Voici le deuxième court roman de
Gaëlle Josse que j'ai lu. J'avoue avoir été encore moins séduite que par le premier,
Noces de neige. Peut-être le sujet en est-il la raison ? Un célèbre pianiste, François, devine au travers d'un mail reçu par un admirateur que la femme qu'il a passionnément aimée et perdue est soignée dans un établissement psychiatrique des Pyrénées. Ayant perdu sa trace depuis plusieurs années, il quitte tout dans l'espoir de la revoir et de recommencer une autre vie auprès d'elle.
Pourquoi l'intrigue ne m'intéresse-t-elle pas ? Parce que je la trouve trop convenue. le pianiste est talentueux, adulé, bien sûr un peu difficile dans ses rapports aux autres, et il parcourt sans cesse le monde pour répondre à un emploi du temps très chargé. Sophie, son amour passionnel, est une femme très belle, artiste, créatrice exceptionnelle, mais fragile sur le plan émotionnel . Cristina Bressani, la femme qui a remplacé Sophie auprès de François est aussi très belle, très élégante, très compétente (elle est dans le marketing de l'industrie de luxe), femme de tête et d'ordre. Ajoutons un luthier, survivant du ghetto d'Odessa, un frère (de Sophie) forcément vulgaire, cupide et escroc car publiciste, et un médecin antipathique. Les contours des personnages manquent de subtilité car le style sec de
Gaëlle Josse ne permet pas d'introduire beaucoup de nuances dans leur présentation.
Nos vies désaccordées joue sur la fêlure qui se crée dans le couple Sophie-François quand lui se laisse aspirer par sa carrière au moment où elle est fragilisée par l'avortement thérapeutique qu'elle subit.
Gaëlle Josse fait un parallèle entre Clara Schumann et
Robert Schumann. le musicien est interné pendant vingt-neuf mois, Clara ne le reverra que trop tard, peu avant sa mort. Sophie, internée à la demande d'un tiers – son frère – est depuis trois ans mutique, elle écoute en boucle du Schumann et ne peint que des toiles blanches. François va tout quitter pour recommencer une vie auprès d'elle et « s'accorder » le temps de vivre son amour bien que l'état de Sophie ne permettra peut-être jamais un retour à la normale.
Gaëlle Josse entremêle à nouveau deux destinées comme dans
Noces de neige (ouvrage postérieur), ici celle du couple Sophie-François et celle de Clara et
Robert Schumann. Cependant, la mise en perspective tourne court pour moi car, au-delà des trajectoires discordantes des couples séparés par la maladie mentale, Sophie et Robert ne peuvent être mis sur le même plan. L'auteur n'est pas parvenue à accorder le récit de François à la fin tragique du couple des Schumann.