Excellent roman, d'un excellent écrivain, le comte Petöfy est une histoire tragique comme tant d'autres que les personnages auraient pu éviter. Ils se croient meilleurs qu'ils ne le sont et le paient bien cher.
Le comte, soixante-dix ans, hongrois et catholique dans l'Autriche-Hongrie de la fin du dix-neuvième, épouse une jeune comédienne , sa cadette de bien trop nombreuses années, allemande et protestante. Lui pense qu'il est tout à fait capable, contre un soutien et une distraction dans ses vieilles années, de la voir entourée d'une cour de soupirants. Elle pense que l'affection peut remplacer la passion et qu'elle peut, pour cette même affection, abandonner la vie qu'elle connaît...
Est-il besoin de préciser qu'ils se connaissent bien mal? Les seules à rester fidèles à leurs conviction sont finalement la vieille soeur du comte, et la demoiselle de compagnie de la comédienne, qui toutes d'eux s'inquiètent du drame inévitable mais ne peuvent rien empêcher, malgré toutes leurs mises en garde et leur affection.
Avec une pointe d'humour, des personnages terriblement humains, Théodore Fontante brosse une oeuvre critique envers la vieille noblesse, incapable d'évoluer, envers les amateurs d'art, sans goût et sans profondeur, mais ne verse jamais dans la misanthropie, car son affection pour ces êtres si faillibles transparaît dans chaque ligne.
Un très beau livre.
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Mais nous sommes toujours durs envers ceux qui sont cause de notre faute. Et d'autant plus durs que nous nous sentons plus coupables.
-Il est vieux et voudrait bien être jeune, il joue l'homme du monde et n'est en réalité qu'un Viennois, et, troisième et dernière chose, il croit que toutes les femmes sont folles de lui, et en réalité, il est tout simplement mené par le bout du nez.
- Donc, il ne te plaît pas ?
-Oh si. Il me plaît cependant.
-Un fat ne saurait plaire.
-Il n'est pas non plus un fat. Parfois il en est bien près, ou même il l'est tout à fait. Car il a toutes les extravagances d'un vieux célibataire et d'un fanatique du théâtre. Mais, en tout dernier lieu, il est cependant différent. Je crois qu'il a un très bon et brave coeur, et même un noble coeur.
Il n'y a point de sagesse nouvelle, et l'homme le plus sage est celui qui sait cela et agit en conséquence.
[...] plus l'homme devient libre, plus les tours de passe-passe lui sont nécessaires.