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4,12

sur 609 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Critique compliquée.
C'est un livre remarquable, à l'intention quasiment impossible : parler de l'holocauste, puis du sionisme, sur le ton de la satire. Ecrit et publié dans les années 60/70, d'abord aux Etats-Unis, où il fait beaucoup parler de lui, avant de finalement sortir dans son pays d'origine, l'Allemagne, engageant le débat soufré de la représentation historique…
Le genre de discussion qui équivaut en terme de difficulté à tenter de traverser un labyrinthe yeux-bandées-mains-liées, le point Goodwin comme Minotaure…

En langue française, l'oeuvre d'Hilsenrath, ce livre en premier, a connu plusieurs publications (Fayard, Albin Michel) espacées dans le temps, avant que la maison Attila (puis le Tripode), décide d'en éditer l'oeuvre complète, prenant le parti d'en confier la ligne graphique à un illustrateur bien en vue, Henning Wagenbreth, et son esthétique entre jeux-vidéos « vintage » (si je vous avais dit « 8-Bits », j'aurais jargonné…) et une forme d'expressionnisme inquiétante, déclinant son art numérique le long de dix couvertures particulièrement voyantes.
Je reste très partagé sur celles-ci : réussies quant à leur caractère ambigüe, leur esthétique semble s'adresser trop directement à une génération bien loin d'avoir connu la guerre, glissant vers le fossé contemporain de l'anecdote… Tout comme le reste du bouquin, je me sens écartelé…

Car employer la satire pour conter l'inénarrable me semble à la fois formidable, mais extrêmement risqué. Je ne reviendrais pas sur le médusant sketch télévisé du rabbin-nazi par cet humoriste banni, moi qui pensait alors qu'il nous tentait une farce kaufmannienne (d'après Andy Kaufman, immortalisé par Miloš Forman dans son film « Man on the Moon »), son plus grand tort, autre que de ne pas être juif (cela aurait malheureusement presque tout changé… Quel débat impossible…), est de ne pas avoir été bien drôle…
Me voilà embarqué dans d'impossibles controverses, sans avoir encore parlé d' « humour juif », à supposer qu'une telle chose existe précisément… Désolé, j'abandonne pour le moment…

Moi d'ordinaire si friand d'ambiguïté, j'en reste ici paralysé, l'enjeu restant beaucoup trop grand. Il y a surtout un souci de temps historiques. A sa première parution, il offrait une excellente rampe d'ouverture au dialogue; de nos jours, il pourrait participer d'une forme de relativisme historique, dangereux si mal interprété.
Résumant bien l'inopérante dichotomie Bien / Mal de toute lecture historique (alors qu'on ne fait que cela…), il passe pourtant à côté du débat en refusant au lecteur toute réponse… sûrement parce qu'elles n'existent pas d'ailleurs… mais rien n'empêcherait d'en circonscrire quelques jalons…

Non, Hilsenrath nous balade sans cesse, dans une forme picaresque, jusqu'au doute permanent quant à la personnalité de son « héros », tour à tour simple suiveur agitant le fantôme d'Eichmann, aliéné halluciné, ou bien le Diable en personne ? C'est tout cela à la fois… c'est sûrement ce qu'il veut nous dire… de cette banalité omniprésente de la violence…

Voilà donc un bon gros paradoxe, un indispensable dont on se passerait bien, une possible pierre blanche de la littérature que les années auront recouvert de boue.
Il se peut également que cela soit juste un roman raté…
Sa forme initiale devait être épistolaire (l'éditeur en a ajouté des fragments en fin de livre)…
*Argl !*… j'abandonne, moi qui espère toujours que l'on puisse rire de tout…
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Max Schultz est le fils de Minna et de père inconnu : cinq prétendants peuvent prétendre à ce titre (qu'ils semblent d'ailleurs peu pressés d'assumer), mais ce qui est sûr, c'est que même avec un arbre généalogique complexe à représenter, Max est aryen pur souche. Battu et violé par son beau-père, Max passe la plupart de son temps avec Itzig Finkelstein, juif pur souche. C'est avec l'aide de celui-ci qu'il réussit ces études, et qu'il devient apprenti garçon-coiffeur dans le salon du père d'Itzig. Pourtant, quand arrive Hitler avec ses idées antisémites, Max endosse sans trop se poser de questions l'uniforme SS. Il sera affecté plus tard dans un camp de concentration, et tuera son ancien ami et ses parents.

À la fin de la guerre, il parvient à échapper aux partisans et retourne en Allemagne. Avec sa "tête de juif" et des dents en or récupérées des camps dans les poches, Max change d'identité et prend celle d'Itzig. Petit à petit, la transformation se fait dans sa tête aussi : il s'indigne de l'antisémitisme qu'il rencontre, se passionne pour l'histoire du peuple juif. Au vu de son enthousiasme, on le convainc de rejoindre la Palestine pour participer à la création de l'état d'Israël. Il s'y distinguera par ses discours patriotiques et par des actes terroristes commis contre les Anglais.

