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Dialogue fictif :

Mr Joncour : Alors vous avez aimé mon livre?
Kittiwake : Oui
Mr Joncour : Vous l'emmeneriez sur une île déserte?
Kittiwake : Pourquoi pas
Mr Joncour : c'est le meilleur livre que vous ayez jamais lu?
Kittiwake : Oui
Mr Joncour : Vous l'avez jeté à la poubelle?
Kittiwake : Oui
Mr Joncour, interloqué : Ah bon?!!!!

Dans ce court échange, je me suis permis de prendre la place du personnage principal (je n'ose pas parler de héros) de cette fiction, interrogé par son créateur, l'auteur. Ce personnage a perdu un mot, un petit mot, simple (comme Beaujour?), mais indispensable si l'on ne veut pas se retrouver dans des situations professionnelles ou sentimentales ingérables . Il ne peut pas dire non. Alors il dit oui, aux collègues qui lui proposent un café, au patron qui lui demande de venir un Samedi, au bus qui s'arrête devant lui et lui demande s'il veut monter. Et comme il travaille dans un institut de sondage, et qu'il est chargé de rédiger les questions et les choix de réponse, les réponses proposées sont oui ou oui ou ne sait pas! Que de belles victoires démocratiques en perspective!

Mr Beaujour doit donc affronter de multiples quiproquos et surtout faire face à un destin qu'il n'a pas de son plein gré choisi, incapable de s'opposer à toute proposition. C'est drôle et on rit, mais un peu jaune car il est impossible de ne pas se reconnaître au moins partiellement dans ce portrait poussé à l'extrême : qui n'a pas un jour accepté une proposition en se maudissant à peine le oui prononcé? C'est difficile de dire non : «allez lui faire comprendre que c'est aux autres qu'il faut dire non, et pas à soi même, à ses désirs, à ses envies, à ses besoins sans quoi on n'en finit pas de se trahir».

C'est donc un agréable et court récit juste assez caricatural pour être presque crédible, entrecoupé de «broderies» qui guident le lecteur vers les sources du problème.
Avec une belle écriture poétique et affutée.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Quand on m'a proposé ce livre, je n'ai pas su dire non !!! Mais j'aurais peut-être dû refuser…

Monsieur Beaujour travaille dans une entreprise chargée de faire des enquêtes d'opinion. Il a cependant un gros problèmes il ne sait pas dire ou a oublié le mot « Non ».
Ainsi, sa vie privée comme sa vie professionnelle est perturbée par ce handicap. On le suit au travers de situations plus ou moins cocasses. Jusqu'au jour où il reçoit une invitation à un cours d'écriture. Comptant sur l'animateur pour l'aider à sortir de cette gêne, il pense que ça sera pour lui comme une thérapie…

Au début, je lis avec plaisir et parfois même éclate de rire tant les situations sont drôles et bien racontées. A la longue, l'ambiance s'alourdit. Les phrases sont longues, trop longues… au point qu'il faille parfois la relire pour bien en saisir le sens.
Bref, je termine la lecture avec le sentiment de n'avoir pas tout saisi ce que l'auteur a voulu faire passer.

C'est regrettable. Je suis quand même allé jusqu'au bout… Normal, non ?…
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J'ai bien aimé ce roman que j'ai trouvé amusant, avec un petit côté "conte". le héros, littéralement incapable de dire non, se retrouve dans des situations surréalistes qui n'ont pas manqué de me rappeler des situations où je ne pouvais que difficilement dire "non"(je suppose que cela arrive à tout le monde...).
J'ai eu plaisir à retrouver l'écriture toute en finesse de Serge Joncour, même si j'avais préféré L'amour sans le faire dont l'histoire était plus réaliste et très touchante.
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Brillant !

Grégoire Beaujour a perdu un mot. Il ne l'a pas sur le bout de la langue, non, il ne peut plus le prononcer, ni même l'écrire. Ce mot est "non". Ce handicap semble difficilement compatible avec son emploi d'enquêteur pour un Institut de sondages et d'Études de marché. Quoique...
Pour la vie sociale et amoureuse, cela pourrait paraître appréciable a priori. Mais de conciliant à faible et/ou lâche, il n'y a qu'un pas aux yeux des autres, et on se fait vite manipuler.

