AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,04

sur 1718 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous y voilà. Cela fait un petit moment que je médite une petite critique sur ce monument culturel. Car effectivement, on se sent petite face à un tel monument, face à tout ce qu'il représente et surtout, face à la tâche très complexe de le bien comprendre et de l'interpréter.

Il me faut, de suite, concéder que j'ai renoncé à l'espoir de parvenir à le bien comprendre un jour. Je ne puis que me risquer à hasarder des interprétations. Mais avant de vous infliger une quelconque interprétation, permettez-moi d'abord de débroussailler quelque peu ce qu'est ce livre et son contexte.

Pour beaucoup de gens, lorsque j'interroge autour de moi (Car, là encore je le confesse, il m'arrive de questionner candidement certaines personnes en leur laissant entendre que j'ignore tout du sujet ou de prêcher le faux afin de savoir, peut-être pas le vrai, mais du moins, avoir accès à certains points de vue.), lorsque j'interroge, donc, on me répond souvent, pour faire simple, que l'Iliade, c'est le récit de la Guerre de Troie et que l'Odyssée, c'est le récit du retour mouvementé d'Ulysse après moult péripéties auprès de sa chère et tendre Pénélope.

Certes, il doit y avoir un peu de ça, mais je tiens tout de suite à vous retirer cette croyance du crâne car en fait, l'Iliade et l'Odyssée sont deux tronçons, et deux tronçons seulement, d'un récit mythique BEAUCOUP plus vaste qu'on désigne communément sous le nom de cycle Troyen.

J'en veux pour preuve que deux des éléments les plus croustillants de la fameuse Guerre de Troie ne sont pas abordés dans l'Iliade, à savoir, la mort d'Achille (et son fameux talon) et l'épisode encore plus fameux du Cheval de Troie. N'espérez donc pas les lire ni dans l'Iliade, ni dans l'Odyssée.

La mort d'Achille était racontée dans un livre intitulé L'Éthiopide et qui est, pour l'essentiel, perdu. L'épisode du Cheval de Troie et la ruse légendaire d'Ulysse pour s'introduire auprès d'Hélène étaient eux racontés dans un autre livre communément intitulé, La Petite Iliade, lui aussi, pour l'essentiel, perdu. D'autres détails à propos du Cheval de Troie, du rapt de Cassandre par Ajax (le petit) et du sort réservé à la famille d'Hector étaient eux présentés dans le Sac de Troie, récit désormais perdu.

Ce n'est qu'alors qu'est abordé l'épineux problème du retour des héros grecs de cette guerre. Leur sort varie grandement et est conté dans Les Retours, lui aussi perdu. Par exemple, Néoptolème, Diomède ou Nestor rentrent sans encombre. Mais il n'en va pas de même pour Agamemnon, Ménélas ou Ulysse.

Et ce n'est qu'alors que le destin d'Ulysse est longuement raconté dans l'Odyssée. (Au passage, je rappelle que le nom grec d'Ulysse est Odousseus et le titre ne spécifie pas, en soi, qu'il s'agit d'un quelconque voyage, mais qu'il y est simplement question du sort d'Ulysse.) de même, il y avait une suite à l'Odyssée, qui s'intitulait La Télégonie.

En outre, je ne vous ai parlé que de ce qui suit l'Iliade, mais vous vous doutez qu'il y avait également bon nombre d'événements préalables puisque le texte qui nous occupe aujourd'hui ne débute qu'à l'issue de neuf années de guerre entre Grecs et Troyens, au moment précis où Achille envoie paître Agamemnon pour lui avoir soutiré le butin qui lui revenait de droit, après une énième conquête héroïque.

Sans vouloir excessivement rentrer dans les détails, peut-être connaissez-vous ce tableau célèbre de Rubens qui s'intitule le Jugement de Pâris. Il s'agit, en fait de l'élément déclencheur de tout ce pataquès, lui aussi, un livre perdu, intitulé les Chants Cypriens. Trois déesses de l'Olympe se crêpaient le chignon afin de savoir laquelle d'elles trois était définitivement la plus belle : Héra (femme et soeur de Zeus), Athéna (fille de Zeus) et Aphrodite (née de la mer). Afin de trancher cette douloureuse question, papa Zeus envoie les trois commères sur le mont Ida afin que le Troyen Pâris (qui doit avoir un avis autorisé sur la question) tranche le débat.

