs), n'oublie pas ce détachement troublant des grands êtres Trafalmadoriens, n'oublie pas que tu n'existes pas, mais cependant à jamais, et que toutes les ambitions que tu peux nourrir sur cette terre sont certainement vaines, mais d'autant plus mauvaises que tu agis sans savoir, croyant poursuivre le bien et la gloire lorsque tu ne fais qu'exécuter la condamnation de ta soumission. C'est pourquoi Kurt Vonnegut parle surtout de toutes les histoires importantes de la vie dérisoire de Billy : un mariage, des rencontres, une famille, et les épisodes de la guerre surviennent parfois, comme une erreur, insignifiants comme tout mais pire que ça, dommageables. Abattoir 5 ne constitue plus ce viatique qui voudrait nous rendre la guerre bandante. Il ne faudrait pas pour autant que les personnes éplorées de sens finissent à leur tour par se consacrer à l'écriture.
Lien : http://colimasson.blogspot.c..
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C'est le deuxième roman américain sur le traumatisme de la guerre que je lis récemment. Celui la raconte une page inconnue de la libération de l'Europe en 1945, alors que l'avancée des alliés vers l'est était émaillée de morts, de prisonniers et de massacres perpetués par les belligérants (où l'on se voit confirmer que le bombardement de Dresde fut plus meurtrier qu'Hiroshima et tout aussi inutile).
Mais, par rapport à Tim O'Brien (Les choses qu'ils emportaient) qui parle à nos émotions, ce petit livre parlent à notre mémoire, mais ne parvient pas à nous prendre au coeur.
L'auteur annonce dès le début qu'il n'y a pas matière à faire un livre sans délayer, la préface annonce les ressorts de la narration temporelle et du coup, tout est prévisible et sans surprise. De plus le style atténue tout avec un humour de second degré pas toujours à propos.
C'est sympa à lire, intéressant, mais sur ce sujet j'attendais tellement mieux.

Un conseil : lisez la préface en dernier !
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Longtemps j'ai cru qu'il s'agissait d'un roman de Science-Fiction.
Tout part d'une histoire vraie, celle de l'auteur, un américain de la quatrième génération.
En décembre 1944 le soldat Vonnegut est fait prisonnier dans les Ardennes. Début 1945 il est à Dresde lors du fameux bombardement
Enfermé dans un abattoir, il survit aux bombes. Les jours suivant il creuse les décombres à la recherche de corps. Schlachthof-Fünf ! Un nom aboyé qui résonnera longtemps dans sa tête.
Roman du Trauma ?
Cette tragédie, Kurt Vonnegut ne parvient pas, même vingt ans après, à y retourner, fût-ce par écrit. du moins pas en personne. Alors il s'invente un double, Billy Pèlerin.
Il va rôder autour de l'épicentre de la tragédie, il va tracer autour d'elle des cercles concentriques, mais sans jamais y pénétrer vraiment. le livre s'achève alors que nous n'aurons même pas assisté à l'exécution de ce « pauvre Edgar Derby » fusillé pour une théière, dont l'annonce du triste sort est pourtant souvent rappelée.
Roman antimilitariste ?
Paru en pleine contestation de la guerre du Vietnam, ce récit, comme une histoire burlesque de la seconde guerre mondiale, éparpillé façon puzzle frappe certaines consciences américaines et occidentales. Les vétérans se reconnaissent dans son récit des atrocités de la guerre.
Parce qu'il serait irrespectueux à l'égard des soldats Américains morts, parce qu'il est « obscène » la contre-culture en fait un gourou.
Roman du temps ?
Le récit est soumis à un curieux effet de balancier qui rejette Billy Pèlerin dans le futur ou dans le passé aussitôt que le cours du récit l'amène trop près de la date fatidique.
Depuis son retour de Dresde, Billy Pilgrim est décroché du temps. À chaque fois il ignore sur quelle scène il débarque. Sa mémoire lui est inutile.
Quand le passé (la cause) et le futur (l'effet) n'existent pas, il n'y a plus de pourquoi.
Roman du tragique et de l'absurdité ?
La narration d'apparence aléatoire, qui fait s'entrechoquer scènes comiques, récits absurdes et anecdotes horribles, rythmée par la phrase concluant les paragraphes à chaque fois qu'ils évoquent un désastre : « C'est la vie » (« So It Goes »).
Ces trois mots scandent le roman à chaque page, comme un vers formulaire chez Homère.
Plutôt « ainsi “va” la vie », introduisant une dynamique là où nous sommes paralysés par l'impossible recours à la causalité.
Roman de Science-Fiction ?
Rien de bien SF dans ce récit, du moins de la SF « genrée »
Sinon l'introduction dans le parcours de Billy Pilgrim d'un épisode dans un zoo de la planète des Tralfamadoriens qui ont la particularité d'avoir une conception plus évoluée du temps, sautant d'une époque à une autre à tout moment, capacité appréciable pour supporter la condition de prisonnier de guerre, ou celle d'homme marié.
D'un récit qui commence par « Ecoutez, écoutez, Billy Pèlerin a décollé du temps » et qui finit sur trois notes d'oiseau : Cui-cui-cui ? », plein de bonnes idées, on pouvait attendre beaucoup.
Mais alors pourquoi me semble-t-il qu'il manque quelque chose pour en faire un chef d'oeuvre.
Une absence de vie intérieure typiquement wiquipedienne ?

