Tu es ton seul frein. La seule personne qui a l'obligation de te rendre heureuse, c'est toi.
Mes vingt-trois dernières années ont été consacrées à mes enfants. Je ne me suis pas sacrifiée. Devenir mère a donné un sens à ma vie. Enfin, j’étais utile. Enfin, je comptais pour quelqu’un. C’est égoïste, j’en conviens. Je ne l’ai pas calculé : la maternité a réparé en moi ce que l’enfance avait abîmé.
Une fois passés, les moments doux ne disparaissent pas. Quelque part, au fond de nous, ils durent pour toujours. On les appelle les souvenirs.
Il paraît que c’est ça être parent : faire passer les émotions de son enfant avant les siennes, lui sourire quand on a envie de pleurer, écouter sa journée d’école quand on rêve de dormir, jouer aux petits chevaux quand on veut tout plaquer, le rassurer quand on est prêt à tuer tout le monde, le consoler quand on a besoin de hurler.
La culpabilité est de la maltraitance envers soi-même. On a tous tendance à être la personne la plus sévère pour soi, alors qu'on devrait être la plus bienveillante.
Vous avez mis au monde votre fille, mais pas uniquement. J’ai la joie de vous présenter votre petit deuxième : il s’appelle Angoisse. C’est un enfant vorace, qui se nourrit essentiellement de larmes, de peur et de colère, à toute heure, à tout endroit, il n’est jamais rassasié. Il souffre du syndrome d’abandon, il ne tolère pas qu’on le laisse seul, la nuit, le jour, il sera là, près de vous. Il se peut que vous le trouviez également égocentrique, c’est normal. Il a besoin de toute l’attention, toute la lumière. Pour s’en assurer, il se manifeste régulièrement, avec une nette préférence pour les moments où on ne s’y attend pas. Je ne vous cache pas qu’il n’est pas facile à vivre, mais c’est la tradition. Il est offert à tous les nouveaux parents, en guise de bienvenue. C’est le secret le mieux gardé de la parentalité.
Je me méfie du bonheur, la facture est trop salée. Il débarque chez toi, il pose ses valises, envahit l'espace, le moindre recoin, il est plaisant, de bonne compagnie, alors on s'y habitue, on s'y attache, il devient indispensable, et puis, brusquement, un jour, il disparaît, on rentre et il est parti, laissant la porte ouverte et le malheur mettre ses pieds sous la table.
- Derrière les portes des services de néonatologie se cache une réalité que la plupart des gens préfèrent ignorer. On peut mourir à tout âge, même quand on n'a pas encore vécu.
"Quand la mort te regarde droit dans les yeux, les priorités sont bousculées et certaines choses deviennent urgentes. Je ne voulais pas partir sans dire à mon fils que je l'aimais. Je suis en rémission depuis cinq ans, mais c'est resté. Je dis toujours ce que je pense. La vie est trop courte pour faire des détours."
J'ai beaucoup d'amour à donner, mais plus personne pour le recevoir. Toutes les nuits, je fais des câlins à mes souvenirs.