Ce livre m'a donné des sentiments assez partagés : je ne comprends pas très bien le message que l'auteur a voulu faire passer. le ton est outrancier et grotesque, l'auteur voulait se distancier de la littérature larmoyante d'après-guerre sur le sujet (qu'il qualifie de "littérature couilles molles"), et en cela, il a parfaitement réussi ! D'un autre côté, on a un peu l'impression d'abord droit à une leçon d'histoire, mais sans donner de morale ni de jugement. Au final, je suis un peu partagé entre des passages que j'ai trouvés particulièrement croustillants et d'autres qui étaient vraiment de mauvais goût.
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Lecture assez déroutante , moi ce qui m'a frappé c'est la fin du livre où le ' héros ' si l'on peut dire ; a des remords , où il ne peut s'empêcher , arrivé à la fin de sa vie , à avouer aux personnes de son entourage son imposture , ce qui est bien typique de l'être humain qui veut en quelque sorte expier ses péchés avant sa mort ; et , bien sûr , la réaction de son entourage qui croit à une sénilité , car qui pourrait penser que ce commercant exemplaire , qui pratique consciencieusement , qui est aimé par toute sa communauté , a pu être un nazi . L'auteur nous fait percevoir à travers une fiction iconaclaste que l'homme est plus complexe que ce que nous voulons bien voir , l'homme n'est pas toujours blanc ou noir , mais de différentes nuances de gris .
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Dire que j'ai trouvé ça drôle ne serait pas juste. Dire que j'ai trouvé ça original ne serait pas juste. Dire que j'ai été frappé par la beauté de l'écriture ou le style ne serait pas juste. Ce qui est juste, c'est que le point de vue sur l'Histoire de ce tour de passe-passe a eu le mérite de m'intéresser, la création d'Israël, d'un Etat Juif en Palestine, on en parle peu finalement, on parle des séquelles mais pas vraiment des idéaux, des fins, des causes... Bref, peut-être que, vous, vous n'"apprendrez" pas grand chose. Ce qui est juste, c'est que j'ai lu ce volumineux livre très rapidement et sans ennui. Ce qui est un point positif, ever.
Trois étoiles, avec un +.
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Cette satire d'un ancien nazi génocidaire reconverti en juif barbier m'a un peu déçu. le thème paraissait alléchant et si le sujet était traité avec un réel humour ça aurait pu être formidable. Malheureusement je n'ai pas beaucoup ri, les quelques réparties ou remarques humoristiques se sont un peu enlisées dans un style répétitif et même lourdingue par moments. Ce style est très particulier et peut plaire à certains mais pour moi cela a nui à la qualité de l'ouvrage. L'intrigue est finalement assez anodine et ce n'est de toute façon pas l'élément le plus intéressant du bouquin. L'effort historique est un bon point puisqu'on apprend beaucoup de faits, de détails de toute une période (de la montée du nazisme jusqu'à l'indépendance d'Israël). Un point culminant du livre est atteint lors du dialogue avec Dieu qui est à peu près la seule chose de ce livre que je garderai en mémoire. Finalement ce livre est bien mais ne mérite peut-être pas d'être porté aux nues.
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Un style assez surprenant, un personnage qu'il faut suivre....L'auteur, son histoire, son passé justifie ce roman qui permet d'avoir un point de vue tout à fait atypique sur la Shoah et sur Israël.
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Je lui ai mis trois étoiles car les deux premiers tiers sont bons et que ce livre m'a fait rire par moments. Seulement, une fois en Palestine le livre s'enlise un peu, traîne en longueur et s'éssouffle. La prose n'est pas extraordinaire et un opus plus court aurait fait l'affaire.
Sinon si vous aimez l'humour grinçant et sarcastique, ce livre est pour vous, du moins les deux premiers tiers.
C'est l'histoire d'un allemand qui a tous les attribus physiques d'un juif, il sera ss mais après guerre pour ne pas payer l'addition, il se fera passer pour son ami d'enfance, un voisin juif. Il va se prendre au jeu et surjouer ce personnage et devenir plus juif qu'un juif.
Dans quelle mesure arrivera-t-il à ses fins?
Par l'humour et la dérision, Edgar Hilsenrath nous démontre à quel point les hommes peuvent suivant les circonstances prendre des chemins radicalemement différents.
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difficile de commencer ce commentaire. D'un coté, j'ai trouvé le livre plutôt didactique (la vision de l'Holocauste et de la naissance d'Israël dans le regard d'un tortionnaire nazi) et de l'autre, je l'ai trouvé très cru. Les mots employés sont souvent orduriers. Mais après réflexion, on voit que le personnage central, qui vit sa dualité toujours dans les extrêmes, passent d'un vocabulaire cru à un vocabulaire simple. Mais n'empêche qu'à la fin, je n'y trouve pas mon compte. On peut comprendre la démarche de l'écrivain de se positionner suivant ce point de vue et il ne donne pas d'humanité à son personnage principal. Mais je ne sais pas comment exprimer le sentiment qui m'entoure. je ne crois pas à la rédemption des génocidaires et les actes commis ont été épouvantables.
A lire par curiosité afin de voir autre chose que des récits larmoyants et durs sur le sujet. Mais est-il possible que pendant ces périodes troubles, un nazi soit passé de l'autre coté (voir le film K avec la même approche mais à l'époque actuelle).
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À lire avant Nuit...
Les aventures de Max Schulz sont tout à fait jubilatoires à suivre, mais Nuit était tellement exceptionnel et marquant que je me demande s'il n'anesthésie pas de l'irrévérence d'Hilsenrath, qui est toujours très présente dans le Nazi et le Barbier, mais parait ici plus artificielle et saisit moins que dans Nuit.
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