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Citations sur Le Modèle occidental de la guerre : La bataille d'infan.. (6)

La raison d’être de la bataille d’infanterie lourde en Grèce à l’époque classique ne peut résider dans le fait qu’elle était un moyen d’empêcher un désastre agricole. Nous devons plutôt considérer qu’elle se présentait comme une provocation ou une réaction contre la simple menace d’une attaque contre les fermes. Le simple spectacle de pillards ennemis traversant au pas de course, librement, les terres de ceux qu’ils envahissaient était à lui seul considéré comme un outrage aussi bien à la vie privée des individus qu’à la fierté municipale. D’ordinaire, l’on considérait comme nécessaire une réplique rapide sous la forme d’une colonne de fermiers lourdement armés et cuirassés débouchant dans une petite plaine au site approprié, le lieu de travail par excellence en temps de paix, où une bataille brève, mais violente, aboutissait ou bien à des concessions faites à l’armée d’invasion, ou bien à une retraite humiliante et forcée des vaincus vers leur territoire. La victoire finale, au sens moderne du terme, et l’asservissement du peuple conquis, n’étaient considérés par aucun des deux camps comme un choix possible. Les batailles d’hoplites grecs étaient des luttes entre petits propriétaires fonciers qui, d’un commun accord, cherchaient à limiter la guerre et, partant, la tuerie à un affrontement unique, bref et cauchemardesque.
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Dans cet exposé du combat entre fantassins à l’époque classique en Grèce, j’ai essayé d’évoquer le cadre de cette expérience de la bataille ainsi que le mal et les difficultés extraordinaires qu’avaient les hommes qui combattaient. J’espère aussi offrir davantage qu’un récit descriptif des coups donnés et reçus. Car ma conviction est que la forme pure de la bataille chez les Grecs nous a laissés, en Occident, possesseurs d’un héritage embarrassant : nous sommes devenus persuadés qu’une bataille autre qu’une confrontation face à face entre des ennemis calmes et déterminés est contraire à nos valeurs et à notre style.
Le modèle grec de la guerre a développé en nous une aversion pour ce que nous appelons le terroriste, le guérillero ou le franc-tireur qui choisit de faire la guerre d’une autre façon et n’est pas disposé à mourir sur le champ de bataille pour tuer son ennemi. Nous n’éprouvons non plus aucun penchant pour l’extrémiste religieux ou politique, le fanatique au comportement suicidaire qui veut périr plutôt que de continuer à vivre en traversant l’épreuve d’une bataille. Nous avons tellement admis pendant les 2500 dernières années le modèle grec de la bataille rangée que nous avons à peine remarqué qu’en fait la guerre en Occident ne lui ressemble plus depuis longtemps, pas plus que nous n’avons remarqué sa disparition dans les guerres de la fin du XXème siècle.
(…) L’on tient pour plus moins admis, dans notre culture, que les hommes et les femmes, comme leurs devanciers grecs, savent naturellement sans que leurs gouvernements aient à le leur dire que l’unique façon de défaire un ennemi est de le rencontrer et d’engager la lutte avec lui dans le but de finir toute l’affaire aussi vite et aussi franchement que possible. Et ainsi ils ont fait leur cette suprême absurdité de la guerre : la bataille rangée.
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La raison d’être de la bataille d’infanterie lourde en Grèce à l’époque classique ne peut résider dans le fait qu’elle était un moyen d’empêcher un désastre agricole. Nous devons plutôt considérer qu’elle se présentait comme une provocation ou une réaction contre la simple menace d’une attaque contre les fermes. Le simple spectacle de pillards ennemis traversant au pas de course, librement, les terres de ceux qu’ils envahissaient était à lui seul considéré comme un outrage aussi bien à la vie privée des individus qu’à la fierté municipale. D’ordinaire, l’on considérait comme nécessaire une réplique rapide sous la forme d’une colonne de fermiers lourdement armés et cuirassés débouchant dans une petite plaine au site approprié, le lieu de travail par excellence en temps de paix, où une bataille brève, mais violente, aboutissait ou bien à des concessions faites à l’armée d’invasion, ou bien à une retraite humiliante et forcée des vaincus vers leur territoire. La victoire finale, au sens moderne du terme, et l’asservissement du peuple conquis, n’étaient considérés par aucun des deux camps comme un choix possible. Les batailles d’hoplites grecs étaient des luttes entre petits propriétaires fonciers qui, d’un commun accord, cherchaient à limiter la guerre et, partant, la tuerie à un affrontement unique, bref et cauchemardesque.