Serge Joncour part de cette fable pour présenter des réflexions passionnantes sur le pouvoir des mots dans nos rapports à autrui et à nous-mêmes, sur les vertus libératrices et thérapeutiques de l'écriture. Ecriture pour soi à la recherche de son propre passé et de celui de ses ancêtres, pour retrouver ses bases, ses racines englouties (tout comme ont été noyés ces vieux villages recouverts pour construire des barrages, je trouve brillante cette métaphore qui revient en leitmotiv dans l'ouvrage).

A travers le regard de son personnage et ses souvenirs d'enfance, Joncour décortique aussi l'art de manipuler l'opinion publique, le conformisme, les phénomènes de mode et de masse qui se sont amplifiés avec les Trente glorieuses (dans les années 70 en particulier), et l'essor de la société de consommation.

Entre roman et essai, psychologie, philosophie et sociologie, cet ouvrage se dévore, sans prise de tête - n'ayons pas peur de ces "grands" mots en -ie.
Un régal d'intelligence, subtil et cynique sans être moralisateur.

--- Mais pourquoi faut-il que la plupart des couvertures en format poche et des titres de cet auteur soient si niais, moches, rédhibitoires ? Dommage, il cible probablement mal son public, de cette façon.
Son talent s'exerce pourtant dans des registres très variés (romans, nouvelles, thrillers). On retrouve ici le ton du recueil 'Combien de fois je t'aime'. J'ai apprécié également les ressemblances avec Tonino Benacquista ('Homo Erectus' en particulier) et Jean-Paul Dubois.
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C'est un très agréable conte. une réflexion sur le pouvoir des mots. Que se passe-t-il quand on ne parvient plus à dire NON ? Je vous lasse imaginer tous les quiproquos possibles dans la vie quotidienne, professionnelle, sentimentale... C'est ce qui arrive au héros de ce livre. Un personnage qui, au départ de l'intrigue, parait bien pâle, empêtré dans sa névrose, mais qui va se révéler plus astucieux et rusé au fils des page. C'est par un retour sur lui-même, une introspection qui va le mener au-delà de son enfance, sur la terre de ses grand-parents, qu'il va s'en tirer.
C'est également pour l'auteur, à travers l'histoire de son personnage, la possibilité de revenir sur les années 70, ces années où tout semblait permis, où le monde semblait s'ouvrir sans entraves vers un avenir radieux.
Je me demande si la perte du pouvoir de dire NON n'est pas pour Joncour, le symbole d'une époque où l'on doit être d'accord avec tout ce qui nous est proposé. Métaphore sur l'inutilité de se révolter. Mais j'extrapole peut-être... En résumé, c'est un livre à la limite de la farce, mais qui permet une réflexion sur la société. Ça se lit facilement et vite. Difficile de dire NON.
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C'est l'histoire d'un homme, Beaujour, employé dans un institut de sondage, qui a perdu un mot, et pas n'importe lequel : un mot qui permet bien souvent de s'affirmer… en s'opposant, un mot sacrément utile au quotidien. C'est un mot magique, l'un des tous premiers à apparaître chez le petit d'homme, bien avant le « oui » en tout cas. Face à un choix auquel on se trouve confronté, ce petit mot de 3 lettres vient désigner une forme de notre liberté : celle simplement de dire « non » à l'autre. Voilà ! Donc, Beaujour découvre qu'il a perdu le « non », il ne sait plus dire non. Alors il va s'inscrire à un atelier d'écriture, histoire de retrouver ce sacré mot. C'est à une longue descente en lui-même que notre homme va être convié, et, ce faisant, à une remontée vers les origines du « non »… jusqu'au moment où il découvre que, finalement, il n'a peut-être jamais prononcé ce sacré mot…