(Sachez seulement que la prise de bec entre les trois déesses était le fait d'Éris, déesse de la discorde, qui, très amère de n'avoir point été conviée aux noces de Pélée , le père d'Achille, envoya lors du banquet une pomme — dite plus tard, pomme de discorde — où il était inscrit " pour la plus belle ". Ceci pouvant expliquer cela.)

Pâris, qui aimerait bien qu'on lui aménage le coup avec Hélène, femme du Grec Ménélas, s'arrange avec Aphrodite en échange de l'amour d'Hélène. Sans sourciller, il désigne donc Aphrodite Miss Olympe, ce qui a le don de mettre en pétard Héra et Athéna, qui n'auront alors de cesse que de s'en prendre à Troie et qui tout pendant l'Iliade (Ilion est l'autre nom de la ville de Troie) vont soutenir les guerriers grecs et les exhorter à raser cette ville infâme capable de produire un individu susceptible de prétendre qu'elles n'étaient pas les plus belles.

Si bien que l'Iliade d'Homère ne conte finalement qu'un mince passage de toute cette rixe, situé entre le moment où les Grecs perdent leur meilleur champion, Achille, qui se retire du jeu pour cause de bouderie et le moment des funérailles d'Hector, frère de Pâris.

Pendant tout ce temps-là, Hector, un brave parmi les braves, soutenu par Apollon et Zeus en personne, va s'amuser à tailler du Grec en veux-tu en voilà, jusqu'au moment où Patrocle, le meilleur copain d'Achille va aller se mesurer à lui, perdre son combat et, du même coup, redonner à Achille l'envie de se battre à nouveau et d'inverser la vapeur.

Il faut encore sans doute dire un mot ou deux d'Homère même. On ne connaît à peu près rien de solide sur lui et il y a fort à parier que sous cette appellation se cachent en réalité plusieurs auteurs ayant remanié et amélioré le texte sur plusieurs décennies, voire, plusieurs siècles.

Voilà, tout ceci étant dit, ayant fait un très grossier résumé du contexte et des événements dont il était question, il reste le plus gros du travail, à savoir, tâcher d'interpréter ce texte. On sait d'une part qu'il s'agit de la mise par écrit de formes orales (probablement plusieurs formes orales concurrentes) préexistantes depuis sans doute des siècles. En ce sens, l'Iliade (d'ailleurs le cycle troyen dans son entier) est un récit mythique.

Qu'est-ce qu'un récit mythique ? C'est déjà une question difficile en soi et je vous renvoie à l'excellente description qu'en fait Jean-Claude Carrière, notamment sur le lien suivant :

http://www.dailymotion.com/video/xwzdh0_mythes-et-transmissions-1-3_webcam

Ainsi, dans un récit mythique, on nous dit d'où l'on vient, qui sont nos ancêtres, ce qu'ils ont fait pour accéder à l'indépendance et/ou au pouvoir en tant que peuple par rapport aux autres peuples ou bien comment ils se sont établis à tel ou tel endroit.

On y apprend aussi énormément de normes comportementales, c'est-à-dire du comment se comportaient ces devanciers héroïques et donc comment vous devez vous-mêmes vous comporter pour obtenir les mêmes succès et pérenniser votre peuple.

J'ai déjà dit ailleurs qu'à cet égard, l'Iliade est particulièrement intéressante car on y lit expressément que les dieux ne sont pas d'accord entre eux, de même que les héros (Achille et Agamemnon par exemple), ce qui est la marque d'un système social plutôt tolérant et égalitaire (toutes proportions gardées, bien évidemment, et ce en comparaison d'un système hiérarchique très fort et non contestable).

On y lit aussi que les dieux sont très partiaux, et qu'ils n'hésitent pas à tricher pour favoriser leur poulain au détriment d'un adversaire pourtant digne et aux qualités avérées. On y lit également qu'il s'agit d'une société très compétitive, au sens où l'on fait des compétitions pour tout et n'importe quoi, même sur le cadavre des défunts. C'est par exemple le cas au Chant XXIII lorsqu'Achille organise une sorte de proto-jeux olympiques pour savoir à qui il va distribuer du butin en remerciement de la participation aux funérailles de Patrocle. (Étonnante célébration du deuil, vous ne trouvez pas ?)

