Le titre lui-même est contradictoire, aujourd’hui nous sommes entourés par tant de bruit qu’il devient virtuellement impossible d’y détecter un quelconque signal. Et quand bien même nous parviendrions à nous y orienter, puis à trouver ou à reconnaître les vrais signaux, saurions-nous y répondre ? A quoi peut bien servir une quête si nous sommes incapables de reconnaître le but quand nous l’atteignons ?
-Jonathan Carroll, Introduction à l’édition originale-
J’étais dans une librairie la semaine dernière. Je cherchais quelque chose à lire et là, caché en silence parmi les autres livres, se trouvait un ouvrage sur « Comment survivre à la catastrophe mondiale du 31 décembre 1999 » -des conseils survivalistes pour tenir le coup pendant le krach de la civilisation. Je l’ai pris et examiné, et il semblait aussi ancien et étrange qu’un parchemin étrusque glissé entre un Danielle Steel et un Tom Clancy –fossile d’un temps passé, fragment, débris. Nous avons survécu. Nous allons bien.
Il est mort depuis presque une décennie, et parfois je ne pense plus à lui pendant des semaines entières.
Cinquante ans. C’est pas si vieux. Je pense à la douleur, dans ma poitrine. Je pense à la fin du monde. Je pense. C’est tout ce que je fais.
Je vois la cicatrice à la base de mon pouce, où je me suis coupé, enfant, sur une bouteille cassée. Ici est écrit mon passé. Et mon futur ? Je scrute ma main, guettant l’avenir dans ce réseau de courbes et de pistes. Illisibles, toujours. Je retourne au passé.
Quand on finit quelque chose, il y a ce sentiment de victoire, qui ne ressemble à rien d’autre. Aucun mot pour ce sentiment qu’on a réussi à rapporter quelque chose de l’éternité, arraché au flanc d’un dieu consentant.
« Quand j’étais professeur, une des premières choses que je disais chaque année à mes étudiants était de ne jamais, jamais lire une introduction avant d’avoir lu le livre. Pour une raison perverse, le préfacier ne manque jamais de vous raconter l’intrigue […] ou vous parle de personnages et de situations avec lesquels vous n’êtes pas familiers car, merveille des merveilles, vous n’avez pas encore lu le livre.
-Jonathan Carroll, Introduction à l’édition originale-
Je sais que je ne vais pas mourir. Je suis trop important –au moins pour moi-même.
Posez-vous la question : s’ils croient que la fin approche, que leur monde se termine, pourquoi font-ils tout ça ? Pourquoi les cris, les fouets, la pisse, la vie, les blagues ? L’attente ?
Pour eux, ces mots font trop de bruit. Le seul signal signifiant, c’est la douleur.