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EAN : 9782845451704
1104 pages
Editions des Syrtes (22/08/2012)
4.28/5   30 notes
Résumé :
Il s'agit d'un roman-fleuve, de 1120 pages environ.

Les Vaincus est le roman d’une tragédie: celle de la Russie après 1917 et l’avènement de la dictature bolchevique. Conçu comme une grande fresque pétersbourgeoise de 1914 à 1937, il répond à la question que pose Irène Némirovsky dans sa Suite française: qu’advient-il de nous lorsque nous basculons dans le camp des vaincus?
Le livre suit les destins entrelacés de nobles, intellectuels, ouvrier... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Cette saga de 1120 pages.....conte avec une terrifiante intensité la Tragédie Russe, après l'avènement de la dictature bolchevique .
Comment écrire un commentaire sensé après un tel déferlement d'émotions?
A travers cette fresque historique entre dimension documentaire et littéraire , conçue dans les années 60, diffusée sous le manteau..... puis publiée enfin en 1992 , nous découvrons des destins entrelacés et les derniers feux d'une noblesse héroïque et d'une intelligentsia idéaliste qui tentent de survivre dans la nouvelle réalité du pays " la terreur stalinienne ".

Qu'adviendra t- il d'eux qui ont basculé définitivement dans la camp des vaincus?

Ils sont poursuivis par la Guépéou , dénoncés ,exilés, persécutés, fusillés...... .....
Ceux qui survivent , une foule de personnages, vivent un quotidien harassant, vendent leurs maigres biens pour résister à la faim et à l'indigence, ont interdiction de travailler, sous prétexte de non qualification requise, en réalité pour leurs racines et leur histoire .
Aux abois, en proie à des dénonciations, des interrogatoires arbitraires, traqués,-- ---on leur extorque des déclarations mensongères ----aucun d'entre eux n'échappera au rouleau compresseur soviétique .
L'auteur, la petite fille du compositeur Nicolaï -Rimski - Korsakov a connu un destin éprouvant et tragique. A l'aide d'une écriture élégante, elle conte l'histoire - un témoignage fort,- des femmes de la famille Bologovski, happées par l'histoire .

