Nous sommes en 2074, aux Etats Unis, aux prémices de la Seconde guerre de Sécession.
Le réchauffement climatique a eu pour effet de noyer sous les eaux un grand nombre de villes côtières ainsi que la quasi totalité de la Floride. A titre d'exemple, on parle désormais de Mer du Mississipi.
Les Etats sudistes sont opposés à tout contrôle des énergies fossiles, tandis que le Nord, conscient des dommages causés à la planète, en demande l'interdiction.
Lorsque les énergies fossiles sont déclarées hors la loi, le Mississipi, l'Alabama et la Géorgie (dites le MAG) décident de faire sécession.
Sarat Chestnut, 7 ans, vit une vie relativement paisible, avec sa famille, dans un container en Louisiane.
La vie de la famille Chestnut bascule lorsque le père, Benjamin, est assassiné en tentant de faire passer sa famille au nord.
Par crainte que la guerre ne les rattrape, leur mère décide de les emmener dans un camp de réfugiés. Là, Sarat fait la connaissance de Gaines:
Laisse moi te raconter ce que je fais. Je cherche des gens particuliers, des gens, qui, si on leur donne l'occasion et les bons outils, seraient prêts à se lever et à faire face à l'ennemi au nom de ceux qui ne le peuvent pas. Je cherche des gens capables d'agir même s'ils savent très bien que ça va leur coûter très cher, peut être même la vie. Puis je fais tout mon possible pour leur fournir les bons outils et leur offrir leur chance.
Il enrôle Sarat pour en faire la main armée de la rébellion sudiste.
Omar El Akkad nous raconte la chute de notre civilisation, l'émergence puis la prépondérance de l'Empire Bouazizi, nation comprise entre l'Afrique du Nord et le Moyen Orient.
Si jamais tu vas n'importe où sur cette côte – disons, à la Nouvelle Alger – tu verras s'approcher des tas de petits bateaux miteux en provenance d'Europe. Des bateaux pleins de migrants des vieux pays de l'Union, en quête de vies meilleures. Voilà ce que c'est un empire. Un centre de gravité, un soleil autour duquel tournent toutes les choses plus faibles.
Sans plonger dans un univers apocalyptique, ce roman est terriblement humain. Les personnages, sont très beaux, très forts.
Chacun grandit au fil des pages, chacun vit et survit à cette guerre à sa manière:
Simon, le grand frère qui veut, dans un premier temps venger la mort de son père, devient par la suite le Garçon Miraculé. Dana, la soeur jumelle de Sarat, son exact contraire physique, très fille, mais bien plus volontaire que ne pourrait le laisser supposer son apparence. Martina, la mère courage. Et bien sûr Sarat, indépendante , résistante, égoïste, mais surtout terriblement en colère.
Omar El Akkad décortique sa formation. Il décrit comment une petite fille curieuse et impétueuse devient une machine de guerre
Elle adorait l'écouter parler, elle adorait la cadence de sa voix et le vaste monde invisible auquel ses diatribes faisaient souvent allusion. Même quand elle ne saisissait plus ce qu'il essayait de lui dire, même quand elle ne comprenait rien à ses discours, elle souriait et elle l'écoutait en espérant qu'il ne s'arrête pas.
Roman puissant qui interroge sur l'engagement, sur comment construit-on nos convictions et l'importance de la libre circulation de l'information, thème intéressant alors que notre actualité regorge de « fake news » et de questionnement sur la liberté de la presse.
Omar El Akkad pose ainsi un regard froid sur notre devenir, tant écologique que sociétal. Publié quelques mois avant l'élection de
Donald Trump, on ne peut s'empêcher d'y voir une mise en garde contre le clivage de la société.
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