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Cela aurait pu me plaire, cela aurait du me plaire. Mais j'ai abandonné ma lecture à la centième page. Cela ne m'arrive quasiment jamais, parce que lorsque cela ne me plait pas, je lis en diagonale, je saute des lignes, voire des pages, mais je vais jusqu'au bout. Là, je préfère le laisser de côté et le reprendre dans quelques mois ou quelques années, peut-être que ce n'est pas le bon moment.
J'ai aimé l'écriture, les parties du récit ancrées dans le réel.
Mais même si j'en comprend la finalité ( l'absurdité et les traumatismes de la guerre), les parties sur les sauts temporels m'ont paru trop obscurs pour que j'en saisisse la symbolique ou alors il aurait fallu que l'humour y soit plus présent
Bref une déception, mais plus liée à mon incapacité à apprécier ce roman qu'à la valeur du roman en lui même.
C'est la vie.
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Par le biais d'éléments de SF et de scènes à la fois grotesques et farfelues, Vonnegut aborde en toile de fond l'absurdité de la guerre et du penchant humain à l'autodestruction de ce qui l'entoure. Plutôt difficile d'accès de par la volonté de raconter le bombardement de Dresde en prenant des détours sans cesse plus inventifs et loufoques, ce roman se lit tout de même aisément mais sans toutefois transcender comme l'on pouvait s'y attendre après avoir lu l'accroche : "chef d'oeuvre de la littérature américaine".

Récit de la fin du temps de l'innocence, si tant est qu'il ait un jour existé. Tragique et intemporelle croisade des enfants. C'est la vie.
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Troisième lecture, mais je vais être honnête : tout comme les deux dernières fois (quand j'avais 16 ans et quand j'en avais 51), ce livre ne m'a pas vraiment captivé, le ton est trop cynique pour moi et le bombardement d'absurdismes trop grand. Mais si vous démêlez tout et que vous le remettez en place, alors c'est un roman assez impressionnant. Et pas si simple à situer, même s'il est rangé dans des catégories comme la science-fiction, l'absurde ou le roman (anti-)guerre (je ne pense que ce soit vraiment un roman anti-guerre). Et, bien sûr, c'est tout cela, mais après la troisième lecture de ce livre, il m'est clair que c'est essentiellement un roman philosophique.

Par exemple, il y a une vision très spécifique et ingénieuse du temps. Pour cela, les Tralfamadoriens, entre autres, sont mis en scène : ils ne connaissent pas le temps linéaire (un instant après l'autre), mais voient tout d'un coup d'oeil, du début à la fin ; un peu comme Dieu selon Augustin dans ses Confessiones. La causalité est une notion qui n'est tout simplement pas pertinente : « Les Terriens sont les grands explicateurs, expliquant pourquoi cet événement est structuré tel qu'il est, indiquant comment d'autres événements peuvent être atteints ou évités. Je suis un Tralfamadorien et je vois toute l'éternité comme vous verriez une chaîne des Rocky Mountains. L'éternité est l'éternité. Cela ne change pas. Il ne se prête pas à des avertissements ou des explications. Ça existe. Regardez-le instant après instant et vous verrez que nous sommes tous, comme je l'ai déjà dit, des insectes dans l'ambre."