Il y aurait encore bon nombre de conjectures que l'on pourrait faire à propos de ce texte qui revêt à mes yeux un intérêt bien plus ethnologique que littéraire ou religieux, mais j'ai peur de m'étaler trop en longueur, au vu de la taille déjà indigeste de cette contribution.

Je vais donc privilégier seulement deux points dans mes interprétations : 1) pourquoi l'Iliade et l'Odyssée ? 2) quid d'Ajax ?

1) Pourquoi l'Iliade et l'Odyssée ?
Eh oui, a priori, pourquoi ces deux fragments sont-ils demeurés et ont toujours été célébrés avec beaucoup d'égards, notamment par la société grecque ultérieure et pas les autres morceaux de l'épopée ? On peut évidemment invoquer le rôle du hasard dans la perte de certains textes, et ce n'est pas à exclure. On peut également invoquer la qualité littéraire et poétique de ces deux textes par rapport aux autres morceaux du cycle troyen, même s'il est difficile d'en juger à présent que les autres textes sont perdus.

Mais on peut aussi invoquer d'autres facteurs, comme la validité de ces deux morceaux en qualité de récit mythique. L'Iliade raconte, en gros, l'histoire de l'union, de la réunion des cités-états du sud de ce que l'on nomme aujourd'hui la Grèce et qu'étant unies, ces cités-états, et le même peuple qu'elles constitue, régulièrement désigné par Homère comme étant les Achéens, c'est-à-dire un peuple issu et venu du continent européen, les Achéens, donc, qui ont mis la pâtée aux Troyens, c'est-à-dire une coalition majoritairement anatolienne (à l'exception de la Thrace).

À l'époque d'Homère et de ses devanciers, l'essentiel de ce qui se faisait de mieux en matière de civilisation provenait du Croissant Fertile, donc de l'est. L'ouest résonnait comme le territoire des bêtes sauvages à peine humaines. Dire qu'un peuple issu d'Europe puisse venir mettre en déroute sur leurs terres des asiatiques pouvait être un élément fédérateur puissant. (C'est d'ailleurs comme cela que Virgile le comprend car il désigne Agamemnon comme " le vainqueur de l'Asie " au livre XI de son Énéide.) Au demeurant, on sait que l'Iliade est plus ou moins contemporaine où suit de peu l'implantation définitive des Grecs sur les côtes de l'actuelle Turquie.

Et, plus particulièrement, si l'on se place dans le contexte des Guerres Médiques du début du Vème siècle avant J.-C. (entre autres, batailles de Marathon, Thermopyles et Salamine) qui opposaient la grande Asie de Darius et Xerxès aux cités grecques unifiées autour d'Athènes, on comprend de suite mieux que les auteurs du siècle de Périclès aient fait grand cas du récit mythique de l'Illiade, se soldant par une victoire des Grecs après dix années de combat. Tiens, tiens… ça me rappelle quelque chose…

De même, l'Odyssée est sans doute beaucoup plus porteuse de sens si l'on la met en parallèle avec le fait que les Grecs installent des comptoirs un peu partout en Méditerranée à cette époque. le héros grec malicieux qu'est Ulysse et qui vient à bout de toutes les bizarreries et étrangetés de ces mondes inconnus incarne alors à merveille le succès d'implantation des Grecs " à l'outre-mer ".

2) Il y a un personnage troublant dans l'Iliade qui est Ajax. Qui est Ajax et que symbolise-t-il ? Ajax ou les Ajax ? Homère s'ingénie à nous présenter les Ajax (l'un grand, l'autre petit, l'un fils de Télamon, l'autre fils d'Oïlée, ces deux géniteurs faisant partie des Argonautes). Deux personnages avec un même nom, très fréquemment agissant de concert. Qu'en penser ?

En ce qui me concerne, j'ai l'intime conviction que les Ajax sont un dédoublement (pour les besoins d'édification) d'un seul et même personnage. Un personnage doué d'une force surhumaine, qui ne connaît pas la peur, un combattant hors pair comme seul Achille peut souffrir la comparaison. Et pourtant, un personnage étonnamment peu célébré. Jamais il ne reçoit le secours des dieux alors que c'est pourtant lui qui tient la baraque quand Achille boude dans son coin. C'est lui qui ne fait pas grise mine d'être tiré au sort pour avoir le redoutable privilège de rencontrer Hector en combat singulier et c'est même lui qui a l'avantage dans ce combat avant son interruption.