Dans cette oeuvre , Il. s'agit des souvenirs de " Russes Blancs ", dont l'auteur fait partie, qu'elle a recueillis .( la vie réelle et les faits sont tirés des années 1930 et 1940 )
Liola, dont la mère était l'épouse d'un officier de la Garde Impériale , contrainte de collaborer avec la Guépéou, sous le nom de camarade" Oeillet" , Assia , sa cousine, musicienne, joueuse de piano, , l'infirmière Iolotchka à qui l'affection conjugale, l'attitude maternelle et l'amour des enfants sont étrangers, il lui manque une sérieuse dose de féminité, ....Oleg, l'un des derniers officiers du tsar et bien d'autres personnages......
Une intrigue romanesque prenante , haletante , digne des grands romans russes.
L'auteur décrit ces nobles déchus tombés dans la tourmente de l'histoire....
De nombreuses références musicales et culturelles affleurent au sein de cette saga, une belle brochette de musiciens : Schumann, Wagner, Chopin, Bach, les airs d'opéras de Moussorsgski, et de Rimsi- Korsakov, la littérature Russe et Française, Européenne, Anatole-France , Émile Zola et bien d'autres, des Poètes Russes, aussi, Alexandre -Pouchkine ...
Une lecture captivante au coeur de ces vies tragiques et mouvementées, ô combien, où poésie , culture , musique, religion, ont la part belle !
Où la prison, l'angoisse , des conditions de vie pénibles et illusoires, submergeaient les rescapés de cette folie stalinienne où , souvent tous ceux qui les aimaient avaient péri.!
Une dimension à valeur d'épopée , un témoignage vrai au souffle puissant , où la vie ne valait pas un kopeck.....pour cette " camelote bourgeoise " surnom dont la Guépéou les affublait !!
C'est aussi une sublime histoire d'amour et de passion, au coeur de ce drame intense !
Pour ceux que la longueur n'effraie pas .....
Ce n'est que mon avis , bien sûr.
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1.094 dévorées , je suis triste d'avoir terminé ma lecture à part un tout petit passage d'une vingtaine de pages qui m'a moins plu , j'ai été enchantée pendant toute la lecture , c'est un livre que je n'oublierai pas de sitôt .
Le livre lui même a une histoire bien romanesque , il s'agit des souvenirs de ' russes blancs ' que l'auteur ( qui en fait partie ) a recueilli , puis elle a commencé son roman dans les années 50, il ne sera publié qu'en 1992 ! et est connu depuis peu chez nous , je crois que l'on va beaucoup en parler .
Voici l'histoire d' Assia et de sa cousine Liola , de l'infirmière Iolotchka , d'Oleg , un des derniers officiers du Tsar , l'histoire de leur persécution , des déportations , de la vie en appartement communautaire chez ces gens qui possédaient des domaines .
C'est un témoignage romancé mais l'auteur a un plume magnifique , on a l'impression de vivre avec les différents personnages , à la fin du livre , c'est un peu comme si on quittait des amis . Chez certains , l'amour de la Russie est plus fort que le Révolution , ils n'envisagent pas de vivre ailleurs , d'autres renient leurs origines .
Nous sommes au début de la révolution d' Octobre 1917 , les officiers tsaristes sont traqués , emprisonnés , souvent fusillés . Ceux qui ont réussi à s'en sortir ne sont pas sauvés pour autant , des dizaines d'années par après , ils seront toujours traqués . Ils sont ' les ci-devant ' , les représentants d'un monde révolu , les vaincus .La plupart n'ont jamais travaillés , ils deviennent des ' inadaptés sociaux ' .
Assia se retrouve seule avec sa grand-mère ,elle est très naïve , elle croit par exemple que l'on a des enfants en embrassant quelqu'un , pourtant elle restera toujours digne , elle reprochera à sa grand -mère de préférer son chien à un fils de 'prolétaire ' ,mais elle gardera des réactions inappropriées qui feront son malheur , elle est déchirée entre l'ancien et le nouveau monde et ne réussira pas à s'adapter . C'est elle et sa cousine qui souffriront le plus . Oleg lui aussi est trop fier pour s'adapter , on voit toujours en lui un aristocrate . Chaque tranche d'âge a ses difficultés : les personnes âgées sont trop vieilles pour accepter les changements , elles vivent dans le passé ( révolu ) , elles n'accepteront pas les moeurs plus libres , le tutoiement , les trentenaires devenues veuves se rendent compte que leur jeunesse s'échappe et qu'elles n'auront plus droit au bonheur .
L'auteur étonne par sa fine analyse , elle nous montre aussi que certains ' anciens ' nobles ne savent pas faire preuve d'humanité envers les prolétaires , pour eux quelqu'un de vulgaire , qui plus est s'il a fait de la prison n'est pas digne d'entrer au conservatoire , les préjugés sont donc tenaces des deux côtés .
Mika et Mary vont choisir l'amour de dieu , ce qui est dangereux car la religion est interdite , les prêtres vont être emprisonnés ;, Iolotchka , l'infirmière , l'amoureuse malheureuse va aussi mieux d'en sortir car elle fait preuve d'une grande capacité d'adaptation , tous les personnages évoluent d'après les évènements mais aussi d'après leur personnalité . Il y a encore bien des choses à dire mais lisez -le , c'est un chef-d'oeuvre pour tous les amoureux d'histoire , pour tous les amoureux d'histoire de la Russie et pour tous les amoureux d'histoire d'amour , si comme dans mon cas vous cumulez ces amours , un seul mot foncez et BONNE LECTURE . J'oublie de remercier Babélio pour ce livre reçu dans l'opération Masse Critique . Et aussi un voeu que j'aimerai voir se réaliser , qu'on en fasse un film .
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Ce récit est ce qui reste de la mémoire de Russes blancs. « Rien n'est inventé » confie l'autrice. Les personnages, cependant, n'ont pas existés en tant que tels. Ils empruntent des traits physiques et de personnalités, des histoires du passé, des anecdotes à des gens qu'Irina Golovkina a connu, des histoires qu'elle a vécu et qu'elle sait vrai. Et c'est peut-être ça le pire dans ce si beau livre romancé, quelque part, derrière les larmes et les élans du coeur : quelque chose a existé vraiment. Les balles ont été tirées, elles ont abattues, les enfants sont nés dans la famines et le froids, les gens sont morts dans les camps. Ce n'est pas un livre gai, avec ses 1400 pages écrites en tout pitit, c'est d'ailleurs un livre plutôt lourd à porter, pendant des jours, voire dans mon cas, des semaines.

