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Retrouver Edgar Hilsenrath est un véritable plaisir, hélas teinté d'émotion et de regret car Terminus Berlin est son dernier livre comme l'avait annoncé lui-même son auteur et puisque celui-ci est mort fin 2018.

Même si je n'ai pas tout lu de cet écrivain allemand, le nazi et le barbier, Orgasme à Moscou et Fuck America m'ont permis de comprendre, d'apprécier son style et surtout de réaliser ce que fut sa vie. Cette vie, justement, il nous en redonne les clés dans Terminus Berlin, même s'il change les noms et modifie quelques événements.
Il a tout connu de la barbarie nazie, les brimades et les souffrances durant son enfance dans la ville de Halle où ses parents, juifs, étaient commerçants. Il a vécu la fuite, le pogrom et cette shoah qu'il voit appliquer avant de s'exiler aux États-Unis après avoir trouvé refuge en France.
Dans les années 1980, c'est de New York que son héros, Joseph Leschinsky qu'on appelle Lesche, où il est écrivain sans succès, veut partir pour revenir en Allemagne, à Berlin. Malgré tout ce que lui et sa famille ont enduré à cause de son pays d'origine, il veut y retourner car il a besoin du pays et surtout de la langue qu'il continue à pratiquer et dans laquelle il écrit.
Lui qu'on prend pour un clochard, à 58 ans, car « Rien n'est plus suspect qu'un écrivain pauvre. », retrouve tous ses souvenirs d'enfance et le cauchemar de l'antisémitisme poussé au paroxysme par les nazis.
Il nous fait partager les problèmes qu'il rencontre et aussi ses joies les plus intimes dont ses succès féminins pour lesquels sa truculence fait mouche. Malgré tous les malheurs qui ont jalonné son existence, Edgar Hilsenrath a toujours su conserver un humour dévastateur.
C'est l'occasion aussi de parler de son pays encore coupé en deux puisqu'il se rend à Berlin-Est. de plus, il n'a pas son pareil pour détecter les anciens nazis ou sympathisants lorsqu'il rencontre des concitoyens comme ce gardien de musée. le plus terrible, c'est la montée de l'extrême-droite qui s'en prend d'abord aux Turcs avant de brimer à nouveau les Juifs.
Au travers de la vie de Lesche, son héros, j'ai apprécié ses recherches à propos du génocide arménien. Dans l'oeuvre d'Edgar Hilsenrath, cela a donné le conte de la dernière pensée .
Si l'Allemagne est réunifiée, cela n'a pas que des effets positifs comme il le constate dans Berlin et les néo-nazis sont de plus en plus virulents.

J'ai été terriblement ému à la lecture de Terminus Berlin car Edgar Hilsenrath possède une façon de raconter truculente, efficace et tellement juste. Un grand écrivain nous a quittés mais restent ses oeuvres profondément marquées par l'holocauste, tout ce qu'il a vu et vécu durant les premières années de sa vie, un mal jamais vraiment éradiqué, toujours prêt à ressurgir si nous ne sommes pas vigilants.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Terminus Berlin est le dernier livre d'Edgar Hisenrath, paru en 2006 en Allemagne. L'écrivain est décédé le 30 décembre 2018, juste avant la parution de son livre en français. Il avait décrété que ce serait l'ultime, n'ayant plus rien à dire. Il est l'auteur notamment de la Nuit, le Nazi et le barbier, le Conte de la Pensée Dernière.
Joseph Leschinsky alias lesche, alter ego littéraire d'Edgar Hilsenrath décide de rentrer chez lui en Allemagne, à Berlin, après avoir quitté l'Europe voilà plus de trente ans et vécu une bonne partie de sa vie aux USA. S'il est revenu en Allemagne, ce n'est pas pour retrouver les Allemands mais sa patrie linguistique. Il est un écrivain allemand et a besoin de la langue allemande. Mais à Berlin, il se débat toujours autant pour faire publier ses oeuvres qui évoquent la shoah sur un ton caustique. Il donne, à ce sujet un avis très pertinent sur la diffusion des livres en général.
S'il revient tout au long de l'ouvrage sur ce qu'a été sa vie marquée par les persécutions de la shoah, et s'il enquête aussi sur le génocide arménien, il découvre la résurgence glauque du nazisme et que la bête immonde n'est pas morte : des groupuscules néonazis profanent des cimetières, attaquent la communauté turque et le prennent pour cible, lorsque le succès commence à poindre, lui "le juif qui écrit des livres contre le peuple allemand". le constat est terrible !
En fait, toutes ses aventures littéraires, sexuelles, amicales pâtissent de la peur du retour de la persécution des Juifs.
Terminus Berlin est un roman cinglant, à l'humour provocateur et cru, d'une lucidité glaçante qui dévoile des vérités désagréables mais nécessaires, un cri d'alarme terriblement actuel, en résumé : un condensé de tout ce qui devait être dit et rappelé sur l'Holocauste et à nous le soin d'être vigilants face au pire.
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" Quand on écrit quelque chose pour se débarrasser l'âme, on en est définitivement libéré. L'écriture est une libération pour moi"

