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4,17

sur 1007 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Année 50, un village de Bretagne,
Un fils qui disparaît, celui d'Anne,
Un creux,
Un vide,
“Depuis, ce sont des jours blancs.”

“Tu n'aurais pas dû......
Oui, il n'aurait pas dû. Pas dû dégrafer sa ceinture en cuir et en frapper Louis jusqu'à avoir mal au bras.”. Il, c'est Étienne, le mari, Louis, c'est son beau fils, le fils d'Yvon.
Détresse d'une mère, un malheur, ça ne se partage pas......

Que dire de cette écrivaine qui me subjugue....une prose sublime qui illumine un texte dont le fond est pourtant des plus banals ; en un court paragraphe, elle est capable de nous aller droit au coeur avec la simple description du calvaire d'une pension pour garçon, descriptions pourtant déjà faites dans moult récits, “Il y avait le dortoir inhospitalier, avec les draps pleins d'humidité, la couverture trop mince, les ronflements et les halètements obscènes des plus âgés, sous le regard d'un Christ immense, visage de supplicié accroché à son bois,...”.
Le temps d'une lecture, elle m'a fait vivre avec Anne dans ce village, sentant au plus profond de moi-même, ses joies, ses peines, sa longue attente et sa souffrance indicible, qu'on ne peut que partager quand on est mère soi-même.
J'ai adoré Anne , j'ai adoré la fin, sublime !
Ce doit être ça le talent, nous hypnotiser, nous émerveiller, nous lectrices et lecteurs.

« ......cette grotte où nous vivons seuls, où personne ne peut entrer, à cette part obscure et inavouable que nous portons en nous. »



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Comment décrire l'émotion qui m'a submergée à la lecture de cet ouvrage de Gaëlle Josse dont j'ai pourtant lu tous les livres?

Elle donne la parole à une mère déchirée, dévorée , coupée en deux par la souffrance et l'attente, Anne Quemeneur, veuve le Floch, dont le fils Louis, seize ans a fugué , dans les années 50 dans un petit village de Bretagne ....

Contrairement à mon habitude je ne m'étendrai pas sur l'histoire que chacun peut découvrir , ce qui m'a touchée au plus profond, c'est la douleur ,la tristesse infinie , le déchirement comme si nous le vivions nous-mêmes, de cette mère , l'immensité de son amour inconditionnel pour son fils.

Le portrait de cette femme est bouleversant , poignant, douloureux.Toute en retenue , pudique, aimante ,sensible,douce, attentive, elle vibre intensément de chagrin à l'intérieur sans en rien montrer aux autres. Elle se réfugie dans son ancienne maison, tiraillée entre l'amour pour son deuxième mari Étienne, ses deux enfants nés de cette union, et l'incompréhension liée au geste de son mari qui l'aime trop .....

L'auteur, avec une sensibilité rare, hors norme, une subtile délicatesse, une écriture ciselée comme un diamant, lumineuse, fine, travaillée à l'égale d'une toile de maître, nous touche au coeur, dévoile les sentiments comme elle sait si bien le faire !


On sent les matinées glacées, l'odeur des hortensias, des embruns, la couleur ambre du sable des sentiers, les cris des mouettes, les odeurs de gazole , des flaques d'huile, dans un encombrement de tôles, de fer, de métal, de caisses, de treuils au milieu des hommes qui crient avec de grands gestes sur le port....
Ces douleurs intimes, une espèce de gouffre, de puits sans fonds ,ne vont -elles- pas dévorer -miner- user-cette mère secrète, généreuse, courageuse et fière, qui délivre et soulage sa souffrance au sein de magnifiques billets , en décrivant les festins à venir si ce fils fantôme revenait un jour.?
Anne incarne et préfigure toutes les mères qui tiennent debout contre vents et marées....
" Je suis seule , au milieu de la nuit, au milieu du vent.
Je devine que désormais, ce sera chaque jour la tempête ."

Un portrait de femme bouleversant, intense, de chagrin et d'amour et une écriture magnifique .La Grâce! Lu d'une traite .