C'est une grande fresque russe comme on en trouve que chez eux. Irina Golovkina n'a rien à envié à Tolstoï dans ses descriptions de la Russie, que la grandeur de sa plume illustre les campagnes ou les villes, les camps ou les fêtes, les appartements communautaires, les guerres ou les souvenirs de palais… Car oui, c'est bien écrit, c'est virevoltant, c'est prenant (1400 pages qui paraissent si facile à lire pourtant), mais cela vous écorche le coeur… C'est une lecture assez rude parce que déprimante. Pourtant, quelque part, on a du mal à s'attacher aux personnages, peut-être justement, leurs traits paraissent-ils trop réels ? Mais cela ne gène en rien la douleur qui habite le lecteur : car celle-ci est simplement humaine.

Le récit est comme une grande saga familiale, dont les rameaux puisent très loin leurs sources, très loin forcément… Car les survivants sont rares. Voilà ce que c'est en fin de compte : le récit de survivants. D'héritiers et d'héritières, de pages et de princesses, de titres de haute noblesse, bafoués, qui ne veulent plus rien dire. Et ces gens, incapables de vivre dans le nouveau monde. D'une part, de leur fait : les anciens ne veulent pas voir la société qu'ils ont connu se perdre. Ils continuent à chérir la candeur de leurs filles désormais grandes en espérant un mariage encore pas trop mauvais. D'autre part, totalement indépendant d'eux-mêmes : une jeunesse qui a espoir de vivre, qui fait fit de son rang et de son nom et essai de travailler, de s'intégrer malgré tout, mais que le régime actuel refuse dans ses rangs (c'est très bien montré avec le personnage déchiré de Liolia, qui je crois bien aura été ma préférée au long de cette lecture, alors que discrète au début du roman.)

Puisque la plupart des faits n'ont pas été inventés, on apprend des choses très pertinentes sur la Russie, à divers stades. D'abord, à quoi tenait l'aristocratie : une manière de parler, de se tenir, à la pudibonderie bien conservée bec et ongle des filles, mais surtout, à une dévotion entière à l'art et la culture. D'ailleurs, c'est une famille de musiciens qui nous suivons, puisque plusieurs d'entre eux n'avaient aucune capacité à travailler mais étaient d'excellents showmans. Ainsi, on a également un bon aperçu de la vie culturelle de l'époque, et des indices sur la manière dont elle a évolué suite à la chute du Tsarisme. Aussi, quelque chose qui m'a toujours interpellée et fascinée : la réglementation des appartements communautaires qui est ici montrée avec brio : son fonctionnement, la manière dont s'est géré, attribué, ainsi que les modalités d'inscriptions… le livre montre aussi ce qu'il y a de pire, comme je le disais, les camps : mais ça, la littérature de l'Est nous en a déjà donné bien des aperçus… Et aussi, bien évidemment, la traque continue de la Guépéou, même dans ses propres rangs.
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"Les vaincus" d'Irina Golovkina sont les perdants de la révolution bolchevique, ces représentants d'une noblesse autrefois toute puissante, que l'on a surnommés les "blancs".