« L'homme qui ne savait pas dire non » est un roman polymorphe, à la fois très drôle, tendre, nostalgique, douloureux. C'est l'histoire d'une quête, celle d'un homme d'abord, à la recherche du fameux « non » et qui bute au quotidien douloureusement sur le rempart d'un impossible refus à l'autre, à ses désirs. En s'inscrivant à un atelier d'écriture, le bien nommé : « Ouvroir des mots perdus », Beaujour plonge en lui-même en dénouant le fil de l'écriture, en tricotant un langage qui le détricote au quotidien. Il s'ouvre aux mots qui jaillissent là et dévoilent, à son insu, beaucoup de lui. Comme le dit René Char (ces vers figurent en incipit du roman) : « Les mots qui vont surgir savent de nous / des choses que nous ignorons d'eux ». Et ce que Beaujour commence à découvrir, à la faveur de ces mots qui giclent d'il ne sait quelle faille en lui, c'est que son enfance y est sûrement pour beaucoup, son milieu social d'origine, ainsi que la période à laquelle il est né… Et dans « l'ouvroir des mots perdus », en tissant des broderies de mots en quête du non, Beaujour découvre que c'est en fait un nom qu'il cherche, tant il est vrai que « c'est aux autres qu'il faut dire non, pas à soi-même, à ses désirs, à ses envies, à ses besoins, sans quoi on n'en finit pas de se trahir » (p. 296)… Et le temps presse, car son patron, flairant l'aubaine, le promeut à un poste délicat sur le plan éthique : Beaujour devient cyniquement « sondeur à gages », extorquant à des employés lambda leur promesse de mutation vers des terres lointaines - voire de licenciement - par le biais d'un sondage aux apparences anodines, tout cela bien évidemment à leur insu…

C'est un beau roman, sensible, délicat, qui rejoint l'humain au plus profond d'une de ses peurs nodales : celle de déplaire, d'abord à l'autre…
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"Les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d'eux." (René Char)

Perdre le mot non équivaut à devenir un béni-oui-oui, ne plus s'opposer à rien, devenir un interlocuteur sympathique et conciliant qui caresse systématiquement ses proches et amis dans le sens du poil: "...il tend la bouche vers l'avant et cale les incisives pour souffler la décisive consonne, mais là, le mot ne vient pas, il lui reste sur la langue comme un noyau de cerise, un chewing-gum qui refuserait de buller."

Un seul mot vous manque et le monde vacille, écrit le Magazine Littéraire. Voilà ce qui arrive à Beaujour, employé dans un institut de sondage. le handicap lui réserve quelques situations cocasses et le conduit à des comportements de nature à modifier le cours de son existence paisible. Ainsi ne plus laisser le choix à ses sondés qu'entre oui et ne sait pas, ce qui convient idéalement à ceux qui cherchent à tirer bénéfice des enquêtes d'opinion, ceux qui considèrent qu'un sondage doit délivrer les conclusions attendues. Sa technique involontaire transforme Beaujour − oui permanent aux desideratas du patron −, en concepteur très demandé de questionnaires biaisés dangereux, comme celui qui consiste à faire dire à un ouvrier, malgré lui, qu'il souhaite sa délocalisation à l'étranger.

Ne pas trouver ses mots, ne fût-ce qu'un seul, amène naturellement à fréquenter un atelier d'écriture. Beaujour y suit les conseils d'un animateur intuitif: "...Les mots c'est un peu le prénom des choses, une manière de les apprivoiser, sans quoi on serait environné d'inconnus. [...]. La mémoire est un mensonge, seul l'imaginaire dit vrai." Partant de là, l'auteur insère dans le récit une série de broderies, compositions de Beaujour dans le cadre de l'atelier, textes joliment travaillés, désignés sous la belle appellation L'ouvroir des mots perdus. Un retour aux origines, au plus lointain, pour retrouver le nouveau-né, là où le mot s'est perdu, l'enfant chéri et dorloté qui n'aurait pu que dire oui aux égards et à l'affection dont il était l'objet. du oui de l'enfant bienheureux, il n'y a qu'un pas au oui des citoyens pour les évolutions sociales et technologiques pleines de promesse de la seconde moitié du vingtième siècle, la télévision pour tous, la voiture et en point de mire le merveilleux an 2000 qui promet un monde formidable: comment dire non à cela ?

Conséquence inespérée de la lacune verbale: Beaujour, alors qu'il quitte son bureau pour aller aux toilettes, ne peut refuser l'invitation de sa collègue Marie-Line qui, pensant qu'il prend sa pause de table, l'invite à partager le restaurant de midi. On devine l'embarras de notre personnage quand sa partenaire, sortant une cigarette, lui demande si la fumée le dérange: oui, forcément. Sur le coup, le gentil Beaujour devient aux yeux de Marie-Line l'homme qui sait ce qu'il veut, qui s'affirme. Une idylle sauvera-t-elle l'homme qui ne savait plus dire non ?