En fait, Homère prend bien soin de retirer tout honneur (comme une victoire sur Hector) ou toute récompense prestigieuse (lors des mini-jeux olympiques d'Achille) aux deux Ajax. On sait que l'un (le fils de Télamon) fera tout un foin lorsqu'il apprendra qu'on ne lui remet pas les armes d'Achille lorsque celui-ci sera tué, deviendra à moitié fou de rage et finira par se suicider. On sait que l'autre (le fils d'Oïlée) commettra un viol sur Cassandre (bon ça, la société antique était prête à le lui pardonner) mais, ce qui est plus grave, c'est qu'il l'a fait dans le temple consacré à Athéna, montrant ainsi son mépris pour les dieux et ça c'est grave.

Dit autrement, Ajax (ou les Ajax, comme vous voulez), représente l'archétype du mercenaire, du gars qui ne combat pas pour un idéal mais uniquement pour le bénéfice qu'il peut retirer du combat. Ses qualités physiques et de combattant sont indéniables, mais ce sont ses motivations qui semblent être clairement fustigées dans ce récit mythique, comme l'atteste la chute finale, la tête en plein dans une bouse de vache, sous l'impulsion d'Athéna, alors même qu'à la régulière il avait devancé Ulysse à la course.

Il est grand temps pour moi de clore ce chapitre des interprétations et de vous inviter à y réfléchir par vous même si le coeur vous en dit, car ceci n'est qu'un misérable avis, c'est-à-dire, vraiment pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          14521
Voulant venger le rapt d'Hélénè par le Troyen Hektôr, Ménélaos et ses alliés Agamemnôn et Akhilleus se sont embarqués pour une guerre qui devait durer 10 ans.
Or malgré les menaces d'Apollôn, Agamemnôn refuse de rendre la captive Khrysèis à son père puis y consent finalement après quelques calamités et l'insistance d'Akhilleus à condition que ce dernier lui restitue Breisèis aux belles joues. Et le géant Akhiléus bien déçu abandonne les combats, ce qui permet aux Troyens d'assiéger l'armée d'Agamemnôn retranchée près des nefs et prête à rentrer bredouille.

Quelle farce! car comment changer le terrible destin écrasant ces guerriers jouets des dieux qui envoient des songes par l'emailide Iris, dévient les flèches ou ressuscitent un blessé. Si Zeus qui amasse les nuées soutient alternativement les perdants (pour faire durer le plaisir?) son épouse la vénérable Hèrè, Poseidaôn et la déesse aux yeux clairs Athènè favorisent l'armée d'Agamemnôn contre Artémis, Ares, Apollôn et Aphroditè qui aime les sourires, allant jusqu'à se traiter de 'mouche à chien!.

La belle tarduction de Charles-René-Marie Leconte de L'Isle rend très bien les pensées d'il y a 3000 ans, l'humanisation amusante des immortels.

Bon à la fin, Akhilleus aux pieds rapides rempile pour venger la mort de son ami Patroklos, et les Troyens effrayés se réfugient auprès du roi Priamos derrière les murailles sacrées d'Ilios.
Commenter  J’apprécie          311
Faisait longtemps que je m'étais pas lancé dans un classique, alors pour mes vacances en Crète l'occasion était parfaite pour me lancer dedans, et dans la version traduite par Leconte de L'isle qui plus est, soit en gros pas complétement traduit du Grec... dur quand on en a jamais fait...
Enfin bon l'histoire on la connait à peu prés, débute de l'affront que subit Achiléus (Achille) par le roi Grec Agamémnon, ce dernier décide de se venger par le biais de ça mère, Thétis fille de Poséidon, en entrainant la fameuse guerre de Troyes, et contrairement à ce que je pensais l'Illiade ne se termine pas à la fin de la guerre mais à la mort d'Hector fils de Priam et Héros Troyens (comment ça je spolie?)

Enfin bon cette histoire, et surtout la façon de la raconter m'a fait penser à des récits religieux, du descriptif a n'en plus finir et le tout avec des termes grec un peu partout rend la lecture difficile, mais plus authentique si je puis dire...
Enfin bon on en apprend un peu plu sur la mythologie Grec les relation entre dieu et humain comme elles étaient vu à l'époque, et de voir l'évolution d'une guerre mythique dans l'imaginaire d'Homère.