Avec comme point central de son récit les membres -du moins les membres survivants- de la famille Bologovski, issue de l'aristocratie militaire, elle met en scène une riche galerie de personnages, dont les terribles destins reflètent les humiliations et les violences subies par ces vaincus.

Certains de ces héros affichent une personnalité aux caractéristiques assez marquées pour paraître caricaturale. Ainsi la jeune Assia Bologovskaïa et sa fraîcheur naïve, enfantine, son optimiste bienveillance qui lui permet, il est vrai, de surmonter les épreuves avec une étonnante vaillance. Ainsi la grand-mère de celle-ci, l'intraitable Natalia Pavlovna et sa conviction d'une supériorité innée, qui en fait le symbole même de cette condescendante dignité que l'on associe à une aristocratie révolue. Oleg, habité d'une très haute -et grandiloquente- idée de la morale et de l'honneur, représente quant à lui la facette masculine de cette caste. L'infirmière Iolotchka enfin, bien qu'issue d'une classe moyenne et laborieuse considérée par la nouvelle autorité comme amie du peuple (ses parents étaient respectivement médecin et enseignant de campagne), admire une noblesse qu'elle assimile à des idéaux chevaleresques d'héroïsme avec une exaltation qui s'oppose à l'austérité de son attitude et à la sécheresse de son existence.

Oleg et Iolotchka sont ceux qui expriment avec le plus de force la nostalgie intensément douloureuse d'une noblesse perdue, et pas seulement au sens social du terme. Cette Russie dont ils étaient si fiers -et pour laquelle Oleg, en tant que soldat, s'est battu-, gangrenée par un excessif relâchement des moeurs, est dorénavant le territoire d'hommes rustres et de femmes vulgaires, sales, dénués de toute grandeur d'âme.

La première partie du roman livre ainsi une vision manichéenne de cette société russe post révolution, opposant les grossiers, incultes et brutaux représentants du peuple à ces survivants de l'aristocratie qui auraient hérité de leur lignée hauteur morale, culture et savoir-vivre. Cette opposition est appuyée par la description précise des conditions dans lesquelles survivent ces membres de l'ancienne classe dominante.

Victimes de ségrégation, obtenir un emploi leur est quasiment impossible. Suite à la réquisition d'une partie de leurs demeures, ils partagent dans la promiscuité les pièces de leurs logements transformés en appartements communautaires où s'entassent des familles qui se croisent dans la cuisine, dans une ambiance d'agressivité et de suspicion, les uns épiant les autres...
Réduits à une pauvreté croissante, se défaisant peu à peu de leurs biens pour un morceau de pain ou un sac de farine, ils sont par ailleurs soumis à une persécution systématique qui occasionne une terreur constante, la Guépéou (la police politique) étant susceptible à tout instant de frapper à la porte pour emmener l'un ou l'une d'entre eux. La menace de la torture, des camps, de la déportation, est omniprésente.

Au fil du récit, l'aspect caricatural évoqué ci-dessus est par moments contrebalancé par des figures plus nuancées, telle celle de Nina, veuve du frère d'Oleg, chanteuse mariée en secondes noces à l'un des Bogolvski, que sa soif de vivre amène à faire des compromissions, ou celle du jeune communiste Viatcheslav, dont même Oleg apprend, malgré leurs oppositions, à apprécier la droiture et l'intelligence, et qui réalise peu à peu la propension de ses semblables à pervertir les idéaux.

Car ce n'est pas tant l'idéologie qui est finalement remise en cause, dans "Les vaincus", que son application tyrannique, sans discernement, par les hommes. Ses héros ne regrettent pas tant une monarchie qu'ils admettaient eux-mêmes à bout de souffle, qu'un idéal moral et culturel voué à l'extinction.

