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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un vrai roman d'espionnage aux multiples rebondissements ! On y vit l'affaire Dreyfus du point de vue de Picquart, l'homme qui s'est battu contre sa hiérarchie une fois qu'il a eu la certitude que Dreyfus était innocent, alors qu'il avait lui-même participé à la mascarade qui allait conduire ce dernier au terrible bagne de l'Ile du Diable en Guyane. le style est vif et fluide, aucun ennui ne gagne le lecteur, malgré les plus de 600 pages de ce livre. Picquart y parle à la première personne. On y croise tous les protagonistes bien connus Zola, Clémenceau, Mercier, Boisdefre, Estherhazy, Albert et Matthieu Dreyfus et bien d'autres dont Robert Harris tire des portraits vivants et terriblement humains. C'est également la France de la fin du XIXième siècle qui se déploie au fil des pages, une France humiliée par la défaite de 1870 qui n'aspire qu'à la revanche, un Paris frivole et intrigant, une classe politique aux ambitions tellement humaines prête à toutes les compromissions ou au contraire prête à engager les combats les plus difficiles. Un livre qui m'a fait mieux cerner cette terrible affaire dont ma connaissance n'était que de l'ordre de la culture générale et dont je saisis aujourd'hui à quel point le courage de Picquart et son sens du devoir ont été exemplaires.
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Un excellent livre. Quoi dire d'autre sur l'affaire Dreyfus que nous ne sachions déjà ? Jean Denis Bredin avait , dans les années 1980 , commit un ouvrage synthétique qui fait toujours référence : " L'Affaire" , précisément. Robert Harris n'est pas historien. Il aborde l'affaire Dreyfus en romancier, et le héro qu'il s'est choisi pour nous faire découvrir la vérité au fil des chapitres de "D" n'est autre que le colonel Georges Picquart chef du Service de statistiques , autrement dit le 2e bureau de l'Etat-Major . Personnage clé dans le dévoilement de la vérité , son obstination a eu raison des manigances de l'armée qui avait trouvé dans le capitaine Dreyfus , juif alsacien , le coupable idéal, le bouc émissaire parfait, dont la condamnation exemplaire pour espionnage au service de l'Allemagne, au bagne à perpétuité, était censée montrer que la nation française pouvait avoir confiance en son armée pour débusquer les traîtres ! scrongneugneu !
On sait ce qu'il advint de tout cela : la découverte de faux documents , les mensonges par omission, le "suicide" du Commandant Henry , le " J'accuse" de Zola, le second procès à Rennes, la Grâce présidentielle, puis enfin la réhabilitation de Dreyfus et sa réintégration dans l'armée au grade de colonel.
Robert Harris trace de Georges Picquart un portrait tout en nuances qui fait la part belle à ses doutes et à ses hésitations quant à la recherche de la vérité. L'homme était partagé entre sa conscience morale qui lui faisait entrevoir l'innocence de Dreyfus , et son appartenance viscérale à un corps qui incarnait , à l'époque , le patriotisme le plus intransigeant . C'est tout à son honneur d'avoir placé la notion de justice plus haut que celle d'obéissance. Il le paya cher : prison et expulsion de l'armée. Son courage fut d'autant plus remarquable que lui-même n'aimait pas beaucoup les juifs. Certes , ce n'était pas le seul à l'époque ; l'antisémitisme y était bien porté, aussi bien à droite qu'à gauche , n'oublions pas ce que Jaures répondit au sénateur Scheurer-Kestner, lorsque celui ci lui proposa d'intercéder en faveur de Dreyfus :" oh, c'est une histoire de juifs, qu'ils se débrouillent entre-eux...." .
L'Affaire , comme la Commune de Paris, le 6 février 1934 , Vichy, la guerre d'Algérie , est souvent présentée par les historiens comme un évènement clivant séparant la France en deux clans. Il y aurait le clan du bien , les Deyfusards , un peu vite assimilés au camp du progrès , et puis évidemment le clan du mal : les anti-dreyfusards, synonymes de réactionnaires invétérés ; presque des fascistes avant le mot. La réalité est plus complexe. Qu'aurait fait , s'il avait vécu jusqu'en juin 1940 , le futur général et Ministre de la Guerre de Clémenceau, Georges Picquart ? aurait-il voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain ? Nous n'en saurons rien bien évidemment puisqu'il est décédé d'une banale chute de cheval en 1914 , mais l'on sait maintenant grâce aux travaux de l'historien franco-israélien Simon Epstein , que les destins des antidreyfusards dans la première moitié du 20e siècle , ne sont pas de longs fleuves tranquilles. Dans " le paradoxe français" , il répertorie et retrace le parcours de dizaines d'anciens dreyfusards , ou adhérents à la LICA , tous philosémites au sortir de l'Affaire, qui se sont retrouvés dans les cabinets ministériels de Vichy. A l'inverse , Epstein note le grand nombre de personnages d'extrême droite , ou qui furent des partisans actifs de mouvements d'extrême droite, dans les mouvements de résistance (hors les Communistes ).
J'arrête là , car je sens que je m'éloigne un peu du bouquin de Harris.... et puis je sais bien ce que quelques lecteurs vont déduire de mes apartés :-)
Alors concluons sérieusement et dignement : si l'histoire de cette époque vous intéresse, si vous avez déjà lu un Robert Harris et avez apprécié sa prose, si malgré tout les bouquins d'histoire vous gavent mais qu'une histoire "vraie" romancée peut vous séduire , alors lisez "D" !
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Excellent roman d'espionnage avec suspens au rendez-vous.