Malgré la difficulté de la lecture c'est un livre qu'il faut lire, maintenant je vais faire une pose avant de me lancer dans l'Odyssée ;)
Commenter  J’apprécie          190
L'Iliade est une épopée, constituée de 24 chants, relatant le siège de Troie par les armées grecques coalisées contre les Troyens et leurs alliés... Au moment où débute le poème, nous entrons dans la 10è année de guerre, le sort des armes est incertain, mais le camp grec est affaibli par la peste envoyée sur eux par le dieu Apollon pour les punir d'avoir asservi la fille de son prêtre Chrysès. La situation s'envenime quand Agamemnôn s'empare de la captive d'Achille pour compenser la perte de Chriséis, privant ainsi son armée de son plus valeureux guerrier qui décide de se retirer des combats...
C'est alors que les Troyens, menés par le plus vaillant des défenseurs de la cité en la personne d'Hector, se mettent à remporter de nombreuses victoires...

Le thème central de l'Iliade est donc la guerre. On assiste effectivement à une succession de mêlées et de combats singuliers (Aias/Hektôr ou Patroklos/Hektôr ou encore Alexandros (Pâris)/Ménélaos), dans le fracas des armes et la mélopée des cris ou des gémissements. C'est par moment très sanglant, et les détails sur les guerriers éventrés voyant leurs entrailles se répandre sur le sol ne nous sont guère épargnés.
Mais la guerre racontée par Homère ne se résume pas à ces tueries. Elle répond à des règles bien précises, où le sens de l'honneur est primordial, où le courage est exalté. Par exemple, deux ennemis liés par les lois de l'hospitalité ne peuvent se combattre et préfèrent s'échanger leurs armes et leur foi sur le champ de bataille, comme Glaukos et Diomèdès (page 77/78).
De même, les protagonistes ont le devoir de respecter les corps des victimes.

Mais l'Iliade, c'est également une histoire d'hommes et de femmes qui aiment et qui souffrent. Inquiétudes, puis douleurs et lamentations des mères, épouses et soeurs à la perte de l'être aimé (même le féroce Akhilleus sanglote de douleur à l'annonce de la mort de son compagnon bien-aimé (page 235)

L'amour est présent également. L'amour physique tout d'abord, avec les passages mettant en scène Zeus et Hèrè qui pousse le roi des dieux à partager sa couche le temps de le détourner des combats, ou Hélénè et Alexandros qui font l'amour en plein jour (oui, Homère précise le moment de la journée car c'est faire fi de toute pudeur pour les Grecs de l'Antiquité et il souligne ainsi l'illégitimité de ce couple !^^)

Mais le passage le plus émouvant est celui des adieux d'Hektôr à sa femme Andromakhè, accompagnée de leur enfant qui prend peur à la vue du cimier au casque de son père : c'est une scène pleine de tendresse et de douceur représentant un couple uni entourant leur fils de leur amour.

L'Iliade, c'est aussi une épopée tragique au sens premier du terme : le destin de ces héros est scellé par les dieux dès le début.

Effectivement, les dieux se mêlent aux combats et aux destinées des mortels, avantageant l'un ou l'autre camp.
Ils manifestent aux guerriers leur soutien, directement (sur le champ de bataille en détournant les armes ou en soustrayant leur favori à leur adversaire (ainsi Aphroditè enlève Pâris dans une nuée, le sauvant de son duel avec Ménélaos au chant 3 ou Athénè truquant le duel entre Hektôr et Akhilleus en prenant les traits du frère préféré du prince troyen au chant 22) ou indirectement (Zeus envoie un songe mensonger à Agamemnôn pour le pousser à combattre au chant 2).
Contrairement aux hommes qui font la guerre, les uns pour venger l'honneur de Ménélaos, les autres pour défendre leur sol natal, les dieux apparaissent dénués de toute noblesse d'esprit ou de coeur en intervenant souvent par caprice ou amour-propre.On les voit se quereller comme des enfants capricieux, voire même s'insulter copieusement ou en venir aux mains !

Il y a deux déesses particulièrement rancunières, revanchardes et impitoyables : il s'agit bien sûr de Hèrè et Athènè, les deux déeeses en compétition pour recevoir la "pomme de discorde" dédiée à "la plus belle" et que Paris a préféré donnerà Aphroditè ! Elles poursuivent les Troyens d'une haine inextinguible, et n'hésitent pas à désobéir à Zeus lui-même pour favoriser les Grecs...
Les émotions et les actions comme la jalousie, les complots, la trahison, la vengeance ou les rivalités , semblent poussées au paroxysme chez les dieux et peuvent se révéler tragiques pour les mortels.