Tout au long de ce récit très dense, dont je vous tais volontairement les innombrables méandres romanesques, sont mis en scène les clivages et l'incompréhension qui président aux relations entre vainqueurs et vaincus. Entre ces deux mondes, les interactions sont rares, basées sur la méfiance et la domination, comme une revanche sur un temps pas si lointain où le jeu de domination était inversé. Plutôt qu'une lutte des classes, la société russe a entrepris le combat contre une classe, l'objectif étant son anéantissement.

Récit d'une transition brutale, intransigeante, inhumaine, "Les vaincus", s'inspirant de la tradition des grands romans russes du XIXème siècle, en a l'épaisseur et le souffle. le récit d'Irina Golovkina oscille entre une théâtralité parfois caricaturale, et des moments où, semblant se raviser, elle modère son propos, peinant parfois à trouver un juste équilibre entre veine romanesque et réquisitoire.
Mais c'est à lire tout de même, pour le plaisir de retrouver ces grandes sagas russes qui vous installent au coeur même de leurs galeries de personnages dont on suit le détail des vies tragiques et mouvementées, et des événements qui, de drames en rebondissements, s'y déroulent...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Il est hors de question de résumer un tel pavé mais le récit d'Irina Golovkina, petite-fille du grand musicien Rimski-Korsakov mérite que l'on s'y plonge car il permet de découvrir ces années tragiques qui ont suivi le beau rêve de la Révolution russe. La terreur stalinienne est présente, là, avec toute son horreur et son caractère de machine infernale, dépassant tout ce que nous pouvons imaginer.
Le point de vue de l'auteure est primordial puisqu'elle raconte les événements vécus du côté de la noblesse russe, chez les aristocrates, comme cela est bien précisé à de nombreuses reprises.
Première à entrer en scène, Iolotchka est une infirmière extrêmement dévouée qui était tombée amoureuse d'un officier russe blanc blessé grièvement. Quelques années plus tard, à 28 ans, elle ressemble à une vieille fille, « jeune femme étrange et un peu austère », nostalgique de l'ancien régime : « notre Russie, étendue, blessée à mort, au cerveau et au coeur. » Elle fraternise avec Assia, jeune et belle pianiste mais il y a aussi sa cousine, Liola, le maillon faible par qui le malheur arrivera. Enfin, le personnage central de l'histoire, Oleg, est un ancien lieutenant de la Garde qui revient de déportation après 7 ans. Il a été sauvé de l'exécution en changeant de nom et en s'inventant une vie de prolétaire.
Tournent autour de ces trois personnages les familles, les amis et les gens qui, peu à peu, s'installent dans les appartements communautaires. Oleg qui parle trois langues, n'arrive pas à trouver un emploi et confie au jeune Mika : « Je vis sur les ruines de tout ce qui m'était cher. » Il se sent déclassé : « Déclassé. C'est être retranché de la vie, retranché de son milieu habituel, quand tout passe à côté de soi. » Cela ne l'empêche pas d'avoir un grand mépris pour les prolétaires : « une bande d'ivrognes ! »
Reviennent aussi les souvenirs terribles des combats qui ont opposé les Russes aux Allemands puis ceux de cette guerre civile qui a vu deux camps s'affronter sans la moindre pitié. Nous faisons connaissance avec le système de soins mis en place par le pouvoir soviétique, avec la Tchéka (police politique), avec l'organisation du travail et les assemblées où l'on vote pour tout et pour rien, avec le système de déportation des indésirables et aussi avec l'administration pénitentiaire qui applique la peine de mort à la chaîne…
Par bonheur, il y a de nombreuses pages consacrées à l'amour, aux sentiments, à la musique, à la langue française, pages qui n'évitent pas tragédies et séparations. L'auteure parle aussi beaucoup de la religion qui sert de refuge à certains.
Dans son journal, à la fin du livre, Iolotchka espère : « La Russie se sauvera elle-même, de l'intérieur. » Ce livre, écrit à partir de 1958, ne paraîtra qu'en 1992 dans la revue Notre contemporain et l'année suivante enfin, sera imprimé à cent mille exemplaires mais Irina Golovkina n'est plus de ce monde qu'elle a quitté le 16 décembre 1989. La postface écrite par son petit-fils, Nikolaï Golovkine, est très instructive.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
"Je suis née sur une planète hostile
Et arrivée dans des temps étrangers!
Ma vie, tel un pommier en fleur
Est terrassée par le frimas précoce
Et, comme moi, tant de fleurs flétries ,
Épuisées, se sont couchées,
Et leur nombre condamné au secret

A quitté la vie à jamais.

