Allez, on ne va pas tourner autour du coffre plus longtemps : je suis déçue, je le dis d'emblée. Et pas seulement parce que j'attendais, comme beaucoup de lecteurs "autre chose" de la part de
Thomas Harris, mais aussi par ce roman en lui-même.
Quand je l'ai repéré à la médiathèque, avec sa belle couverture chatoyante, j'ai fondu dessus, tel un de ces rapaces que Cari affectionne, pour qu'un autre lecteur ne me pique pas ma proie. Pendant toutes les premières semaines de confinement, je l'ai regardé, souvent, me tenter depuis l'étagère d'où il me narguait, semblant me dire "allez viens, lis-moi si tu l'oses !". Et chaque fois j'ai résisté, lui disant : "ton heure viendra, oui, mais pas tout de suite...pas trop vite...". Et puis voilà, il y a 3 jours, j'ai cédé, en plus j'avais lu tous les autres, donc je n'avais plus vraiment le choix.
Donc vous imaginez la pression ! Et ben elle est vite retombée la pression, raté le soufflé. Mais pourquoi, pourquoi m'avoir fait ça, à moi, une fan absolue ? A-t-il cédé aux injonctions d'un éditeur (allez, ça fait treize ans que les lecteurs attendent, tu vas le faire, oui ?), ou n'avait-il plus de quoi payer les traites de sa maison ? Ou, c'est pas lui qui l'a écrit ? Je ne sais pas, je ne sais plus je suis perdue...Fais comme l'oiseau, me répondrait Cari.
Elle qui a réussi à fuir les Farc (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) qui l'avaient enlevée enfant aurait mérité un meilleur sort que de devoir se mettre au service de personnages tous plus sinistres et tordus les uns que les autres, tous à courir après les lingots de Pablo Escobar. Des lingots bien planqués dans un coffre piégé sous une villa de Miami Beach, et que tentent de s'approprier deux bandes rivales de margoulins. Cari ne joue somme toute qu(un rôle bien secondaire dans l'histoire, ses divers talents de bricoleuse, d'espionne etc...intéressant les uns et les autres. Elle, ce qui l'intéresse, c'est la préservation des oiseaux dans le centre où elle travaille occasionnellement, elle aurait voulu être vétérinaire...
Son personnage est attachant, et son potentiel n'est que peu exploité, alors qu'un tas d'autres individus totalement inutiles parasitent la lecture. Au bout d'un moment, je ne savais même plus qui jouait dans quel camp !
Non, vraiment, c'est dommage, une belle idée au départ (il paraît d'ailleurs qu'El Chapo, petit nom de Pablo Escobar, a réellement caché son trésor dans une villa de Miami Beach), une superbe héroïne qui avait sûrement plein de choses à nous dire, il y avait là les meilleurs ingrédients...(qui justifient la moyenne attribuée)
Mais au bout du compte, j'ai eu l'impression qu'on m'avait servi un brouet insipide...
J'ai pour principe de ne jamais émettre un jugement définitif sur un auteur qui m'a séduite avec d'autres oeuvres, je ne renverrai donc pas
Thomas Harris aux oubliettes, mais s'il vous plaît Thomas, ne me refaites pas ce coup-là !