Je finirai cette chronique sur l'importance du choix de la traduction.
J'avais lu, adolescente, une version abrégée, et j'avais décidé il y a deux ans de me frotter à la version intégrale. Malheureusement, j'avais abandonné ma lecture aux 2/3 du livre traduit par Paul Mazon.
Du coup, j'avais demandé conseil sur Babelio pour le choix d'une traduction qui ne soit pas indigeste :
♦ Chouchane avait eu la gentillesse de me recommander la traduction de Philippe Brunet (seuil-2010) et celle de Bardollet (collection Bouquin 1995)
♦ de son côté, Mksabir m'avait dirigée vers une traduction anglaise, celle de Chapman, en précisant que c'était la version lue par Goethe (un jour, je lirai cette traduction, un jour !^^)
Malheureusement, j'ai manqué de temps pour me procurer l'une des traductions conseillées (mais je relirai L'Iliade dans l'une de ses versions et reviendrai donner mon ressenti !) et j'ai donc lu celle de Leconte de Lisle. Cette version-là peut surprendre car les noms des héros ne sont pas modernisés et il faut, je pense, avoir une certaine connaissance du monde grec antique pour s'adapter à la lecture, mais une fois habituée, j'ai lu le texte d'une traite et je lui ai trouvé un certain rythme poétique non dénué de charme...

Pour conclure, l'Iliade est un poème de la guerre, de l'amour et de la vie offrant un portrait idéalisé du guerrier, qui, malgré ses faiblesses toutes humaines et ses erreurs, réussit finalement à transcender sa souffrance pour respecter son idéal. le texte offre beaucoup de moments de bravoure, mais il sait nous toucher profondément en abordant des thèmes universels comme l'amour et la douleur de la mort. Certaines scènes sont véritablement poignantes et atteignent des paroxysmes d'émotion avec l'annonce de la mort de Patroklos à Akhilleus, la mort d'Hektôr dont le corps est indignement outragé par son vainqueur sous les yeux des Troyens horrifiés, les funérailles de Patroklos, les supplications de Priamos pour récupérer le corps de son fils.
Puis, toute la tension accumulée s'apaise avec les funérailles du héros troyen, permettant à son âme de rejoindre l'Hadès...
La force de L'Iliade, c'est d'avoir brosser le portrait d'hommes qui ne sont pas infaillibles, qui commettent des erreurs, mais qui se rachètent ensuite par un comportement courageux et par le renoncement...
J'avoue que j'ai toujours eu un petit faible pour Hektôr (même que j'avais écrit un poème sur lui et sur Achille, adolescente... vivivi, ne vous moquez pas ! ^^), et souhaité en relisant la version abrégée que par miracle la destinée tragique du Troyen se métamorphose à ma convenance... juste une fois... Evidemment le miracle n'a jamais eu lieu et c'est tant mieux pour l'intérêt et la force même de ce poème intemporel...
Lien : http://parthenia01.eklablog...
Commenter  J’apprécie          180
Un récit classique, en rhapsodies ou chant selon la traduction, qui m'intriguait depuis longtemps, j'ai tellement entendu le titre, que ce soit dans les médias ou des personnages, lieux, qu'il était temps de lire une épopée bien obscure jusqu'à aujourd'hui.
J'ai été pris sur certains passages, par exemple les combats avec les divinités et les hommes, les ruses...
Une phrase qui paraît souvent :
"aux belles cnémides"
Sur certains points lorsqu'il s'agit de décrire un fait, d'établir une liste cela me fait penser à des passages bibliques notamment "les Nombres", ou " le Lévitique" enfin c'est une impression.
La traduction que j'ai lue est celle de Leconte de Lisle... Et j'apprécie qu'il y ait laissé les noms en Grecs, certes plus compliqué, mais l'on s'y fait, et pour étoffer sa culture classique je suis ouvert.
Allez direction l'Odyssée...
Commenter  J’apprécie          140
Sans doute l'un de mes meilleurs souvenirs de lecture de lycéen.
Commenter  J’apprécie          131
Les chants homériques sont bien connus de tous mais peu ont lu l'intégrale car souvent en cours, on se contente d'une édition abrégée. Moi, fan de chanson de gestes, de contes et légendes d'autrefois, ça ne pouvait que me plaire et ce fût le cas.
J'ai une édition un peu ancienne mais dans un français moderne, ça facilité grandement la lecture, attention donc à trouver une édition contemporaine si vous voulez l'apprécier autant que moi.