Les mots sont à leur juste place !
Merci madame Gaëlle-Josse . quel talent ! On aimerait vous connaître !
Je remercie ma libraire , Marie !
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Un roman sur l'amour maternel ; cet amour inconditionnel, absolu, et souverain ; cet amour de toute une vie, des petits riens et des grands moments de l'existence ; cet amour qui protège, soigne, console, transmets et encourage ; cet amour empli de vigilance et d'inquiétudes, de caresses, de rires, de nuits blanches…
Un roman sur la douleur de l'attente. Cette souffrance insupportable durant les moments de longs silences et de solitude, qui vous grignote le coeur, vous étouffe, occupe toutes vos pensées, finit par vous rendre fou…
Un roman sur le remord, sur la faute commise qu'on ne peut réparer, qui ruine une vie, poursuit, harcèle, blesse, laisse les bras ballants, désarme, rend impuissant…
Un roman sur le retour arrivé bien trop tard, sur les souvenirs qui vous poignent le coeur, font couler des ruisseaux de larmes et trembler les mains…
Un roman sur les regrets, et tous ces moments à jamais perdus, envolés aux quatre vents…
Le roman de toute une vie, avec ses flamboyances, ses drames, ses broutilles et ses zones d'ombre.
Un roman qui m'a subjugué et m'a « parlé » bien au-delà du raisonnable.



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Trouvé par hasard sur une étagère de la bibliothèque de mon village, la couverture de ce livre m'a interpellée (ou appelée !!!!). La 4ème de couverture m'a littéralement clouée sur place. Il me fallait emprunter cet ouvrage... indéniablement.
Je ne savais pourtant pas si je pourrais lire cette histoire, arriver jusqu'à la dernière page.
Cette histoire, c'est la mienne (excepté l'époque).
Gaëlle Josse a su mettre des mots sur un départ inexpliqué, sur une absence qui n'a pas de fin, sur une douleur...
Pour ceux qui me connaissent, voilà...
Il n'y a que ces mots qui soient vrais, elle a mis les bons mots sur un ressenti. Une longue impatience est pour moi une évidence. Je l'ai lu les larmes aux yeux. J'ai été tenté de refermer ce petit livre plusieurs fois... Tout est tellement vrai.
Donner mon avis sur ce livre de façon neutre est impossible pour moi...
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Même si j'ai adoré et lu le dernier roman de Gaëlle Josse la nuit dernière, je n'en suis pas moins très embarrassée pour en parler...
Magnifiquement écrit, cette histoire ressemble à une tragédie antique; j'ai "dévoré" cette histoire, mais quelle tristesse, quelles douleurs endurées par cette mère, tiraillée entre l'amour de son second mari et l'adoration pour son fils...

Situons un minimum l'intrigue: une veuve de marin, Anne, se retrouve seule et démunie pour élever décemment son unique fils, Louis., en 1943...

Elle ira à l'usine, gardera dignité et réserve. "Une Mère Courage"... qui se voit demander en mariage après un temps décent de veuvage par Etienne [ Deux années respectées par le soupirant], fils unique du pharmacien. Nous apprenons qu'Etienne, l'un des plus beaux partis du village n'a d'yeux et d'amour que pour Anne, la veuve du marin le Floch, depuis toujours.!

Ils ne sont pas du même milieu social, les villageois cancanent...mais ils s'aiment, l'amour d'Etienne est toutefois trop fort, il ne supporte pas le partage avec son beau-fils, Louis, qu'il a pourtant promis de protéger et d'aimer comme son fils... mais Etienne a présumé de lui-même, et de son attachement exclusif envers Anne...

Il maltraitera, frappera, disputera Louis; Anne essaye de temporiser, de compenser cette exclusion, car elle est tiraillée entre ses deux amours... Et puis un jour, elle arrive trop tard; une correction de trop... et Louis part, prend la mer comme son vrai père et restera absent durant des années interminables où la mère est littéralement déchirée en deux...

Elle assume sa nouvelle vie avec Etienne, ses deux autres enfants, Jeanne et Gabriel...au prix d'efforts inimaginables...

Grâce, entre autres à son jardin secret, qui atténue quelques instants cette douleur insupportable de l'absence de son aîné, Louis... Elle essaye de taire le manque, en écrivant , en imaginant des retrouvailles "merveilleuses" avec son fils adoré, un jour prochain !.

Ce jardin "secret" ce sont des retraits "solitaires" dans son ancienne petite maison de pêcheur, modeste mais contenant l'essentiel ,le "noyau" de ce qu'elle est en profondeur... même si elle devenue l'épouse respectable et aisée du pharmacien ... son coeur et son âme sont contenus "ailleurs"...
Même si elle continue d'aimer Etienne, elle se sent étrangère dans sa propre demeure... Seuls les câlins, la tendresse déployée pour Jeanne et Gabriel l'aident à "rester debout envers et contre tout !

