Anamorphosis

Plusieurs histoires indépendantes les unes des autres composent ce manga, qui est donc un genre de recueil. La première histoire découpée en plusieurs parties occupe l'essentiel du volume et lui donne son titre.

Anamorphosis est un show organisé par un multi-milliardaire auquel on participe sur invitation. Reconstitutions de scènes de crime, spiritisme et déguisements en costume de monstre sont au programme dans un studio recréant minutieusement un décor urbain, sous doute de Tokyo. Cette fois malheureusement, cela tourne mal, l'acteur-candide d'un jour jouant le monstre décède sous son costume. Mais le médium de service réinsuffle l'âme du défunt dans le costume, et une demi-douzaine de candidates et candidats à ce show, appâtés par le gain promis se retrouvent en lice. Le jeu va se dérouler dans le décor, les candidats ne vont pas rester confiants très longtemps, car ils vont succomber les uns derrière les autres. Nos personnages naviguent entre suspicion envers leurs co-équipiers / concurrents et angoisse de tomber sur le monstre. Mais au fait, ils sont de bien petite taille pour des humains, à tel point que le décor s'impose à eux comme la vraie ville, que le monstre domine ! Ne seraient-ils pas des pantins manipulés ? Mais qui tire donc les ficelles ?

Les autres textes sont d'un intérêt et d'une qualité très diverses : parfois sans queue ni tête, parfois si et dans tous les sens du terme, comme cette enquêtrice qui résout une affaire de crime sado-masochiste. Elle n'hésitera pas à payer de sa personne pour reconstituer elle-même sans pudeur aucune la scène de crime sous l'oeil médusé de son commissaire, ou cette femme-pluie qui provoque un déluge météo dès qu'on la touche et dont un savant fou va se servir pour reproduire le phénomène à l'échelle de la planète et influencer la marche géo-politico-climatique du monde…Sinon, il y a cette femme qui fait toujours trop à manger et apporte son plat à son jeune couple de voisins, avant que des policiers ne débarquent pour apprendre à ces mêmes voisins…qu'elle est soupçonné d'avoir fait disparaître des enfants en les cuisinant…et le plus horrible est encore que le couple va reprendre la pratique à son compte ! Ou encore cette lycéenne qui se retrouve un jour seule face à ses profs, tous les autres élèves ayant décidé de ne plus jamais venir en cours…elle découvre bientôt que, retranchés chez eux comme des hikikomori, ils sont devenus des monstres informes à force de se goinfrer et obsédés sexuels…et quand elle retourne voir au lycée, les profs s'y sont mis aussi !!!

Un recueil étrange et inégal…parfois excellent (le scénario et les décors d'anamorphosis), parfois horrible, vulgaire et gore, trash, machiste, volontairement grotesque pour utiliser les clichés sur les japonais (le phénomène des hikikomori, ces jeunes reclus dans leur chambre, les perversions sexuelles et psychologiques, l'histoire vraie du canibale qui avait mangé sa copine...). L'auteur a parfois eu trop le sens du raccourci à mon goût, les chutes tombent d'un coup, comme s'il manquait une page ou deux intermédiaires, ce qui parfois nuit à la compréhension ou à la crédibilité de l'histoire, qui sont de toute façon abracadabrantesques comme aurait dit feu un ancien de nos présidents. Le ton général est finalement bien d'un mangaka japonais, dans cette capacité à ne reculer devant aucun sujet dérangeant !

J'avais toujours connu Shintaro Kago à travers son art et ses illustrations, j'ai donc été agréablement surprise de découvrir qu'il était également mangaka et qu'Anamophosis se trouvait dans la médiathèque près de chez-moi.
Je n'ai pas particulièrement aimé les dessins, surtout les expressions des personnages qui étaient plutôt grossières, ce qui en soi est étrange puisque je les trouvais réussis dans ces illustrations. Je pense qu'il prenait plus le temps de perfectionner ces personnages dans ces peintures. Par contre, je dois reconnaître que les nombreux bâtiments, les petites maisons et le décor sont très bien réalisés avec une perspective parfaite.

J'ai beaucoup aimé l'idée originale, réfléchie et prenante. Suspens, horreur, crime et dégoût sont au rendez-vous !
Ce manga est composé de l'histoire principale Anamorphosis mais également de neuf petites histoires, très courtes mais à réserver à un public averti. Des images crues qui ne censurent rien. Pour ma part, je n'ai vraiment pas accroché à ces histoires qui m'ont juste dégoûté. Des histoires abracadabrantes qui utilisent n'importe qu'elle excuse pour montrer du sexe grotesque même quand la situation ne s'y prête pas.

Durant 48h, six personnes ont été invités à participer à un jeu spécial : Anamorphosis, un jeu dans lequel les participants sont enfermés dans la reconstitution d'une scène de crime et où le défunt est appelé à revenir parmi les vivants. Ceux qui arrivent à survivre durant ces 48h empochent la somme colossale de 60 000 000 ¥ (environ 600 000 €). On prend le parti d'une part des participants et de l'autre de deux personnages extérieurs : un réalisateur et son assistant. Une enquête se forme petit à petit et les pièces d'un puzzle complexe se rejoignent pour former à la fin une chute surprenante.

Des candidats à un jeu morbide sont enfermés 48h dans la reproduction d'une scène de meurtre. Mais ils vont devoir cohabiter avec ce qui semble être le fantôme de la victime... Jouant sur diverses techniques cinématographiques qu'il applique ici au manga, l'auteur offre un scénario fouillé et surprenant.
Les autres nouvelles qui composent ce recueil surfent sur le thème de l'érotisme grotesque et sont moins faciles d'accès, ou du moins plus dérangeantes que la première.

Sans intérêt pour moi.