C'est épique, c'est ce qui me vient en premier en tête si je devais qualifier ce recueil. Ce n'est pas un classique pour rien, il y a tout ce qu'il faut pour me plaire, de l'action, des héros mythologiques, de l'amour, des vengeances, tout ce qui fait de l'Homme un humain avec des personnages bien travaillés et crédibles même si certains frôlent le statut divin. L'intrigue raconte les alliances et les batailles entre les Hommes et les Dieux, qui certes ne sont plus vénérés de nos jours mais qui perdurent grâce à ce genre de textes. Je note Hector en personnage particulièrement touchant.
Le style est désuet, un peu lent mais c'est pour mieux décrire toutes les tensions qu'il va y avoir ensuite. Il faudra s'armer de patience pour arriver aux batailles mais celles-ci valent le coup. Tout ne se vaut pas donc, je pense à la liste interminable des bateaux par exemple, ou le fait que des anecdotes viennent entrecouper des moments plus intenses. Il faut s'y faire, comme pour Moby Dick, il faut savoir trier le bon grain de l'ivraie pour découvrir toutes ses subtilités et déguster ce pavé intense en émotions. Personnellement j'adore et je ne cache pas le fait de sauter certains passages pas franchement utiles.
Commenter  J’apprécie          100
Quand les dieux et les hommes se querellent, les disputes des uns se transforment en guerre chez les autres. Ainsi, si Agamemnon se dispute avec Achille, c'est qu'il a outragé Apollon qui s'est vengé sur son armée. Or, sachant que la mère d'Achille est Thétis, déesse proche de Zeus, et que celui-ci a des mots avec la déesse Héra, on a compris qu'on entrait dans un drôle de sac de noeuds.
L'Iliade n'est donc pas facile à lire. C'est en tout cas, ce que dit en substance Jean Métayer (GF) dans sa préface qu'on ne saurait trop conseiller de lire avant de se jeter dans l'aventure. Entre les dieux de l'Olympe qui avantagent l'un ou l'autre guerrier, Troyen ou Achéen (Grec), les noms différents de certains personnages, les amples épithètes homériques "les Achéens aux beaux jambarts", "Achille au pied rapide", "l'Aurore aux doigts de rose", "Briséis au bras blanc" (comme "la belle Aude" de Hugo) et les répétitions diverses et des mots dits et rapportés, et des scènes de bataille, il faut naviguer avec raison, à vue et lire avec parcimonie à raison d'un chant par jour, le temps de tout digérer.

Car on connaît l'histoire, ou du moins son issue fatale. Achille est le héros qui tue Hector le petit prétentieux qui croit sauver Troie mais qui fuit devant Achille, ivre de vengeance contre lui car il a tué Patrocle, son compagnon le plus cher. Pour en arriver là, il en faut des combats autour de Troie assiégée, où les descriptions des lances entrant dans les chairs et des épées coupantes qui répandent les entrailles à terre, sont souvent dignes des films d'horreur dans lesquels giclent les cervelles et roule le sang noir. Mais avant, il est nécessaire de beaucoup parlementer, de s'offrir des cadeaux somptueux et d'envoyer des ambassadeurs pour qu'Achille arrête de faire sa mauvaise tête.

Derrière toutes ses querelles, se trament des vengeances, des orgueils, des mesquineries, des vexations. Les dieux ressemblent aux hommes et les hommes aux dieux. Ils contrarient ou aident leur destin, il suffit parfois de les émouvoir avec une prière, une libation ou des cuisses de boeufs ou de moutons (on en égorge aussi dans ce "poème"). Au milieu des combats, on a l'impression que les dieux jouent avec le destin des hommes en se trompant entre eux, comme Héra endort Zeus d'une nuit d'amour pour que Poséidon puisse avantager les Achéens.

On sent que c'est un texte antique qui aime les adjectifs, ils abondent mais ce sont toujours les mêmes qui reviennent, on voit combien ils ont marqué les générations puisqu'on retrouve ce style épique chez Hugo et sa "Légende des Siècles". Bien sûr, on ne peut pas encore parler de clichés ou de stéréotypes dans un texte fondateur. Personnellement, j'ai pris ça comme la touche un peu comique de cette tragédie. On sent aussi l'oralité d'Homère, proche du texte récité, un peu biblique, avec de nombreuses redites et des phrases répétitives. Mais c'est cela aussi qui donne du charme et de la beauté à ces vingt-quatre chants.

