Bernie Gunther, tome 13 : L'offrande grecque

- Nous n’avons rien à craindre des Russes. J’en suis convaincue. Ils nous ressemblent.
Je ne relevai pas. Les Russes ne ressemblaient à personne. N’importe qui en Hongrie ou en Allemagne de l’Est vous aurait dit. Si un jour les Martiens traversaient l’espace pour envahir notre planète, avec leurs plans de conquête et de migration, ils se sentiraient chez eux dans la Russie soviétique.

Même s’il était important de ne pas oublier, il valait mieux ne pas se souvenir parfois, pour permettre au présent d’écrire par-dessus le passé.

(Seuil, p.451)

-Vous pouvez parler librement. C'est votre façon de penser qui m'intéresse, pas ce que vous pensez.
-Bien. Allons-y. Nous vivons une époque d'amnésie internationale. Ce que nous avons été, ce que nous avons fait? Tout cela n'a plus aucune importance maintenant que nous sommes du côté de l'American way of life. Une seule chose compte de nos jours en Allemagne: les américains ont placé un canari dans la mine de l'Europe afin d'avoir le temps de déguerpir si les Russes décident de franchir la frontière. Et ce canari, c'est nous.

Vous n'êtes pas un homme instruit, Bernie. N'est-ce pas ? Certes, vous avez obtenu votre Abitur, mais vous n'êtes jamais allé à l' université. Sinon vous sauriez que le cynisme est une position intellectuelle respectable. C'est l'unique façon de voir les mensonges sous leur vrai jour.

Et comme disait ma mère - c’est bien de joindre les deux bouts, mais parfois, c’est chouette d’avoir de quoi faire un nœud.

— En tant qu’Allemand, je réfléchis souvent à des sujets philosophiques.
— Par exemple ?
— Ces derniers temps, je me demande pourquoi Mickey porte un short et Donald une chemise, mais pas de short. Pourquoi est-ce que Dingo parle, alors que Pluto aboie seulement ? Pour moi, c’est un mystère.

(Seuil, p.284)

Parfois le courage, c’est juste ce petit espace qui existe entre deux sortes de peur :celle de l’autre et la mienne.

-Nous n'avons rien à craindre des Russes. J'en suis convaincue. Ils nous ressemblent.
Je ne relevai pas. Les Russes ne ressemblaient à personne. N'importe qui en Hongrie ou en Allemagne de l'Est vous l'aurait dit. Si un jour les Martiens traversaient l'espace pour envahir notre planète, avec leurs plans de conquête et de migration, ils se sentiraient chez eux dans la Russie soviétique.

Certains mots allemands sont si longs qu'ils sont partagés en différents fuseaux horaires.

-Demandez-vous plutôt ce que j'ai fait durant la guerre.
-Je ne suis pas naïve. Vous êtes allemand. Je n'ai jamais imaginé que vous dirigiez un orphelinat ou que vous travailliez pour Walt Disney.