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Critique de Crossroads


Il est pas jouasse, le Bob.
Le problème c'est qu'il se lève pas content, va au taf pas content et semble avoir adopté cette humeur comme composante unique et durable de tout son être.

Faut dire qu'être noir en Amérique, en 1943, (même si la date importe peu au regard de certains esprits, voir dirigeants chagrins essaimant encore et toujours cette petite planète) n'est pas franchement gage de plénitude absolue.

Alors oui, Bob a un travail.
Alors oui, Bob semble être à la colle avec une régulière même si le doute reste permis.
Alors oui, de par son boulot, Bob est un heureux sursitaire en ces temps guerriers.
Seulement voilà, tout ces petits bonheurs du quotidien ne suffisent pas à lui voiler la face : il est un moins que rien pour les blancs, tout au plus un fantasme finalement repoussant pour les blanches et ça, ça commence sérieusement à entamer son quota de patience à la jauge frôlant dangereusement la panne sèche. Il s'fait d'la bile, Bob, un truc vraiment pas fait pour réaligner tous ses chakras.

Photographie d'une époque pas si lointaine et toujours lamentablement d'actualité, ce Chester Himes détonne de par son phrasé argotique et la justesse de ton usité pour souligner les affres sans fond d'un être miné au dernier stade, rongé jusqu'à l'os par une rancoeur tenace et inaltérable.

Difficile, pour ce sanguin, de courber l'échine journalièrement.
Compliqué d'encaisser la servilité de ses proches.
Inimaginable de se laisser salir, insulter, avilir sans piper mot.
Bob est une cocotte minute qui n'attend qu'une seule chose, l'ultime persiflage pour laisser exploser toute sa rage.

S'il braille, chantez-lui une berceuse, on sait jamais, sur un malentendu...
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