Reste à compléter cette lecture, tant qu'à faire, avec l'Énéide de Virgile et la fin des Métamorphoses d'Ovide. Mais, j'avoue que je vais observer un temps de repos avant de me replonger dans l'antique. le repos du guerrier.
Commenter  J’apprécie          101
Récit fondateur contant la guerre de Troie, cette épopée d'Homère est avec L'Odyssée l'un des classiques les plus universellement connus. Curieuse de lire ce texte sans cesse évoqué et jamais étudié au fil de mon cursus, je m'y suis plongée avec avidité. Ma première surprise fut de découvrir le peu de temps couvert par L'Iliade : démarrant in medias res par la dispute entre Achille et Agamemnon durant la dixième année de guerre, l'histoire s'achève deux semaines plus tard avec les funérailles d'Hector. L'enlèvement d'Hélène est seulement évoqué dans quelques passages, et le lecteur n'assiste ni à la mort d'Achille, ni à la prise d'Ilion/Troie.

Les personnages de L'Iliade sont connus de tous. Archétypes classiques, on y trouve les deux héros Achille et Hector, d'ascendance divine, qui se différencient seulement par la force (Achille est également un tantinet rancunier ; l'autre titre de L'Iliade pourrait être La colère d'Achille). Autour d'eux gravitent des personnages de moindre envergure : Pâris le bellâtre, le vaillant Diomède, les deux Ajax, le roi Agamemnon et Ulysse aux mille ruses pour ne citer qu'eux. le plus intéressant fut de voir les dieux de l'Olympe se mêler sans cesse des affaires des mortels. Zeus, Héra, Apollon, Arès, Poséidon et Aphrodite font tout pour que la guerre perdure et multiplient les métamorphoses pour prendre part aux combats.

L'Iliade a beau avoir traversé les siècles, cela n'en reste pas moins un récit de l'Antiquité et un poème épique, qui ne saurait s'apprécier sans préparation. Répétitions poétiques, abondances de comparaisons et de périphrases, en dépit des combats qu'il décrit, ce texte a une vocation contemplative autant que narrative. L'aède passe ainsi sans transition de l'aurore aux doigts de rose aux langues coupées et aux cervelles transpercées, et dresse entre deux affrontements le portrait de dieux aux passions terriblement humaines. À cet égard, j'étais contente d'avoir lu La sagesse des mythes avant d'aborder L'Iliade : l'essai de Jules Ferry m'a permis de mieux comprendre la portée du texte d'Homère. Cette épopée met en scène une infinité de forces travaillant à rétablir un équilibre perdu, toujours fragilisé même lorsqu'il semble retrouvé, que seul maintient la constante et omniprésente surveillance des dieux.

Je comprends mieux à présent pourquoi seule L'Odyssée est étudiée à l'école, et j'ai hâte de lire le texte original. J'ai beaucoup aimé voir les dieux à l'oeuvre dans la bataille de Troie : en dépit de leur solennité, leurs actions ne sont pas dénuées d'un certain humour quand on les considère avec le recul de la modernité.

Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
Commenter  J’apprécie          90
Difficile de faire la critique de ce monument. Juste une petite note d'information pour qui serait dérouté par le premier chapitre totalement hermétique. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer, tout le reste de l'histoire est beaucoup plus digeste et compréhensible. Donc ne vous y arrêtez pas c'est limite même si vous ne pouvez pas commencer directement par le deuxième. Ça ne devrait pas changer grand chose à votre compréhension de l'histoire.
Second, point informatif, l'Iliade ne traite QUE de la bouderie d'Achille et de rien d'autre. Ne vous attendez pas à voir l'enlèvement d'Hélène et le cheval en bois d'odysseus. Vous n'aurez droit qu'au mauvais caractère du Péléide.
Voilà, je dis ça au cas ou.
Commenter  J’apprécie          91




Lecteurs (5978) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Odyssée

Comment s'appelle l'île sur laquelle vit Ulysse?

Calypso
Ithaque
Ilion
Péloponnèse

10 questions
2583 lecteurs ont répondu
Thème : L'Odyssée de HomèreCréer un quiz sur ce livre

{* *}