Ces phrases représentent l'essence de ce livre et même l'oeuvre entière d'Edgar Hilsenrath. Toute sa vie, à l'image d'Aaron Appelfeld dont la "parentèle" est indéniable, Hilserrath et Appelfeld vont témoigner de ce que fut la Shoah.
Tous deux y ont survécu, en se cachant en Roumanie, en Bucovine, tous deux fervents de leur langue maternelle qu'est l'allemand.
Chacun utilisera les mots pour dire l'indicible mais aussi pour témoigner de cette communauté fraternelle que représentait le shetl.
Si Aaron Appelfeld ne peut s'exprimer qu'avec beaucoup de retenue, Edgar Hilserrath n'hésitera pas à utiliser le rire, la satire, pour mieux extirper le monstre de ses entrailles.
"Quand je lui ai raconté que j'écrivais un livre sur un ghetto juif, elle a crié :
- Mais c'est horrible
- Mais mon roman n'est pas triste. Il est même très humoristique.
- Est-ce qu'on peut écrire avec humour sur un ghetto ?
- Moi, je peux"
Terminus Berlin est le dernier livre écrit par Edgar Hilserrath, écrit en 2006, il meurt en 2018, il avait alors 92 ans.Pour lui, tout a été dit, il n'y a plus rien à rajouter de constructif.
Le titre du roman : Terminus Berlin est lui-même la fin de la boucle. Un juif allemand chassé d'Allemagne par les nazis, puis errant aux États-Unis pendant plus de 25 ans veut revenir mourrir dans son pays, dans sa langue maternelle, en Allemagne alors même que les néo -nazis des années 80 auront raison de lui puisqu'ils assassineront Lesche, le narrateur" de Terminus Berlin."
Tellement de réflexions, de questionnements sortent de ce roman, un livre qui nous fait penser, réfléchir.Un livre pour lutter contre l'oubli, pour nous rappeler à l'ordre.

Un véritable chef d'oeuvre !
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"Terminus Berlín" est le premier livre de Edgar Hilsenrath que je lis et le dernier qu'il a publié.
Joseph Leschinsky, alter ego de l'auteur, plus couramment appelé Lesche est un allemand d'origine juive polonaise d'une soixantaine d'années. Il a survécu à l'holocauste, à immigré en Amérique et revient en Allemagne à la fin des années 80 pour retrouver sa langue tant aimée.
Ce roman dénonce avec une certaine férocité la société et plus précisément la pauvreté, la prostitution et la montée des néo-nazis. Il dénonce également l'holocauste et fait un parallèle avec le génocide arménien.
La plume de l'auteur est indéniablement singulière, incisive, grinçante, crue. Ce n'est pas un style que j'affectionne particulièrement mais je dois reconnaître que c'est efficace. Provocateur, il interpelle le lecteur témoin de la violence des hommes.
C'est un livre à part, un livre qui accroche le lecteur qui s'en trouve bousculé.
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Terminus Berlin est le dernier ouvrage d'Edgar Hilsenrath ; il témoigne des cicatrices de la Shoah sur les survivants.
C'est un livre à part, cynique et qui peut faire grincer des dents.
Il dénonce à sa manière la prostitution, l'antisémitisme encore présent sans véritable réaction des autorités ou la pauvreté.
Il provoque, il balance et il exhorte.
Son personnage est bourré d'ambivalence et se fiche des convenances.
Un roman "poil-à-gratter".
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Cette oeuvre retrace les réflexions caustiques et magistrales d'un juif rescapé de la shoah sur l'extermination des juifs par le 3ème Reich, le massacre des arméniens, les conséquences de la chute du mur de Berlin, les vices de la société américaine des années 1950 à 1980 comparée à la société européenne, la mauvaise conscience allemande et la résurgence des mouvements néo-nazis (à moins qu'ils aient toujours existé ce qui est le plus probable.)
Ce roman a des qualités d'humour et de pédagogie incomparables. Il évoque avec drôlerie et imagination un destin effroyable que l'auteur a mis toute une vie à surmonter.
Dommage que le héros, plus jeune du tout, nous régale tout du long de sa consommation stupéfiante et mécanique de petites femmes, c'est un peu lassant.
Mis à part ce léger point faible ( je n'en vois pas d'autre), l'oeuvre est extraordinairement originale : je n'ai jamais rien lu de pareil et il n'est guère possible, après "Terminus Berlin", qui est le dernier livre de l'auteur, de ne pas envisager de lire tous les autres en remontant jusqu'à sa première oeuvre, ou plutôt en partant d'elle.
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L'ultime roman d'Edgar Hilsenrath est réellement le point d'orgue de son oeuvre. Il met en scène Lesche, juif allemand réfugié pendant plus de 30 ans aux états unis, écrivains raté et libidineux coureur de jupons. Il décide de retourner en Allemagne afin d'y retrouver son grand amour : la langue allemande, langue qui l'a toujours suivi et qui est restée celle dans laquelle il a écrit tous ses romans. C'est la fin des années 80, le mur est tombé et Lesche rencontre enfin le succès, tant littéraire qu'amoureux... mais je ne vous dévoile pas les tenants et aboutissants de cette affaire!
Toujours est il que "Terminus Berlin" est une belle conclusion à l'oeuvre d'Hilsenrath. Ceux qui ont lu ses autres romans y trouveront des références à l'ensemble de ses textes, et ceux qui le découvrent seront certainement séduit par son univers et sa langue déliée.
C'est vrai que de tous ce n'est pas mon préféré, mais je l'ai lu avec un réel plaisir teinté de la nostalgie de savoir que c'est le dernier ! Il réussi l'exercice délicat de terminer son oeuvre par un tour d'horizon discret de ce qu'a été sa vie et son parcours littéraire, revenant sur ses sources d'inspiration et sa vie morcelée.
Vraiment, Hilsenrath est définitivement un très grand écrivain!
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Joseph Leschinsky, dit Lesche, vit en Amérique depuis son enfance, après que ses parents et lui ont fui l'Allemagne nazie. L'écrivain juif n'a aucun succès au pays des self-made-men et il a pleinement conscience de sa condition d'émigrant mal assimilé. À presque soixante ans, il décide de retourner en Allemagne, pas pour retrouver ses racines, mais pour vivre enfin dans la langue qu'il a faite sienne. « Pour moi, il ne s'agit que d'aimer la langue. On peut aimer l'allemand sans aimer les Allemands. » (p. 27) À Berlin-Ouest, Lesche reprend pied et son nouveau roman est accueilli avec enthousiasme. Enfin reconnu comme un grand auteur, il est très sollicité et envisage un grand projet autour d'un autre génocide européen, celui qui frappât les Arménien·nes. Hélas, dans cette Europe qui se veut progressiste et nouvelle, Lesche est encore et toujours ramené à sa condition de Juif, notamment par des néonazis qui le harcèlent jusqu'à sa porte. « L'holocauste vous poursuivra partout en Allemagne. Chaque maison, chaque rue nous le rappellera. Les vieux aussi. Il n'y a pas moyen d'y échapper. » (p. 7) C'est à croire que L Histoire n'en finit jamais de se répéter.