La position très nuancée du personnage principal, le commandant Picquart en contrepoids des rebondissements de l'enquête sur Dreyfus y est pour beaucoup.

Les différentes réponses face aux questions d'éthiques posées par cette scandaleuse affaire sont tellement contemporaines, vous n'en reviendrez pas. Vous retiendrez votre souffle, et lèverez un voile sur une histoire concrète du passé.

Je recommande sans modération.
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L'affaire Dreyfus par Robert Harris est plus qu'un roman, c'est une reconstitution d'une incroyable clarté et qui se dévore tellement la tension est constante malgré la connaissance de l'histoire. Certes, certains passages, notamment intimes, sont fictifs forcément, les traits de caractère des protagonistes probablement suggérés mais l'essentiel de la plus célèbre affaire militaro-politico-judiciaire est véridique. L'auteur a effectué un travail remarquable de dépouillement d'archives et de mise en scène d'une affaire longue et complexe au travers de l'enquête du lieutenant-colonel Georges Picquart, en charge du service de renseignement aux lendemains de la dégradation du capitaine Dreyfus.
On reste confondu devant la duplicité des plus hauts gradés de l'état-major de l'époque, prêts à mentir ouvertement durant près d'une décennie pour dissimuler leurs erreurs au départ de l'affaire et éviter que l'armée n'en sorte salie.
Je connaissais évidemment cette malheureuse affaire dans ses grandes lignes mais la découverte des détails m'a laissé stupéfait face à l'injustice subie par Dreyfus et écoeuré par le fourvoiement de la haute hiérarchie militaire, on en reste bouche bée.
Le travail de traduction est également à saluer tellement les termes choisis, l'expression, le style et la reproduction à l'identique des pièces du dossier sont incroyablement contemporains de cette époque.
Vous l'aurez compris, c'est un roman à lire absolument pour les passionnés d'histoire et qui permet de mieux comprendre pourquoi la France fut littéralement coupée en deux à la charnière des XIXe et XXe siècles.
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D. c'est l'affaire Dreyfus vue par Picquart. Georges Picquart fut en son temps le plus jeune colonel de l'armée française. Au lendemain de la dégradation (1895) et de la déportation de Dreyfus à l'île du Diable, il est nommé à la tête de la section de statistique, en fait les services de contre-espionnage. Comme le haut commandement de l'armée craint que "les Juifs" ne lancent une contre-offensive pour faire libérer Dreyfus, Picquart est chargé de trouver de nouvelles preuves contre le traitre. Convaincu, au départ, de la culpabilité de Dreyfus Picquart va découvrir qu'il est innocent, que le vrai traitre est un dénommé Esterhazy et -ce qui le choque par dessus tout- que le haut commandement militaire connaissait avant le procès en cours martiale l'innocence de Dreyfus. Car Picquart est un homme d'honneur et une fois connue la vérité il ne peut plus la taire même si tout va être tenté pour l'empêcher de parler.

Je connaissais déjà grosso-modo le déroulement de l'affaire Dreyfus et ses circonstances mais avec D. Robert Harris la rend particulièrement vivante et me fait prendre conscience de ses aspects les plus scandaleux. Il s'agit d'abord des conditions indignes de détention de Dreyfus à l'île du Diable, à qui personne n'adressa la parole pendant plus de quatre ans. Ca me donne l'impression que les responsables veulent se venger de leurs erreurs sur ce malheureux.

Il s'agit ensuite des manifestations violentes d'antisémitisme qui ont agité la France pendant toute l'affaire.

Il s'agit enfin, scandale absolu, du comportement des officiers supérieurs de l'armée française qui ont fait condamner sciemment un innocent et qui, pour cacher leur faute, n'ont pas hésité à faire fabriquer de faux documents et à couvrir le coupable, crapule présentée même comme un modèle de patriotisme. J'espère que l'armée d'aujourd'hui n'est plus commandée par le même genre de vieilles badernes imbues de leur personne. Je découvre aussi le poids et l'influence de l'armée en France à cette époque.