Nous sommes des étrangers, des proscrits, des misérables !
La foi, le devoir, le romantisme, l'idéal,
Tout ce qui faisait notre vie et notre nourriture,
Ce monde l'a détrôné et chassé.

Tout ce qui faisait autrefois notre joie
Est devenu pour nous violente douleur.
La fatalité a tout frappé de son interdit .

Puisse un jour un grand poéte
Se souvenir de ce sort cruel.
Moi, tel le cygne blanc dans le ballet,
Je dois nécessairement périr ....."

Page 731.
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" Au dessus de l'incommensurable désert de l'océan
Passe le printemps avec une corbeille de fleurs
Et en fait tomber sur la poitrine du titan morose.
Hélas! Ce N'est pas pour lui que, rempli de joie,
Le printemps apporte avec lui amour et bonheur .
Il est d'autres contrées, avec des montagnes et des vallées,
Il est un autre royaume, oú l'attend un accueil .
Le trident abaissé, il le suit du regard...

Les rides profondes du front sont déplissées.....

Et lui, vole, tel un songe....toute beauté et toute lumiére ....
Fixant son regard impatient quelque part dans le lointain

Comme s'il ne connaissait même pas ce dieu lugubre ...."
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18 novembre. C’est le déferlement de la terreur. Staline a perdu la raison. Si ceux qui m’etaient si chers n’avaient pas souffert à l’époque, ils auraient été attrapés maintenant ! Et moi, on m’a oubliée une fois de plus ! Moi, fille d’une modeste institutrice des campagnes, moi, submergée par les soucis que donne l’education des enfants, on me tient apparemment pour inoffensive parce que je passe inaperçue...j’ai envie d’eclater de rire ! Les gens ont peur de se rendre visite, ils arrachent et brûlent les photographies des albums, les lettres et les petits mots... Beaucoup sont ceux qui ne se déshabillent pas pour la nuit, dans l’attente de la Guépéou, tandis que moi... Je regarde toujours mon journal et je le conserve précieusement ! Oui, ça donne envie de rire !
Quand quelqu’un dit à quelqu’un d’autre au téléphone : « Elle est souffrante », il faut comprendre qu’elle est arrêtée ! Quand on dit : “Il part en voyage”, il faut comprendre que la personne part en déportation !
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16 avril . Pourquoi a-t-elle besoin de lui ? Elle est encore si jeune , elle tombera encore cent fois amoureuse, alors que moi ... je n'aimerai personne d'autre , jamais !
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Je me souviens, autrefois, à Beriozovka, je venais regarder Assia se réveiller : elle avait les joues roses, le petit corps tiède. Elle se frottait les yeux avec ses petits poings et s'étirait de façon adorable. Avec Vsevolod nous ne pouvions nous arrêter de la contempler. Il la prenait dans ses bras et couvrait de baisers son cou de velours et ses petits pieds. J'étais alors alors amoureux d'une jeune fille et je me disais que j'aurai obligatoirement des enfants si je me mariais. Mais c'était à l'époque. A présent tout est différent, toute la vie a changé ! Moi-même je ne suis plus le même, je suis trop fatigué et ereinté pour commencer quelque chose de nouveau. J'ai déjà donné du reste la moitié de mon affection paternelle à Assia. Et puis, le sentiment que j'ai pour toi a beau être profond et solide, il est de toute façon meurtri et inégal.
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