Cette façon « divine » de regarder imprègne tout ce roman. Ainsi, le passage clé pour comprendre Abattoir 5 me semble donc être celui-ci, où le Tralfamadorien parle des livres qu'il a lus : "chaque bouquet de symboles est un message bref et urgent - décrivant une situation, une scène. Nous Tralfamadoriens les lisons tous en même temps, pas les uns après les autres. Il n'y a pas de relation particulière entre tous les messages, si ce n'est que l'auteur les a choisis avec soin, pour que, vus tous ensemble, ils produisent une image de la vie belle et surprenante et profonde. Il n'y a pas de début, pas de milieu, pas de fin, pas de suspense, pas de morale, pas de causes, pas d'effets. Ce que nous aimons dans nos livres, ce sont les profondeurs de nombreux moments merveilleux vus en même temps.

Eh bien, je pense que c'est comme ça qu'il faut lire ce livre de Vonnegut : toutes ces bribes d'histoires absurdes (dans le présent, dans le passé, dans le futur, à Dresde, aux États-Unis, sur la planète des Tralfamadoriens...) ensemble, et alors vous obtenez cette "profondeur de ces nombreux moments merveilleux".

Cela fait de ce roman un postmoderne par excellence. Et cela est mieux illustré dans la grande scène dans laquelle Billy voit un documentaire de guerre à l'envers. Non seulement ce livre est postmoderne, mais dans la mesure où les États-Unis personnifient la modernité, ce roman est également anti-américain de part en part : Billy est un anti-héros, la vie est absurde (la guerre et l'héroïsme étant la quintessence de l'absurde), la gérabilité et la malléabilité de la vie et de la réalité sont des illusions. Et central et plus fondamental : la notion de libre arbitre est une illusion absolue, car tout est comme il est, « ainsi vont les choses ». Et tout cela est servi par Vonnegut dans une sauce d'humour sec.

Vu sous cet angle, ce livre semble assez impressionnant. Mais je vais le répéter : ça ne m'a toujours pas plu. Peut-être suis-je encore trop coincé dans (l'illusion) du modernisme ?
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Willy Pélerin est né à Ilium en 1922. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé dans l'Infanterie en Europe et capturé par les Allemands. Démobilisé en 1945, il s'établit comme opticien, se marie et a deux enfants. Au début de 1968, l'avion dans lequel il se trouve percute le sommet d'une montagne. Seul rescapé, il perd sa femme qui décède accidentellement pendant son séjour à l'hôpital. Il abandonne alors ses occupations et fait une série de conférences au cours desquelles il annonce qu'un an plus tôt, il a été enlevé pendant une faille du temps par une soucoupe volante et transporté ur la planète Tralfomadore. Ses enfants pensent qu'il a perdu la raison lors de son accident d'avion mais Willy Pélerin a gardé la possibilité de décoller du temps. Il voyage ainsi dans le temps passant d'un coup de sa nuit de noces au camp de prisonniers où il était retenu pendant la guerre, de son lit d'hôpital au bombardement de Dresde en février 1945.
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Ce livre est un classique que j'avais découvert à l'écoute de l'émission Nova Book Box de Richard Gaitet, il y a un moment de ça maintenant.

Kurt Vonnegut mélange avec maîtrise l'absurde et les dénonciations sur les effets de la seconde guerre mondiale sur les populations. On y décèle une plume acerbe et des éléments réels. Plusieurs histoires s'entremêlent selon les époques et on suit le même personnage ballotté dans le temps. L'auteur déstabilise son lecteur dans la forme mais je n'ai pas pu décrocher pour autant. C'est un bouquin étonnant, avec une vision très juste sur les dégâts psychologiques chez les soldats (sans s'arrêter aux blessures physiques). Je suis très curieux de découvrir un autre livre de Kurt Vonnegut. Quel livre conseilleriez-vous ?
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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