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Citations sur Elle, par bonheur, et toujours nue (96)

on n'en dit jamais autant sur soi-même qu'en parlant des autres.
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Marthe consent à être nue devant lui et prise, surprise, dessinée
Nue sur le lit juste après l’amour, voluptueuse encore, indolente, une main caressant le sein où le plaisir longuement s’étire,
Nue à demi enfilant ses bas et tournant la rouge jarretière, la jambe prête aux pires écarts,
Nue aux bas noirs sous la lampe et plus que nue, la tête prise dans l’écume des chemises, et livrée aux rougeurs,
Nue à la baignade, nymphe penchée sur le miroir d’eau,
Nue au tub se lavant, accroupie, à genoux, cassée,
Nue dans son bain longue sous l’eau verte, rêveuse,
Nue debout à sa toilette, en escarpins à talons hauts, ou courbée, s’essuyant une jambe, se coupant les ongles des pieds, nue et cambrée, brûlant tout l’or du jour dans ses courbes,
Sanguine alanguie nue et roulant sur ses reins comme des cigarettes les sulfureuses rêveries du poète de « Parallèlement »,
Chloé nue pour son Daphnis dans les pages de Longus,
Nue rose ou bleue ou verte ou jaune, et la lumière n’en revient pas,
Nue au miroir, au lavabo, à contre-jour,
Nue au gant de crin, au couvre-pied, à la toque, au basset,
Nue au crayon, au fusain, à la gouache, nue à l’eau et à l’huile,
Nue en bronze
Nue à toute heure et, jusqu’au dernier jour,
Nue, toujours jeune et gracile comme si le temps s’était arrêté pour elle, pour lui, le jour où, dans sa chambre pauvre, il la vit pour la première fois sortir du paravent
Nue par bonheur, par Bonnard nue.
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Pierre sait déjà et ne sait pas encore que cette jeune femme qui se réchauffe dans ses yeux va l'entraîner jusqu'au bout de lui-même.
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Quelque chose à présent lui manque pour aller de l'avant, quelque chose qu'il ne parvient pas à définir et qui le laisse désert. [...] C'est un printemps qu'on n'attend pas et qui ouvrirait les volets un matin sans crier gare, quelque chose comme l'inconnu soudain qui vous met le coeur à l'envers, et l'âme trébuche tout à coup et les larmes viennent.
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La gloire de Bonnard, sa raison d’être, c’est de peindre ce qui lui plaît, comme il lui plaît, quand il lui plaît et tant pis si ça défrise le goût du jour. Plaisir dans sa bouche aura toujours, du reste, la saveur du fruit défendu : Dessiner son plaisir. Peindre son plaisir. Exprimer fortement son plaisir.
Bref, Bonnard n’a eu qu’un tort, c’est de persister à devenir lui-même, à n’être que soi, mais totalement ; de dire à voix haute ce que la plupart n’osent plus penser : que le bonheur existe, et l’amour et la beauté, que ce n’est ni d’avant ni d’arrière-garde, et qu’il est sacrément bon de ne chercher que cela. Au fond de soi. Tout au fond.
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Tous les jardins vont à la mer, il suffit de leur lâcher la bride et hop, ni une ni deux, comme les galopins qu'ils n'ont cessé d'être sous leurs airs sages, ils sautent la clôture, les hauts murs du temps, prestes malgré les pommes et les prunes qui leur gonflent les poches. Tous les jardins, tous, vous dis-je, à condition de les laisser faire, d'arrêter de les fixer avec l'air d'une tondeuse à gazon, un rictus de sécateur ou le sourcil froncé de l'architecte planté dans la verdure comme un compas sur une carte de géographie.
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Une femme aimée, les couleurs du jour, des chats parmi les livres, quelques amis et la beauté du monde alentour, que demander de plus, quoi d'autre?
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Mais nous sommes pauvres et petits. Derrière le trou de nos pupilles, il y a quelqu'un toujours qui dit je et que nous ne connaissons pas. Quelqu'un qui regarde et qui chante, mais nous ne voulons pas l'entendre. Aussi les poètes continuent-ils de crier dans le désert et les peintres de parler pour les sourds qui les entendent comme personne dans leur langue, tandis que nous nous obstinons à interroger avec l'intelligence au lieu d'écouter avec tous nos sens et de recevoir avec le cœur qui adhère et se tait.
Et Pierre dans l'atelier longuement regarde ce mur où, côte à côte, les nus conversent avec les paysages, les portraits avec les natures mortes. Longtemps regarde et longtemps écoute comment la lumière parle aux couleurs et ce qu'elle dit à ce vert qui voudrait être bleu quand le rouge tout contre invite à prier plus bas. Puis en silence, le cœur plein de toutes ces choses bruissantes, Pierre s'en va mélanger les couleurs dans l'assiette de porcelaine.
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Pierre sait déjà et ne sait pas encore que cette jeune femme qui se réchauffe dans ses yeux va l'entraîner jusqu'au bout de lui-même. Il sait déjà et ne sait pas encore que l'eau, quand elle monte d'un regard de femme, peut tout renverser, et qu'il n'y a pas de mur qui tienne, surtout si le mur est un homme qui vit et vibre dans l'azur comme un violoncelle. Il sait déjà et ne sait pas encore que l'eau est première et femme et nue, qu'en elle toutes les couleurs se lavent de la nuit et fleurissent dans la lumière.
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Ce n'est pas la couleur ni la technique qui font le peintre, pas plus que l'école ne le défait. C'est une manière bien à soi d'attraper le monde par le paletot et de ne plus le lâcher quoi qu'on dise ou fasse alentour pour vous arrêter. Une manière de se boucher les oreilles et de se fermer les yeux à tout ce qui n'est pas cela qu'on a senti un jour bouger à l'intérieur avec une telle évidence que rien ne prévaudra jamais contre.

Comme les enfants qui savent de toute éternité que les nuages sont bleus, les vaches vertes, la pluie d'or et qui mettent tout de suite avec l'audace des anges la mer dans une bouteille et le feu à tous les musées du monde, Pierre est devenue Bonnard en n'écoutant que son cœur, et sa main ne l'a jamais trahi.
Jusqu'au bout, il ne cesse de s'émerveiller, d'arrêter le temps, de disputer à la lumière d'autres lumières et de réinventer le ciel et la terre, la mer et les montagnes, l'homme et la femme. De chanter l'amour du monde et le bonheur de vivre, malgré qu'il en ait, car celui qui chante n'est pas toujours heureux.

Chapeau de pluie sur la tête, écharpe autour du cou, veston fermé, il circule dans son atelier comme un papillon, déposant du bout de son pinceau sur les toiles du mur des touches de printemps que le printemps ne connaît pas. Ses mains de bûcheron contrastent fort avec le corps maigre qui les soutient, mais les yeux derrière les lunettes rondes cerclées de fer abattent cent forêts de hauts chênes comme un château de cartes et ouvrent les plus belles clairières en trois coups de pinceau.

J'espère que ma peinture tiendra, sans craquelures, note-t-il en 1946. Je voudrais arriver devant les jeunes peintres de l'an 2000 avec des ailes de papillon.
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