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Critique de Michel69004


Genre: Pluie de crapauds

Je sors le parapluie, je ne sais pas trop ce qu'il va pleuvoir : des enclumes, des pommiers, des invectives, des centrales nucléaires, des catamarans, du beurre salé ou des agneaux de pré-salé ? Les sardines sont déjà prises par Murakami.
Je précise que je ne hais point le Cotentin et les cotentinois(es), que je suis un fan absolu des critiques de Marie-Laure (@Kirzy), de Chrystèle (@HordeDucontrevent), de Télérama et du Monde de livres mais que je dois être honnête avec moi-même :
Je suis passé totalement à coté de ce livre. Je ne l'ai pas juste frôlé, je suis passé à des années-lumières.
J'adore le réalisme-magique (j'ai été biberonné aux meilleurs sud-américains et japonais du genre), je ne refuse pas une goutte de calvados, j'ai des souvenirs émus (et mouillés…) du Nez de Jobourg etc.
Force est de constater que dés l'incipit, j'ai su que j'allais m'empoisser dans ce récit gothico-biblique subtilement ancré dans les contes et légendes locales.
Ma déception a été à la hauteur de mon intérêt pour la chose. En 1977, Jeanne Favret-Saada publiait son fameux: « Les Mots, la morts, les Sorts » où l'ethnologue décrivait les pratiques de sorcellerie et les croyances dans le bocage mayennais et j'avais adoré son implication, sa conclusion maligne : on y croit ou on reste ethnologue. Il n'y a pas d'alternative.
Adeline Fleury a l'adjectif qui va bien et la plume funky. Je dois lui reconnaitre une parfaite maitrise des tempos (tempi) avec ses fougueuses accélérations et ses ralentissements qui frisent l'enlisement (boueux).
Ce qui m'a posé problème c'est justement le parti-pris de l'auteure de laisser au lecteur le choix d'une double lecture : ici le réalisme magique serait compatible avec la magie du Réel. Mais le Réél de le Ciel en sa Fureur n'est que tragédie absolue. Tout n'est que violence, vengeance et cruauté, une micro-version normande de Crime et Châtiment. Les fluides funestes se répandent sur une humanité désolée.
L'histoire de ce village perdu entre dunes, mer houleuse et sombre, falaises menaçantes, ruisseau aux rats et forêts occultes se dilue dans une sorte d'anti-banalité du Mal. Il y sera question de secrets rapidement éventés, d'organismes mutilés (vache, cheval, mouton…) et donc de la vengeance d'un certain géant que tente d'humaniser un enfant-fée.
On fera donc connaissance avec le Varou, les Gobelins et les fêtets.
On écrasera lombrics, asticots, grenouilles, anguilles, orvets et serpents de toute sorte.
On pataugera dans la boue, le fumier, les marécages.
Les personnages sont tous moins attachants les uns que les autres ( à part l'immense maréchale-ferrante qui distille ici ou là un brin d'amour et d'amitié), les enfants du lotissement sont odieux.
Tout n'est que sauvagerie, rugosité, âpreté.
L'épilogue est particulièrement visqueux mais on en a bien assez dit :
Je croyais être passé à coté mais c'est faux : ce récit m'a englouti, corps et âme.
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