"Dire oui [...] donne l'impression d'un pouvoir absolu, de tout comprendre, de tout accepter, de régler le sort du monde, de tout faciliter." Beaujour dit toujours oui pour rendre sa vie plus confortable. "S'exposer à un non peut être perçu comme un rejet, une trahison, le non renvoie au néant, du moins à l'impression que nous sommes fondamentalement seuls, incompris, ou mauvais." Serait-ce par empathie que Beaujour ne dit pas non ?


Serge Joncour est l'auteur d'une dizaine de romans, dont UV prix France Télévision 2003. Il collabore à l'émission Les papous dans la tête sur France-Culture.

En certifiant ne subir aucune altération par contagion de mon vocabulaire critique négatif, j'émets pour ce livre divertissant, pas idiot du tout, qui réserve quelques pages mûries, d'une agréable langue limpide, j'émets sans ambages un indéniable OUI.

Lien : http://www.christianwery.be/..
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Beaujour exerce le métier d'enquêteur dans un institut de sondage. Son incapacité à dire non l'oblige à inventer des stratagèmes pour se sortir de situations délicates dans son métier mais également dans sa vie personnelle. Pour essayer de retrouve ce mot perdu, il s'inscrit à un atelier d'écriture.

J'ai trouvé ce roman original. Beaujour se retrouve dans des situations cocasses qui m'ont bien fait sourire. le lecteur peut à tout moment se retrouve dans le personnage, dans l'incapacité de dire non. On a tous dit « oui » alors que dans sa tête on pensait non.
J'aime ces livres qui a travers une histoire drôle, banale cachent une morale mais je n'en dit pas plus….
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L'homme qui ne savait pas dire non de Serge Joncour
( Flammarion – 297 pages )

Imaginez votre quotidien privé de « cette simple molécule de langage » qu'est la syllabe «  non ». C'est pourtant le handicap de Grégoire Beaujour, chargé d'enquêtes,
de questionnaires pour l'agence « Opinion Factory ». Incapable de formuler ce mot essentiel, il se retrouve confronté à de multiples situations quasi inextricables.
Comment réussir à dompter un GPS bavard et récalcitrant ?
Pas facile de gérer la forêt de sollicitations tous azimuts : au marché au bureau, à la cafétéria, dans le métro.
Comment décliner une invitation, répondre à un texto, refuser un café, des tracts, des journaux ? Quand descendre d'un bus qu'on n'avait pas l'intention de prendre ? Comment négocier avec son patron une entrevue, un autre jour que le samedi ?

C'est tout le talent de Serge Joncour de tirer les ficelles. En réponses : une cascade de
scènes hilarantes imparables, à la manière d'un film de Charlot.
On peut ajouter les politesses à la japonaise, les gestes matinaux conditionnés par le programme radio, le choix d'une cravate «  cet instrument indispensable pour déjeuner dans un prestigieux restaurant », le bébé qui le désigne en hurlant, la séquence chez le dentiste.
Même si la tare de Beaujour devient un atout pour sa vie professionnelle, le gratifiant d' une promotion (« sondeur à gages »), de félicitations pour l'invention des« QCU :
questions à choix unique », lui offrant le privilège de partager le bureau de Marie-Line, il reste conscient de comptabiliser un record de « oui ».

