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Michelle Herpe-Voslinsky (Traducteur)
EAN : 9782867465352
300 pages
Liana Lévi (04/02/2010)
3.95/5   38 notes
Résumé :
C'est à plus de cent dix ans que Jane entreprend de raconter l'histoire de sa vie. L'esclavage pendant la guerre de Sécession, l'errance pour tenter de rejoindre l'Ohio, la terre des Yankees libérateurs, le labeur dans les plantations blanches de Louisiane, le combat pour l'égalité. Jane Pittman, héroïne et narratrice, mène dans son langage imagé cette émouvante chronique. Inspiré par le récit d'une ancienne esclave, ce roman pourrait s'intituler "Cent ans de servit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Autobiographie de Miss Jane Pittman n'est pas un texte historique mais un roman. C'est vrai que l'on aimerait croire qu'il s'agit là des paroles exactes et du vécu d'une vieille femme, un témoignage inestimable sur une époque allant des derniers temps de la guerre de Sécession au mouvement pour les Droits civiques aux Etats-Unis, soit entre 1865 et le milieu des années 60.

Mais qu'importe si ce texte est un roman car il est fait en réalité de tout ce que les Noirs ont vécu et enduré aux Etats-Unis pendant cette même période de temps : Jane Pittman est en sorte le porte-parole de tous ceux de son peuple.

Ernest J. Gaines présente son roman comme s'il était le fruit des recherches d'un socio-anthropologue qui aurait interviewé pendant de longs mois, une très vieille dame, Jane Pittman , 110 ans, sur sa vie et la façon dont elle a traversé L Histoire.

Lorsque Jane Pittman entame le récit de sa vie, elle n'est qu'une fillette de dix ans, esclave sur une plantation de Louisiane pendant la guerre de Sécession. Rapidement cependant la guerre se termine et survient la Proclamation décrétant que tous les esclaves sont désormais libres. Ils ont le choix de continuer à travailler comme des ouvriers libres sur la plantation sur laquelle ils ont toujours vécu, ou de partir.

Jane qui, à dix ans, a déjà un caractère bien trempé, choisit de s'en aller avec un groupe de nouveaux libres.

Dans les derniers temps de la guerre, un soldat yankee passé par la plantation lui a demandé son nom - Ticey - et, jugeant que c'était là un nom d'esclave, l'a rebaptisée Jane, un prénom qu'elle décidera de porter désormais, malgré les coups nombreux que lui infligent ses maîtres lorsqu'elle refuse de reprendre son nom d'esclave et d'y répondre.

Pareillement, ce soldat à qui elle avait apporté de l'eau, lui a dit s'appeler Brown et être originaire de l'Ohio où il s'apprête à retourner. A partir de ce jour, Jane se fait appeler Jane Brown et décide, la liberté venue, de partir pour l'Ohio et de le retrouver.

Mais la route est longue pour une enfant de dix ans, à travers forêts et marécages, même accompagnée d'adultes, dans une région où les anciens soldats sudistes, enragés d'avoir perdu la guerre et de voir que les Noirs sont désormais libres, les traquent et les abattent.

Jane n'arrivera pas en Ohio et ne quittera finalement jamais la Louisiane. Son récit est celui des luttes de son peuple pour continuer à vivre et à se faire accepter comme égaux des Blancs, à travers l'instruction et l'autonomie professionnelle et financière.

Jane est une voix singulière qui, avec ses propres mots, décrit le Sud, ses paysages, ses gens, ses doutes et ses espoirs aussi.

Autobiographie de Miss Jane Pittman est un livre qui peut être un premier pas pour aller vers des textes historiques cette fois, des livres d'Histoire, des récits des témoins de ce temps, comme Incidents dans la vie d'une jeune esclave ou Olaudah Equiano ou Gustavus Vassa l'Africain.
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Dans cette fausse autobiographie une femme raconte la guerre de Sécession et la Reconstruction à travers sa vision d'enfant née esclave dans une plantation. Et une grande partie du vingtième siècle car miss Jane Pittman est centenaire.
Puisque les lois ont délivré les Noirs du servage, le propriétaire de la plantation les réunit pour leur déclarer qu'ils peuvent rester et travailler contre un salaire ou partir. Les avis sont partagés, Jane fait partie de ceux qui choisissent de s'en aller. Elle veut retrouver un soldat yankee qui s'est arrêté dans la plantation avec ses troupes pour s'abreuver et se reposer comme l'ont fait quelques jours plus tard des troupes confédérées, et qui l'a renommée et a promis de l'aider.
J'ai davantage apprécié le début de ce récit que la fin, peut-être parce que Jane y est plus active, ce qui est en adéquation avec la réalité bien que devenue centenaire elle reste très ancrée dans l'actualité.
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La vie de Miss Jane Pittman, de son enfance d'esclave dans une plantation de coton pendant la Guerre de Sécession à sa vieillesse pendant les mouvements pour les droits civiques.

J'ai finalement assez peu de choses à dire sur ce livre malgré son extrême richesse. C'était une excellente lecture, qui aborde de nombreux sujets très intéressants, non seulement sur l'émancipation des Noirs américains, mais aussi sur l'évolution du statut des femmes aux Etats-Unis, à la fin du 19e siècle et dans le courant du 20e. Il y a tellement de raisons de s'indigner au fil de la lecture que la liste serait beaucoup trop longue à faire, mais au vu du thème général du roman, vous vous doutez déjà de quoi on va parler.

