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Critique de isanne


isanne
11 décembre 2022
Ralentir... Apprendre à "regarder" au lieu de ne choisir que de "voir", apprendre à "écouter" au lieu de ne préférer qu'"entendre", apprendre à côtoyer le monde vivant, à vibrer en harmonie avec les vies au lieu de n'être que spectateur obligé de l'existence.
C'est en partie l'invite de ce texte ou plutôt son message en filigrane, la plume qu'il reste dans la main après l'envol de ces quelques pages.


"Un jour", c'est une rencontre, la communion de ces quelques heures partagées, la naissance d'une amitié entre deux hommes : l'un, Maurice Genevoix, tout en attention, qui écoute et retranscrit les mots de cette journée et ainsi nous les donne à lire, l'autre un homme intimidant au demeurant, qui cache une belle âme, de celles que la nature exalte, de celles qui savent la valeur des petites choses, de celles qui qui se trouvent récipiendaires de toutes les vies humaines, animales et végétales qui les entourent. Maurice Genevoix, habité éternellement des foudroiements de la Grande Guerre ne peut que souscrire aux mots de l'homme qui l'a sollicité pour cheminer à ses côtés, au long de cette journée.

Et c'est une suite de réflexions sages sur la vie, une intime conscience de la richesse des petites choses qui sont si habituelles qu'on choisirait plutôt de s'en détourner, un remerciement toujours murmuré dans le silence pour le cadeau d'une rencontre avec le cerf qui se pose au détour d'un bosquet, pour la traversée de la pinède qui embaume et montre ses promesses d'avenir, pour la permission d'admirer l'étang, poissonneux, généreux, miroir des présences qui l'entourent quand l'ombre monte, reflet du firmament scintillant dont il amplifie et enrichit la vision, élevant l'âme et l'esprit de celui qui s'attarde sur ses bords, pour la beauté et l'extrême diversité de la palette des couleurs des corolles et des plumages qui s'offrent aux yeux, aux croisements des sentes.

C'est aussi le constat des années qui s'écoulent, des choix, des drames et des bonheurs. Fernand D'Aubel, l'homme qui parle, n'est ni infaillible, ni parfait, et heureusement ainsi, il ne nous est que plus proche, un personnage dont on mendie un avis, un regard, une clef pour entrer au plus près du coeur de la nature.

Et quand surgira au détour du sentier la brusquerie d'une vision et l'évidence incontournable que les mentalités se modifient, que les enjeux de la société se tournent vers de nouveaux dieux, même si Fernand D'Aubel essaye de convaincre que tout va trop vite, trop loin et dans la mauvaise direction, le baume de la futaie traversée une dernière fois dans la pénombre, s'avérera la plus forte consolation qu'il puisse espérer.


"Un jour", passé à suivre, à s'enrichir, à ouvrir les yeux et laisser s'exprimer la sensibilité, un livre qui tient lieu de pas aux côtés des deux hommes, qui nous laisse la ferveur et le trésor de ces pages à relire souvent, ne serait-ce que pour apprendre à reconnaître la beauté du monde sauvage et la nécessité de le respecter, tout en méditant sur la force de vie qu'il peut nous insuffler et la vénération qui lui est due.
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