Les hommes et le féminisme: Faux amis, poseurs ou alliés?

L'engagement concret des hommes reste très marginal dans la sphère publique, par exemple lors d'événements ou de mobilisations féministes. Ce n'est pas nouveau, puisque les organisations suffragistes en France ne comptaient pas plus de 15 % d'hommes au début du XXe siècle (Bard, 2012 : 42). Bien qu'ayant connu une hausse de popularité chez les hommes, les études féministes ne sont pas non plus devenues un repaire masculin, loin de là.

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En 2023 en France, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires à déposé un rapport dévastateur au sujet des retraites entre hommes, suite à des signalisations de proches de ces hommes après leur retour dans la vie quotidienne. On y mentionne un risque accru de violences familiales, des méthodes éducatives soudainement très sévères à l'égard des fils, ou un divorce inattendu (peut-être un moindre mal !).

Même les grandes firmes capitalistes, qui exploitent des millions de femmes touchant un salaire de misère, n'hésitent plus à verser des dons à des œuvres féministes, pour se donner une belle image de marque.

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Cela dit, la vie intime ne se limite pas à l'économie domestique et parentale, au travail affectif et à la sexualité. Vânia, une ancienne militante de la lutte armée contre la dictature au Brésil, se rappelle ainsi que dans les caches du réseau clandestin, « l'homme n'était plus macho, il fait la vaisselle, les repas, c'est un bon cuisinier. Je crois que ce n'était pas le plus important. Les analyses, les grandes analyses, la stratégie, la didactique et la tactique, c'est cela qui avait de l'importance. Et cela, c'est eux qui le faisaient » (Wolff, 2013 : 213). Il fait donc aussi réfléchir au disempowerment dans la vie dite publique, dans les emplois, dans les organisations politiques et les groupes militants, y compris les plus égalitaristes, comme les collectifs anarchistes.

Considérant l'iniquité dans les tâches domestiques et parentales dans les couples hétérosexuels, il est politiquement logique que les femmes problématisent ces inégalités, alors que le partenaire déploie différentes tactiques de résistance et de sabotage. La bédéiste Emma, entre autres dans son album Des princes pas si charmants, ou encore le sociologue Jean-Claude Kaufmann, dans La Trame conjugale : Analyse du couple par son linge (1992), s'inspirant du sociologue François de Singly, fournissent des exemples de tactiques masculines de résistance et de sabotage domestiques. La résistance passive consiste à promettre d'effectuer une tâche mais d'attendre si longtemps que l'autre finit par la faire, ce qui permet ensuite de lui dire « Ah ! mais tu n'aurais pas dû , j'avais dit que je le ferais ». La tactique de la mauvaise humeur consiste à effectuer une tâche en râlant de manière exagérée, ce qui rend l'ambiance lourde et pénible. L'incompétence stratégique consiste à effectuer les tâches à moitié et à les bâcler, en laissant croire qu'on ne peut faire mieux. Enfin, la tactique de l'absence d'automnie consiste à mobiliser l'autre continuellement pour vérifier et valider, voire nous aider à la tâche. On peut aussi se fier à la petite fée, cette entité invisible et mystérieuse qui permet à un homme de vivre dans un logement sans jamais avoir même pensé à effectuer une tâche qui semble s'accomplir par magie.

De manière plus générale, les hommes conscients des injustices et des violences que subissent les femmes comme classe de sexe ou catégorie de genre (selon le concept retenu), pourraient avoir comme premier objectif de s'engager dans un processus de disempowerment, c'est-à-dire de réduction du pouvoir qu'ils exercent sur les femmes individuellement et collectivement, et d'une mise à disposition de leur temps et de leur énergie pour les féministes dont ils se constitueraient alliés, auxiliaires ou complices.

Ces hommes qui participent à des partis politiques progressistes, à des syndicats ou d'autres organisations progressistes expliquent aux féministes qu'elles font fausse route : « Je sais comment il faut vous organiser », « Je sais comment vous devriez formuler vos revendications », etc. Si l'avortement est certes un sujet important, disent-ils, il faut d'abord et avant tout se mobiliser pour aider tel parti progressiste à remporter la prochaine élection, telle association de défense des droits à mener une campagne au nom des droits humains en général, ou tel groupe communiste à recruter de nouveaux membres. Autant de victoires qui ouvriraient, enfin, la voie à de fortes mobilisations pour le droit à l'avortement.

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Je sais donc très bien ce que signifie le travail domestique gratuit, puisque j'ai vu toute ma vie mon père en profiter et que j'ai aussi grandi avec une mère qui s'occupait de tout à la maison, en plus de son travail salarié.

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Exemple de tactiques masculines de résistance et de sabotage domestique : la résistance passive consiste à promettre d'effectuer une tâche mais d'attendre si longtemps que l'autre finit par la faire, ce qui permet ensuite de lui dire « ah ! Mais tu n'aurais pas dû, j'avais dit que je le ferai ». La tactique de la mauvaise humeur consiste à effectuer une tâche en râlant de manière exagérée, ce qui rend l'ambiance lourde et pénible. L'incompétence stratégique consiste à effectuer les tâches à moitié et à les bâcler, en laissant croire qu'on ne peut pas faire mieux. Enfin, la tactique de l'absence d'autonomie consiste à mobiliser l'autre continuellement pour vérifier et valider, voir nous aider à la tâche.