J'ai été particulièrement sensible à l'importance accordée à l'éducation dans le récit. Cet aspect ne tient pas forcément énormément de place dans les évènements, mais il me semble qu'il a un rôle central. Et il est toujours d'actualité.

La plume est agréable, c'est fluide, ça se lit tout seul. Parfois on a des retours en arrière ou des aperçus de ce qui arrivera ensuite. C'est à travers le fil des souvenirs Jane que l'histoire nous est racontée. C'est très vivant et extrêmement touchant.

Une lecture indispensable, qui m'a donné beaucoup de grain à moudre.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Le récit sincère et non romancé du destin de Jane Pittman, jeune fille noire née esclave dans une plantation, et libérée à ses 10 ans suite à la fin de la guerre de Sécession aux Etats-Unis.

Elle choisit de partir vers l'Ohio sur la base d'un mot entendu par un soldat Yankee.
Et elle restera obstinée sur ce choix pendant un long moment.

Le travail d'Ernest J. Gaines de collecte du témoignage de Miss Jane Pittman est de grande qualité, il rend un texte très agréable à lire et sans fioritures.

Le destin de Jane est celui d'une esclave libérée mais non révoltée, comme tant de noirs américains ayant vécu l'esclavage et aspirant seulement à " vivre [leur] vie aussi tranquillement qu'[ils] peuvent, et mourir aussi paisiblement que le Seigneur voudra le [leur] permettre".
L'espoir, les ambitions et les révoltes viennent avec les générations futures et la fin du livre.
Jane porte au-delà de la rivière mais ne la traverse pas elle-même.

Un témoignage important.
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Voici un voyage dans le temps aux Etats-Unis et plus précisément en Louisiane où on suit les aventures de Jane Pittman. Très jeune elle est confrontée à la dure réalité de la vie des jeunes noirs dans une plantation. La guerre de Sécession arrive et donne de nouveaux droits et surtout des espoirs pour toute une génération. Elle entame alors une errance vers l'Ohio terre des libérateurs yankees durant laquelle elle va prendre en charge Ned qui deviendra comme son fils.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Bon, après, ce qu'elle a voulu, elle a voulu que tous les enfants aient une brosse à dents. Les gens avaient pas de quoi acheter du pain, mais Miss Lilly voulait qu'ils achètent des brosses à dents. Elle a donné une semaine à ses écoliers. A la fin de la semaine, personne n'avait de brosse à dents. Y avaient des enfants qui s'étaient frotté les dents avec de la soude; d'autres avec du charbon de bois; mais tout ça, ça suffisait pas pour Miss Lilly. Elle voulait des dents brossées. Elle est allée au magasin demander deux douzaines de brosses à dents. Elle les paierait elle-même, et les enfants pourraient la rembourser quand ils auraient les sous. Clarence Samson, le frère qui tenait le magasin, il a dit qu'il en avait pas, des brosses à dents et qu'il allait pas en commander. Si on apprenait qu'il commandait des brosses à dents pour des nègres, il serait bon pour le goudron et les plumes, et il quitterait la paroisse attaché à une perche. Et si vous disiez que vous commandez les brosses à dents pour les Blancs ? Miss Lilly lui a demandé. Clarence a répondu qu'on se moquerait tellement de lui qu'il aurait plus qu'à plier bagages. Miss Lilly a pas discuté, elle est sortie de la boutique, et le samedi suivant elle est allée à Bayonne acheter une brosse à dents pour chaque enfant.
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Tu vois, Jimmy, ils veulent que tu guérisses le mal,mais ils veulent que tu le fasses sans les faire souffrir. Et la pire souffrance que tu peux leur infliger, Jimmy, c'est ce que tu fais là tantôt : tâcher de leur montrer qu'ils valent autant que les autres. Tu vois, Jimmy, on leur a dit depuis le berceau que c'était pas vrai, qu'ils valaient pas beaucoup mieux que des mules. Ça fait des centaines et des centaines d'années qu'on leur dit et qu'on leur répète ça, ils commencent à le croire.
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Les mauvaises langues ont raconté que j'étais allée voir une envoûteuse rapport à Albert Cluveau. Mais c'était pas vrai, j'étais pas allée voir une envoûteuse, parce que je crois pas aux envoûtements. La seule fois que je suis allée en voir une, c'était rapport à Joe Pittman et ce cheval; mais même alors j'y croyais pas comme on doit y croire. J'étais allée la voir parce que personne voulait m'écouter. Même après y être allée j'ai pas suivi ses conseils.
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On était dans le champ en train de couper du coton quand on a entendu la cloche sonner. On n'osait pas s'arrêter de travailler, vu que le soleil était encore trop haut dans le ciel pour qu'on rentre. Mais la cloche continuait à sonner, à sonner. Le surveillant, un vieux nègre grand et gros, avec une figure toute noire, ronde, luisante, regardait par-dessus son épaule chaque fois que la cloche sonnait. Il nous a dit de continuer à travailler, il allait voir pourquoi ça sonnait comme ça. Je l'ai regardé marcher vers la maison, et puis il est revenu en faisant de grands gestes. Alors on a balancé nos houes sur nos épaules, et on a traversé le champ.
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