Ce Lesche, c'est évidemment un avatar de l'auteur lui-même : son parcours est le même, du ghetto à l'Amérique de la galère. Les titres des romans écrits par le personnage sont des variations des propres titres d'Hilsenrath. Avec ce dernier roman, l'auteur boucle son histoire, en quelque sorte, en imaginant sa mort. Comme dans ses autres romans, le ton est résolument féroce et grinçant : l'humour n'est pas délicat ou politiquement correct. Il est question de sexe sans fard et de fantasmes débridés de vengeance. Avec Terminus Berlin, Edgar Hilsenrath essaie de secouer de ses épaules, une dernière fois, le lourd fardeau de la judéité. « En Allemagne, on te rappelle à chaque instant que tu es juif. Ce n'est pas qu'on ressente de l'antisémitisme, mais les gens ont mauvaise conscience quand ils rencontrent un Juif. Ils te traitent avec un excès de précautions, c'est très désagréable. » (p. 94)

Il me reste quelques textes à lire de cet auteur, je les fais durer. Je vous conseille sans réserve Fuck America, Nuit et Orgasme à Moscou.
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Dernier écrit d'Edgar Hilsenrath, Terminus Berlin ne possède pas la force qu'on retrouvait dans son roman Nuit, mais relève du même souvenir lancinant et obsédant des effets du nazisme sur la population juive durant la Seconde Guerre mondiale. Et à ce titre, Terminus Berlin se veut le plus autobiographique, avec comme narrateur, cet écrivain juif allemand né en 1926 et retournant à Berlin après plus d'une vingtaine d'années d'exil aux États-Unis.
Malheureusement, j'ai été déçue par le style et la prose, malgré un propos fort pertinent qui aurait pu être mieux développé. En effet, la sensibilité d'un auteur comme Hilsenrath, malmené à une certaine époque par ses concitoyens et qui rentre au bercail dans une société débarrassée du nazisme, aurait dû donner lieu à un récit plus profond et fouillé.
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Au crépuscule de sa vie, Lesche revient dans son pays natal après des années d'exil aux Etats-Unis. Installé à Berlin, il s'attache à écrire et à faire publier son ultime roman imaginé comme un testament moral.
L'ancien enfant du ghetto, persécuté par les nazis, retrouve une ville totalement bouleversée par la chute du mur et un consumérisme effréné.
Ecrit d'une plume trempée dans acide, sarcastique à souhait, « Terminus Berlin » est un roman décapant sur la société contemporaine. Sous des abords d'un humour ravageur, il exprime à merveille, sans pour autant se poser en censeur ou en juge, les dérives d'un microcosme traversé par les démons du nationalisme, de l'antisémitisme où la violence est envisagée comme une norme de communication. le dernier roman d'Edgar Hilsenrath s'apparente au voyage d'un Candide sous acide. Brillant et décoiffant.
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