Taraudé par une amnésie, il décide de suivre des séances d'écriture, « territoire fascinant », ayant été convaincu que « chaque être est le fruit d'une somme de biographies et que le présent se rédige sur les sensations passées ».
Il applique les conseils du maître de Richepin à la lettre : « brodez, brodez pour faire parler les mots. Chacun étant le dépositaire de l'histoire des siens ».
Ainsi, il rembobine son histoire familiale, remontant à plusieurs générations. Il autopsie son passé : « le passé étant à chacun ce que le brouillard est à l'accident : responsable de rien mais cause de tout cependant ».
Le retour aux sources est l'occasion pour l'auteur de comparer la vie de ses aïeux à celle de ses parents, de montrer combien le progrès a révolutionné les loisirs, l'habitat, laissant entrevoir « un frisson de nostalgie, quand le monde était une allégorie d'allégresse, une offrande, la vallée onctueuse, heureuse, où l'eau serpentait dans l'émeraude des prairies ».
En filigrane, l'auteur épingle la politique menée, la société de consommation, les ratés de l'électronique. Il revisite son enfance, une publicité mettant en scène un bébé dans une bulle ainsi qu'une photo de nourrisson emmailloté, ayant déclenché les réminiscences des événements majeurs de sa vie depuis sa naissance, sa communion, rejoignant « l'enfant calfeutré en lui dans un diaporama de souvenirs intacts ».
Cette thérapie jugulera-t-elle son blocage?Agira-t-elle comme catharsis ?
Serge Joncour sait ménager le suspense. le roman se termine sur un gros plan :
le pique-nique improvisé, en tête à tête, de Marie-Line et Beaujour, mettant en lumière l'idylle naissante. Scène conjuguant tendresse et poésie devant l'émerveillement de la beauté de la nature si généreuse.

Dans ce récit à deux voix, rien de superficiel sous une légèreté de ton, l'auteur y soulève des questions de société comme les sondages orientés pour manipuler l'opinion, l'âge de la retraite, le travail dominical, les familles recomposées.
Serge Joncour distille des réflexions sur la vie à portée philosophique: «  La vie est un fleuve aux rives qui se rapprochent ». On retrouve avec plaisir son humour corrosif, son imagination fertile générant une pléthore de comparaisons ( «  le parking de l'hypermarché ressemble à une grande marelle », « les sourires des enfants sont des soleils de poche »), l'acuité de regard de l'observateur hors pair qui sait traquer les manies et les travers de ses semblables et brosser des portraits très détaillés.
Sa créativité forge une pléiade de formules originales, inattendues, drôles : « la bière du Japon est tellement légère qu'elle ne saoule que de l'intérieur ».
Comme Beaujour, laissez-vous « caresser l'âme par ces formules prometteuses »,
car avec le roman de Serge Joncour, vous avez de « beaux jours » de lecture à venir.
Craquant, époustouflant, incontournable.
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Ne pas trouver le mot que l'on cherche, que l'on veut sortir au moment opportun, cela nous arrive à tous. Rien ne nous empêche, alors, de partir à sa recherche et de le proclamer haut et fort le jour où on le retrouve. Pour Beaujour, le personnage principal de ce roman de Serge Joncour, le problème est singulièrement différent puisqu'il ne peut prononcer ce mot, pourtant simple : non. Il ne se souvient pas du jour où il en a perdu l'usage. Cela conduit à des situations cocasses comme celle d'ingurgiter des quantités de café parce qu'il est incapable de refuser les sollicitations de ses collègues de boulot.
Ses enfants, qu'il voit un week-end par mois, s'en donnent à coeur joie pour obtenir des tours de manège, son GPS, sur une route qu'il connaît pourtant parfaitement, l'entraîne sur des sentiers inconnus...
Il travaille pour une entreprise de sondage et son handicap se relève être un avantage pour interroger les personnes. Il est véritablement en empathie avec ses sondés. Ses résultats sont si bons que son patron envisage de lui confier un nouveau poste, avec plus de responsabilités, évidemment. Redoutant cette promotion, il va tout mettre en oeuvre pour retrouver l'usage du non et rejoint un atelier d'écriture à la recherche du mot perdu.

Ce roman, drôle et original est parfaitement maîtrisé du début à la fin. Les “Broderies”, pages d'écriture de Beaujour à la recherche du mot, alternent avec le récit et donne du rythme à l'histoire. Bien sûr, le suspense n'est pas insoutenable. Nous ne sommes pas sans cesse à nous questionner pour savoir si Beaujour retrouvera ou non l'usage du non. Mais cette histoire se lit comme un conte ou chacun promène sa réflexion, son cheminement individuel comme il l'entend. On s'attendrit pour Beaujour et sa relation avec Marie-Line, sa collègue de boulot, on se révolte face à ce patron qui veut l'utiliser pour augmenter son chiffre d'affaire... Bref, ce livre, sous ses apparences anodines est un petit stimulateur de neurones.
http://avelbre.fr/2012/09/lhomme-qui-ne-savait-pas-dire-non-de-serge-joncour/
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