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Dans cet exposé du combat entre fantassins à l’époque classique en Grèce, j’ai essayé d’évoquer le cadre de cette expérience de la bataille ainsi que le mal et les difficultés extraordinaires qu’avaient les hommes qui combattaient. J’espère aussi offrir davantage qu’un récit descriptif des coups donnés et reçus. Car ma conviction est que la forme pure de la bataille chez les Grecs nous a laissés, en Occident, possesseurs d’un héritage embarrassant : nous sommes devenus persuadés qu’une bataille autre qu’une confrontation face à face entre des ennemis calmes et déterminés est contraire à nos valeurs et à notre style.
Le modèle grec de la guerre a développé en nous une aversion pour ce que nous appelons le terroriste, le guérillero ou le franc-tireur qui choisit de faire la guerre d’une autre façon et n’est pas disposé à mourir sur le champ de bataille pour tuer son ennemi. Nous n’éprouvons non plus aucun penchant pour l’extrémiste religieux ou politique, le fanatique au comportement suicidaire qui veut périr plutôt que de continuer à vivre en traversant l’épreuve d’une bataille. Nous avons tellement admis pendant les 2500 dernières années le modèle grec de la bataille rangée que nous avons à peine remarqué qu’en fait la guerre en Occident ne lui ressemble plus depuis longtemps, pas plus que nous n’avons remarqué sa disparition dans les guerres de la fin du XXème siècle.
(…) L’on tient pour plus moins admis, dans notre culture, que les hommes et les femmes, comme leurs devanciers grecs, savent naturellement sans que leurs gouvernements aient à le leur dire que l’unique façon de défaire un ennemi est de le rencontrer et d’engager la lutte avec lui dans le but de finir toute l’affaire aussi vite et aussi franchement que possible. Et ainsi ils ont fait leur cette suprême absurdité de la guerre : la bataille rangée.
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Que des individus téméraires quittent la ligne pour aller chercher un succès personnel avait peu d'utilité...Aristodémos fut l'hoplite grec le plus courageux à la bataille de Platée. Pourtant, après la victoire, les Spartiates ne s'arrêtèrent pas à lui au moment de décerner le prix de la bravoure, car il avait quitté "son rang comme un furieux" (Hérodote IX,71). A la vérité, quitter ainsi sa formation pour affronter l'ennemi dans une démonstration individuelle de vaillance guerrière était ce qu'un soldat pouvait faire de pire. Hérodote (IX, 61) nous rappelle que les Perses subirent les conséquences d'une témérité de ce genre : à Platée, ils scellèrent leur destin en quittant leurs rangs au pas de course pour affronter les Spartiates. Le serment des éphèbes que l'on exigeait des jeunes Athéniens décrivait le comportement idéal dans une bataille. Chacun jurait :"Je n'abandonnerai pas mon camarade où que je me trouve sur le champ de bataille".
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Une fois qu'un homme a pris sa place dans la phalange de sa cité, rappelait Socrate, vétéran chevronné de la bataille d'hoplites, aux auditeurs de son dernier discours, "il a pour devoir...d'y demeurer ferme, quel qu'en soit le risque, sans tenir compte ni de la mort possible, ni aucun danger plutôt que de sacrifier l'honneur (Platon Apol,28d).
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