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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Quelques semaines avant de lire "Kremulator", j'avais pu apprécier l'intervention de son auteur, le journaliste biélorusse Sacha Filipenko, sur la chaîne Thinkerview (https://www.youtube.com/watch?v=PXIiR612ghE). Sans être forcément d'accord avec tous ses propos, l'homme m'avait paru sympathique. Puis j'ai lu son premier succès littéraire, "Un fils perdu", plutôt intéressant mais qui m'avait un peu laissé sur ma faim. Au bout du compte, je reste tout aussi mitigé sur sa dernière parution. Tout ce qui peut rendre compte de l'horreur du totalitarisme soviétique est le bienvenu, "Kremulator" est donc un roman utile, mais je n'ai pas été convaincu par les choix narratifs.

Ce qui m'a attiré dans ce roman est d'abord cette idée de mettre en avant un directeur de crématorium pendant les grandes purges staliniennes (oui, j'ai parfois des penchants bizarres)... mais j'ai trouvé que cet aspect était assez peu exploité, on ne saura finalement pas grand-chose de cette singulière activité. le récit s'intéresse à toute la vie d'adulte de Nesterenko, depuis sa participation à la Première Guerre mondiale, son rôle dans la Révolution du côté des Blancs, son émigration dans plusieurs villes étrangères et notamment à Paris, avant son retour au pays... En somme, le parcours d'un Russe ordinaire au cours de ces années de grands bouleversements, et non le portrait d'un monstre comme je m'y attendais.

Dans cette période de délires paranoïaques que furent la fin des années 30 / le début des années 40 en URSS, Nesterenko fait partie de l'interminable liste des suspects. Accusé d'espionnage, il est arrêté et cuisiné par le jeune enquêteur Perepelitsa, avec une conclusion déterminée à l'avance : il sera exécuté. Les chapitres du roman sont autant de journées d'interrogatoire. Nesterenko ne perd jamais sa combativité, ses échanges avec son adversaire sont très vifs et donnent lieu à quelques belles passes d'armes. Pendant ma lecture, je me suis demandé ce qu'aurait donné cette confrontation sous forme de pièce de théâtre, un huis-clos opposant Nesterenko et Perepelitsa. Je l'aurais peut-être davantage appréciée.

Sacha Filipenko compose son roman à partir des dialogues entre les deux protagonistes, mais aussi des extraits de journal intime, des monologues de Nesterenko à destination de sa bien-aimée, de documents administratifs, et même quelques photos... J'imagine que la volonté de l'auteur était de dynamiser son récit, mais pour moi cela l'a surtout rendu assez confus. Sans doute est-ce la raison principale pour laquelle j'ai l'impression de n'être jamais totalement entré dans le roman, que j'ai d'ailleurs mis longtemps à lire au regard du faible nombre de pages (un peu plus de 200).

Je remercie Babelio et les éditions Noir sur Blanc, qui ont proposé ce livre dans le cadre de Masse Critique.
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Piotr Nesterenko, directeur du Crématorium de Moscou est arrêté en 1941. Au fil des interrogatoires, on découvre ce que deviennent les victimes des purges staliniennes. Il est interrogé sur sa vie tumultueuse au sein de l'armée blanche, puis survivant d'un accident d'avion, émigré à Istanbul et à Paris.
Le sujet m'a interpellé au vu de l'actualité.
La vie de Piotr Nesterenko est incroyable et nous permet s'immerger au sein d'un pays totalitaire au temps de première et seconde guerre mondiale.
Les chapitres sont incrémentés de documentaires, de faits historiques, malheureusement j'en perdais parfois le fil de l'histoire de Piotr. C'est dommage, ça a calmé mon identifiant.
J'ai aimé l'humour de Piotr et son ironie. Et j'ai aimé découvrir sa vie.
Par ailleurs, le thème de la mort revient souvient de par le métier de Piotr, directeur de crématorium. On découvre des détails et des faits assez glaçants.
En résumé, c'est une découverte intéressante.
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Kremulator est le récit d'un procès stalinien, c'est à dire joué d'avance et où le seul suspens est la manière dont la culpabilité du prévenu sera prouvée. En plus celui-ci est très facile, puisque l'accusé, Piotr Ilitch Nesterenko, est le directeur du crématorium de Moscou, qu'il a combattu les bolcheviks et qu'il a vécu à l'étranger ; chacun de ces faits est suffisant pour l'envoyer à la mort. Malgré tout son interrogateur cherche à retracer son parcours au lieu de le torturer pour qu'il signe des aveux factices comme c'était la norme à l'époque.

Les différents interrogatoires retracent le parcours de Nesterenko, dominé par deux forces contradictoires, le désir d'éviter des ennuis et l'amour d'une femme. C'est pour elle qu'il risque sa vie en revenant en URSS après avoir vécu à Paris. Son travail est double : le jour il incinère les indigents, la nuit il brûle les victimes de la répression, ce qui ne lui pose pas de problème :
"Ce n'est pas mon affaire. Que je les brûle le matin ou la nuit – cela ne fait aucune différence. Qu'ils aient un trou dans la nuque ou pas, pourquoi y penser, vu qu'ils sont morts ? Je ne fais que transformer de la matière grise en masse grise… "
Il est vrai qu'on ne pouvait à la fois être soviétique et penser, le système était fait pour éviter cela puisque le parti était infaillible, il suffisait de suivre ses commandements.

Son interrogateur ne pense pas non plus, son travail est de faire des procès et de condamner, il interroge et envoie à la mort. Je cite :
"L'idéal serait de joindre l'utile à l'agréable en liquidant une bonne douzaine de personnes, ce qui lui permettrait de prétendre à l'attribution d'une datcha officielle à son retour à Moscou."

Nesterenko connait bien le système, il en voit les victimes tous les jours. Il sait qu'il a très peu de chances d'en sortir, son but semble de retarder l'inéluctable en évitant les pièges tendus par son interrogateur, et il réussit pendant longtemps. Il réagit avec humour aux accusations, et les interrogatoires sont souvent ubuesques.

Mais c'est comme Ubu, amusant au début mais répétitif et nettement moins intéressant par la suite. le récit est émaillé des rêves de Nesterenko, qui songe sans arrêt à sa fiancée, même si on apprend par la suite qu'elle ne veut plus le voir. J'ai perdu toute empathie pour Nesterenko en apprenant qu'il a envoyé à la mort Savinkov, un Russe blanc réfugié à Paris, qu'il a convaincu de rentrer en URSS où il a été exécuté. Nesterenko n'en éprouve aucun remords. Quant à la fin elle est atroce

D'un point de vue historique Nesterenko a réellement existé et on apprend que la société qui a bâti le crématorium de Moscou a ensuite construit les fours crématoires d'Auschwitz, et que les Soviétiques ont été les premiers à gazer les prisonniers dans les camions (en détournant les tuyaux d'échappement dans l'habitacle fermé) avant même que les nazis n'en aient l'idée.
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