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Critique de jaco5757


Une belle surprise pour ce qui aurait pu être une énième New Romance où se mêle mièvreries et érotisme.
L'écriture des autrices est loin d'être basique (voire vulgaire) comme dans certaines autres publications du même genre que je ne citerai pas. Les phrases sont souvent syntaxiquement riches, le style souvent soutenu et cela apporte grandement au récit, aux descriptions, aux analyses psychologiques des personnages. Tout cela est développé et même les personnages secondaires prennent de l'importance grâce à ce style littéraire de belle tenue, sans parler des dialogues, nombreux et travaillés.
On se retrouve dans une ambiance à la « Campus Driver » (sauf qu'on est essentiellement en été et qu'on voit moins le campus), avec un humour omniprésent, tant dans les répliques percutantes et fleuries des protagonistes que dans les pensées troublées de Liv. Les personnages principaux sont jeunes (A 18 ans, on est toujours un « ado » en Amérique, un « teenager ») et il leur faut de fausses cartes d'identité pour pouvoir boire de l'alcool dans les bars. L'ambiance est potache, familiale et amicale. Famille et amis ont d'ailleurs une place importante dans le récit et l'ambiance n'est jamais malsaine, jamais irrespectueuse sauf, bien sûr, quand elle est clairement dénoncée comme telle (rumeurs, paparazzis,…).
Liv est jolie mais pas du tout « Bimbo ». Elle n'est pas sure d'elle, un peu complexée physiquement par rapport à toutes les beautés féminines qui tournent autour de la « rock star ». Elle n'a qu'une amie véritable et sa grand-mère (la mère de son papa). Tristan est très beau mais se balade souvent avec son petit frère Harry (3 ans) inséparable de sa peluche alligator qui pendouille par une de ses pattes bien accrochée dans sa bouche baveuse. Il est adorable, sous ses airs de bad boy, il est talentueux en musique, drôle avec ses proches, tendre avec son petit frère et, quand il joue au « chat et à la souris » avec Liv pour la rendre jalouse, il est en réalité tout à fait honnête et voudrait qu'elle ose s'engager plus avec lui, malgré les « on dit ». Les copains(ines) sont sympas, avec des réactions d'adolescents normaux : les autrices approfondissent même leur descriptions, leurs caractères, leurs vécus. Les riches « fils à papa » (Nous sommes à Miami…) sont clairement critiqués. « Ici, même la limonade est prétentieuse. Elle est rosée, servie dans un verre en cristal, assortie d'une rondelle de citron parfaitement tranchée, de glaçons parfaitement carrés. »
La famille est riche mais on ne tombe pas dans l'excès vulgaire de certaines autres publications du même genre que je ne citerai pas… Liv a un job d'été pour financer ses études, elle a horreur qu'on la traite de « fille à papa » et son père, pour son anniversaire, lui offre une voiture … d'occasion. Betty Sue, la grand-mère est à l'opposé des poncifs de la Jet Set. Elle est moderne, peintre, écolo et a plein d'animaux. Elle est adorable. « …Elle a 77 ans et 20 dans sa tête… ».
Nous sommes à Miami et plus exactement sur Key West, la dernière île de l'archipel des Keys, au sud de Miami et des Everglades. Liv vit avec son père, la nouvelle femme de son père, Sienna et les fils de cette dernière, Harry (3 ans) et Tristan avec lequel elle se dispute sans cesse. Titan, somme l'appelle Harry qui prononce mal, est arrogant, provocateur, chanteur dans un groupe rock et ne compte plus ses innombrables conquêtes féminines qui tombent sous son charme sauvage. Liv est tout le contraire : garçon manqué, timide, mal dans sa peau, elle est encore vierge. Elle cohabite donc dans la grande maison de son père et les autrices nous amènent à réfléchir sur les conséquences du divorce, la douleur d'avoir un parent absent (ici, la mère de Liv), les difficultés possibles d'une cohabitation au sein d'une famille recomposée. Liv et « le Titan » vont nous donner le spectacle de disputes hilarantes et de situations tout autant cocasses qu'attendrissantes. Cependant, et on s'en doute, le récit « ennemy to lovers » va vite évoluer vers des « Jeux interdits ». En effet, Les deux jeunes gens ont la réputation, auprès de tous, d'être demi-frère et demi-soeur, même s'ils n'ont, en réalité, aucun lien familial de sang, n'ayant ni la même mère ni le même père. le seul lien qui les unit est de vivre « comme des frère et soeur », sous le même toit. Mais pour l'entourage social, souvent très malveillants, dans une Amérique puritaine (surtout en Floride), leurs « jeux amoureux » sont absolument interdits. La seule chose qui devrait être interdite ce ne sont pas leurs « jeux » mais les réactions et agissements des « gens » stupides, méchants, jaloux, intolérants et lâches qui les observent et même les agressent. « Pour ne pas avoir à penser par eux-mêmes et à faire preuve de courage, les gens se cachent derrière des idées fausses et des préjugés. » (C'est la grand-mère qui parle)
Bon. Alors. Parlons un peu de leurs fameux « jeux » : n'oublions pas que nous sommes dans une « New Romance » (Même si elle n‘est pas éditée par Hugo…). L'écriture soutenue des autrices donne aux scènes de sexe très explicites une véritable légitimité qui, du coup, ne versent jamais dans le lubrique ou l'abject, comme dans certaines autres publications du même genre que je ne citerai pas. Ces scènes sont longues mais pas à cause d'une succession d'actes crus mis au bout les uns des autres : non, les préliminaires, les ressentis, les échanges verbaux et gestuels y sont privilégiés. Ces passages torrides commencent d'ailleurs très tôt dans le récit et sont autant empreintes de désir obscène que de respect, de consentement et de tendresse. Rajoutons aussi d'intelligence et de bon sens (préservatifs, tests VIH, pilule, …). Pour ma part, je recommanderais ce livre à des ados (plus de 15 ans quand même !…), pour toutes les valeurs qu'il véhicule et pour les scènes explicites qui les éduqueraient bien plus sainement à la sexualité que les nombreuses vidéos porno auxquelles ils peuvent être exposés depuis bien avant leurs 15 ans ! Ca leur apprendrait également, enfin, qu'une femme possède aussi un clitoris !
La seule déception (et encore, en est-ce vraiment une…), je l'ai ressentie à la fin du livre, d'abord avec l'événement tragique qui survient au cours du récit, puis avec le dénouement auquel on ne s'attend pas vraiment et qu'il est difficile de ne pas regretter (larmes !…). Mais l'espoir subsiste et, après tout, n'est-ce pas une manoeuvre stratégique et machiavélique des excellentes autrices pour nous faire courir à perdre haleine dans une bonne librairie acheter le deuxième tome de cette petite saga : « Jeux Insolents » ?...
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