Le nature writing n'est pas un genre littéraire qui m'est familier. Et c'est un peu la curiosité qui m'a poussée à lire ce récit autobiographique de Pet Fromm : Indian Creek, d'autant plus que les critiques sur Babelio étaient fort élogieuses.
Je ne regrette pas ma lecture mais ce livre ne fait pas partie de mes coups de coeur loin s'en faut...
Première déception : la forme. Il s'agit en fait plutôt d'un journal de bord, celui de
Pete Fromm, alors étudiant et qui va se laisser embarquer dans une aventure hors du commun : celle de la surveillance d'oeufs de saumon, à Indian Creek, lieu situé dans le parc naturel de la Selway Bitteroot. Il devra y rester durant les sept mois d'hiver par des températures oscillant entre - 30 et -20 degrés !
Le début du récit est drôle, alerte et on suit vraiment le narrateur au gré de ses découvertes et de ses déconvenues lorsqu'il va réaliser qu'il va se retrouver seul, dans une tente, avec pour seule compagnie les oeufs de saumon et les animaux des forêts avoisinantes.
Mais j'avoue qu'ensuite la narration assez plate de ses faits et gestes au quotidien ne m'a pas emballée, même avec comme toile de fond une nature omniprésente dans sa rudesse, son hostilité mais aussi sa grandeur et sa beauté. Malheureusement, je suis restée sur ma faim au niveau des descriptions relatives à cette thématique. Il y en a trop peu à mon goût, hormis quelques très belles scènes nocturnes ou bien celle où le narrateur décrit avec brio la force et la violence du dégel.
Deuxième élément qui m'a dérangée : le contact avec la faune ambiante. Les animaux sont avant tout perçus comme des proies qu'il convient de chasser et pas forcément par nécessité... Ce qui nous vaut des descriptions minutieuses et sanglantes de dépeçage comme celui qui va être infligé à l'élan que le narrateur vient de tuer. J'avoue que même sans être végétarienne, je me suis sentie au bord de l'écoeurement à la lecture de ce passage.
Quelques belles scènes cependant rachètent un peu cette vision du monde animal très centrée sur la chasse. Celle, par exemple, qui va saisir et diffracter le très bref instant où un cougar va échapper au chasseur maladroit qui le visait ; ou cette autre scène où un puma agonisant va, dans un ultime sursaut essayer de bondir sur le narrateur qui veut abréger ses souffrances.
La sévérité de mon jugement est certainement liée à ma grille de lecture, elle-même tributaire de mes codes culturels "à la française"... C'est ce qui explique sans doute pourquoi je préfère et de loin Les forêts de Sibérie de
Sylvain Tesson à ce récit autobiographique de
Pete Fromm, très marqué par les romans de trappeurs, un héritage auquel il fait allusion d'ailleurs avec humour, en début de récit.