Toujours une émotion personnelle intense à lire les paysages, les odeurs, les embruns, les couleurs de la lande et des horizons bretons...

...Et on ne peut être que bouleversé par l'immensité de cet amour maternel, amour infini, difficilement exprimable...Il en faut du talent pour écrire, garder en haleine le lecteur sur un sujet, que l'on pourrait traiter de "banal", d'ordinaire...

Un sujet si ténu, universel que les liens uniques entre une mère et son enfant... Un très beau portrait de femme...fière, aimante ,discrète et courageuse...dans un style inégalable, d'une poésie , d'une légèreté et d'une émotion , à nulle autres pareilles !

"Car toujours les mères courent, courent et s'inquiètent, de tout (...)
Elles s'inquiètent dans leur coeur pendant qu'elles accomplissent tout ce que le quotidien réclame, exige, et ne cède jamais. Elles se hâtent et se démultiplient présentes à tout, à tous, tandis qu'une voix intérieure qu'elles tentent de tenir à distance, de museler, leur souffle que jamais elles ne cesseront de se tourmenter pour l'enfant un jour sorti de leur flanc." (p. 147-148)
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Poignant et déchirant, ce roman respire en moi tout l'amour porté à mon fils, il fait écho à cette longue impatience qui un jour, habillera les jours vides de son absence. Comment ne pas être touchée en plein coeur par cette plume déchirée de Gaëlle Josse... Elle résonne et ouvre les portes de ces maisons où l'amour n'est pas partagé de manière égale, faute à ces ménages recomposés dont le passé n'est pas forcément accepté. Avec des enfants mal-aimés. C'est sur ce triste tableau que le fils premier d'Anne, Louis, s'enfuit en mer. Fuir le rejet du beau père, le mal d'amour, la douleur. Anne se prend de plein fouet ce départ, la culpabilité du portrait de famille écorchant son coeur de mère éprise de ce fils Louis.
Une longue impatience, ce sont ces heures qui vont s'agglutiner en cette mère, lui rappelant tout de son fils aimé.
Tiraillée, en manque, apeurée, c'est tout un amour tenu en laisse par les erreurs des uns et des autres. Un beau père qui peine à l'accepter ce sang étranger, une mère qui peine à réagir, à faire réagir.
Moi qui élève seule mon fils, bientôt en âge de ce Louis, comment ne pas être bouleversée par ce manque...
Un enfant porté dans son ventre, dans sa chair, le sang de son sang, un amour immortel, Gaëlle, vous m'avez touchée en plein coeur.
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Il est des textes que l'on hésite à commenter , dans la crainte de les profaner, tant l'écriture est belle. Si l'on y ajoute une histoire dramatique et terriblement émouvante, le pari est gagné et le roman fera partie de ceux que l'on oublie pas .

Dans les années 50, sur les côtes bretonnes qui ont vu tant de femmes attendre l'arrivée de leur mari, sans nouvelles depuis de nombreuses semaines, Anne guette les voiles qui signifieraient le retour de son fils, parti après une violente altercation avec son beau-père .
Elle aurait pourtant mérité un peu de répit, cette jeune femme, après une enfance de misère et de violence, et un veuvage précoce. Les cieux semblaient plus cléments lorsque le pharmacien du village, épris d'elle depuis toujours, lui demanda sa main. Alors pourquoi cette nouvelle épreuve?

Le récit est rythmé par les magnifiques lettres qu'Anne rédige à l'intention du fils disparu, dans une prose émouvante. Sans mièvrerie, car la vie l'a suffisamment éprouvée :

«  Je sais pourtant que c'est ce qu'on appelle la vie, dévorer ceux qui sont plus faibles que nous, s'en nourrir pour se donner de la force, c'st ainsi depuis la nuit des temps »


Impossible de ne pas ressentir une profonde empathie pour cette jeune femme atteinte dans ce qu'elle a de plus cher. Comme à une amie proche, on voudrait lui prendre main pour tenter de la convaincre qu'elle n'a pas démérité, qu‘elle n'a pas usurpé sa place, et que le malheur n'est pas inéluctable. En vain sans doute.