Voilà donc un roman qui m'a passionnée et que j'ai eu bien du mal à lâcher une fois prise dans l'action.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Ouvrage scindé en 2 parties.
La première concerne Dreyfus, et détaille la condamnation et l'exil de Dreyfus.. Rien de particulier si ce n'est la précision dans le déroulement du drame
La seconde concerne Picquoart et est bien moins connue. Il subit la pression de la puissance du mensonge d'Etat, tout comme Dreyfus. Partie particulièrement passionnante et humaine.
Comme chaque fois Harris a l'art de prendre des faits passés relatifs à la démocratie ou la justice, pour nous les rendre terriblement actuels.
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Voyage au coeur de la grande muette qui se met à parler par la voix du colonel Picquard promu après l'incarcération d'Alfred Dreyfus sur l'île du diable.
J'ai vu cette année l'opéra de van Cauwelaert mis en musique par Michel Legrand. J'y avais trouvé un manque de profondeur au niveau des personnages et grâce à ce livre j'ai pu combler cela.
L'enquête est parfois difficile à suivre mais cela n'est pas très grave. L'intérêt de ce livre est de comprendre l'état de l'armée française à quelques années de la 1ere guerre mondiale rongée par les ambitions personnelles, la montée des alliances. Thriller haletant qui montre la force d'un système qui n'hésite pas à sacrifier les siens....
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Complètement dingue ! Une histoire dont tout le monde connaît la fin, et qui vous tient néanmoins en haleine jusqu'à la dernière ligne. L'histoire est, à la base, tellement hallucinante que Robert Harris n'a pas eu besoin de beaucoup la romancer pour la rendre palpitante et révoltante. Ce livre est une pure merveille, remarquablement écrit, impeccablement documenté. Sa lecture est, d'ailleurs, recommandée par les historiens spécialistes de l'AFFAIRE.
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En six mois, voici le deuxième roman que je lis sur l'affaire Dreyfus. le premier, Lucie Dreyfus – La femme du capitaine (paru aux Editions Textuel, 2015), est un essai écrit par Elisabeth Weissman, dont le personnage central est Lucie, la femme d'Alfred Dreyfus.
D. est un roman basé sur l'affaire qui a secoué la France au tournant du XX° siècle. Pas de sources documentaires, donc. Ayant un souvenir encore très précis de la biographie d'E.Weissman, je retrouve dans le roman de Harris les faits significatifs de l'affaire, à la nuance près qu'il a choisi George Picquart comme narrateur. le commandant Picquart a joué un rôle mineur dans l'arrestation du capitaine en 1894. Convaincu de sa culpabilité, ce n'est que deux ans plus tard, lorsqu'il découvre par hasard l'identité du véritable traître, qu'il comprend l'erreur formidable dont est victime Dreyfus et qu'il tente de rétablir la vérité.
Avant d'être un livre sur Dreyfus, D. est un livre sur un scandale d'Etat, sur l'antisémitisme et la succession des mensonges dont a été coupable l'état major de l'armée, au point de maintenir prisonnier à l'Ile du Diable un innocent, innocenter un coupable et accuser de mensonges et de félonie un commandant honnête, dont le seul crime a été de vouloir mettre en lumière les faits inouïs qui ont conduit Alfred Dreyfus en détention dans des conditions dignes du Moyen-Age.
Oubliez Dreyfus et placez l'histoire dans une république balbutiante où l'armée, toute puissante, peut commettre des exactions indignes, en toute impunité. Voilà les ingrédients d'un livre d'espionnage rassemblés. C'est le défi que s'est lancé Robert Harris. le résultat est très bon. Roman en deux parties au rythme dynamique, dans lequel Picquart apparait comme un militaire avant tout, antidreyfusard incontestable, puis peu à peu guidé par sa conscience, indépendamment de son idéologie, au risque de se perdre lui-même. Sans connaître l'histoire de France, le lecteur pourrait dévorer les six-cents pages du roman en méditant sur notre chance extraordinaire : notre pays est une démocratie depuis si longtemps qu'une telle succession d'erreurs et de lâchetés ne peut pas s'y produire aujourd'hui. Robert Harris a-t-il voulu lancer un avertissement aux démocraties, pour rappeler leur fragilité ?
Lien : http://akarinthi.com/mes-cou..
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Haletant récit de la célèbre affaire par un de ses principaux protagonistes, à savoir le colonel Picquart. Ce parti pris narratif est la seule concession à la réalité, tant l'auteur s'en tient aux faits établis. Une revisite scabreuse d'une époque tiraillée entre le positivisme triomphant et les relents antisémites moyenâgeux. Un récit incarné qui démontre que la vérité s'arrache au prix de longues batailles.
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