Dans ce récit, tout prend une dimension poétique , jusqu'à la description d'une simple clé :

«  C'est une clé rustique, en fer vieilli, avec des taches de rouille, un objet d'un temps révolu qui raconte des histoires de mer, de marins perdus, de récifs, de tempêtes, de brouillards, des histoires de femmes qui attendent , toujours. »

L'écriture est aussi simple que la trame narrative, sobre et efficace, élégante et subtile. C'est par cette délicatesse que l'auteur nous atteint et déclenche des flots d'émotions et de compassion.

Prix public du salon de Genève
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Le manque du fils.
Comment rester insensible à ce magnifique roman ? Difficile.
Bretagne. Avril 1950.
«Ce soir Louis n'est pas rentré. Je viens d'allumer les lampes dans le séjour, dans la cuisine, dans le couloir. Leur lumière chaude et dorée celle qui accompagne la tombée du jour, si réconfortante, ne sert à rien. Elle n'éclaire qu'une absence ».
Le roman s'ouvre sur une disparition, celle de Louis, seize ans. Ces mots, sont ceux de sa mère Anne.
Né d'un premier mariage, souffrant de l'absence de son père mort en mer il y a longtemps, Louis peine à trouver sa place dans cette nouvelle famille auprès de ses deux jeunes frères et soeurs et de son beau-père d'autant qu'il ne s'entend plus avec ce dernier « entré par effraction dans sa vie ». Un soir après avoir reçu des coups, il disparaît.
Rongée d'inquiétude Anne apprendra qu'il s'est embarqué sur un cargo.
Commence alors pour elle, un long calvaire, une attente qui la consume. L'absence devient omniprésence.
Elle parcourt la Lande, la grève, le port, « la maison aux volets bleus » pour le ressentir. Elle le cherche, le sent, le voit en toutes choses.
Chaque battement de son coeur lui est dédié, chaque pensée, chaque geste est marqué de lui, de son souvenir.
« Absente aux autres » déconnectée de son entourage, reliée à Louis de façon exacerbée elle s'enfonce dans le mutisme, intériorise son chagrin car elle n'est pas de ces femmes qui se plaignent, non, Anne est digne, solide, fière, taiseuse, du moins en apparence.
Dans ce chaos calme elle affronte le quotidien de façon mécanique avec des gestes robotisés.
Epiée par les gens du village elle fait l'objet de commérages.
Elle, la roturière qui a épousé un bourgeois s'est difficilement adaptée à ce milieu conventionnel. Cette « sauvageonne » au passé difficile est si différente de son époux, pharmacien, fils de bonne famille, l'ayant sortie de sa condition de veuve et de prolétaire mais en même temps phagocytée.

Gaëlle Josse dépeint un portrait éblouissant de femme, gangrenée par le manque et la culpabilité, avec une écriture sensitive, pleine de lyrisme et de finesse alternant entre monologue intérieur et lettres.

Superbe.
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Un roman au goût de légende bretonne. Une mère attend son fils parti en mer. Debout sur la falaise, elle scrute l'horizon, bravant tous les temps, toutes les solitudes.

En équilibre entre deux vies, entre deux sentiments, elle brode les jours avec ses larmes, ses petits bonheurs, et son impatience.
Anne nous raconte le vide au creux de son ventre, le vide de son fils Louis, aussi effrayant que le Trou du diable.

On ne peut dévoiler davantage l'histoire. Il faut la découvrir. Une histoire de vie qui danse au rythme d'une « épuisante sarabande ».

L'écriture est poétique. Une plume sombre mais légère pour dire les blessures, à l'image de cette femme qui ne se plaint jamais, trop habituée aux maux. Son cri se fond dans celui des mouettes et du vent qui gifle. Il se repose sur les couleurs de l'été ; les hortensias, les camélias, les genêts, la bruyère, et la maison aux volets bleus.

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A partir d'un sujet triste comme un jour d'hiver, Gaëlle Josse amène de la grâce dans ses phrases chargées de poésie et empreintes de mélancolie.

La douleur d'une mère meurtrie par l'absence de son fils et détruite par la culpabilité crée une ambiance nostalgique, qui fait tanguer sans cesse les émotions tout au long du récit vertigineux de poésie.
La vie d'une mère s'est arrêtée le jour où son fils est parti et seul son retour tant rêvé et imaginé aurait pu la sauver.
Le lexique et le paysage marin accentuent l'atmosphère pesante, le coeur lourd et les jours qui finissent tous par se ressembler.

Subtile et fragile, Gaëlle Josse nous raconte que l'habitude des souffrances façonne un monde parallèle dont chacun connaîtrait les moyens de s'en extraire.


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