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4,13

sur 4021 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Bigre 4,31 sur 59 notes sur Babelio , il y a de quoi s'interroger . Ah ...Retenu , entre autres , parmi les finalistes du prix Landerneau ...plus aucune hésitation, il faut le lire celui ci .
Alors , les amis et amies , tenez - vous bien , le narrateur , ce sont des pierres , si , si , des pierres . Oui , ben comme moi , vous vous interrogez . Des pierres ? Oui , oui , des pierres . Oui , mais les pierres , ça parle pas ? Non mais , ça en voit passer du monde ....et , ça papote ...
Bon , je continue ...les pierres , elles vont nous parler de gens qui n'ont ni nom , ni prénom. Ah , ouais , ça se corse , notre affaire , vous pensez toujours que .....Je serais un ami de l'auteur , des fois , on ne se méfie jamais assez ? Non , moi , je pense que Clara est un beau prénom mais , Clara , elle n'a pas besoin de moi car , vraiment , elle écrit admirablement bien . C'est , comment dire ? poétique , aérien , subtil . Une écriture qui favorise les émotions, qui fait vibrer les sens ...Une très belle écriture , je me répète.....Oui , vous verrez bien quand vous aurez mon âge...
De quoi ça parle ? Eh , doucement , j'y viens . Une famille , normale , " banalement " heureuse " , un papa , une maman , un aîné, une cadette et , parachuté là , un petit dernier ....handicapé...condamné à court terme...Une révolution, un tsunami pour tous et toutes .....Papa ? Maman ? L'aîné ? La cadette? ouaahh , terrible ... Et puis ...un peu après, le " petit " dernier ....l'autre ...parfaitement " normal " lui , mais , tout de même , successeur de celui qu'il n'a jamais connu et ...ça craint , ça émeut, ça bouleverse ......
Un roman éblouissant , éclaboussant d'espoir et d'amour , un roman franchement touchant , d'une portée universelle , une porte ouverte sur la beauté de la vie .....Et les pierres pour témoins et ...narratrices .Les pierres ....Sûr, demain , si je trébuche , je demande " pardon " ( enfin , si je me suis fait mal , pas sûr, faut pas exagérer non plus ...)
C'est plus que beau et j'ai senti en moi vibrer de superbes émotions. Après, ce n'est que mon modeste avis . Je sais , je le dis à chaque fois et , le pire , c'est que je suis ...sincère. Vous me direz ..... Pour moi , c'est une rencontre ...que je n'attendais pas . Je ne peux que vous inviter à la partager .Ce roman , ça peut être toi , lui , nous , vous , eux , moi ...et c'est très beau , un rendez-vous , un appel à la réflexion....
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Rentrée littéraire 2021 #39

« S'ils se taisent, les pierres crieront. » Evangile selon Luc, 19 :40, nous dit l'exergue. Comme dans les contes, les murs peuvent parler, ils ont une bouche à travers la voix poétique des pierres d'une ancestrale maison cévenole. Ce sont elles qui racontent l'histoire de cette famille où nait un enfant lourdement handicapé, sans geste, sans regard, sans parole, voué à une courte vie. Elles racontent d'en bas la fratrie, comme un personnage principal, enveloppant immédiatement le lecteur.

Trois parties composent ce roman d'une délicatesse folle. D'abord l'ainé qui s'arroge le rôle de protecteur, épris d'un amour fou et fusionnel pour son petit frère ; puis la cadette, pleine de colère et de rage à voir l'équilibre familial brisé par l'arrivée de cet enfant inadapté. le premier chapitre consacré à l'Ainé est inouï de délicatesse, accompagné par la superbe écriture de Clara Dupont-Monod, instinctive, presque animale à capter les mille reliefs d'un récit cristallin.

« L'aîné lui fredonnait des petites chansons. Car il comprit vite que l'ouïe, le seul sens qui fonctionnait, était un outil prodigieux. L'enfant ne pouvait ni voir ni saisir ni parler, mais il pouvait entendre. Par conséquent, l'aîné modula sa voix. Il lui chuchotait les nuances de vert que le paysage déployait sous ses yeux, le vert amande, le vif, le bronze, le tendre, le scintillant, le strié de jaune, le mat. Il froissait des branches de verveine séchée contre son oreille. C'était un bruit cisaillant qu'il contrebalançait par le clapotis d'une bassine d'eau. Parfois il nous déchaussait du mur de la cour pour nous lâcher de quelques centimètres afin que l'enfant perçoive l'impact sourd d'une pierre sur le sol. (…) Il n'avait jamais autant parlé à quelqu'un. le monde était devenu une bulle sonore, changeante, où il était possible de tout traduire par le bruit et la voix. Un visage, une émotion, un passé avaient leur correspondance audible. Ainsi l'aîné racontait ce pays où les arbres poussent sur la pierre, peuplé de sangliers et de rapaces, ce pays qui se cabre et reprend ses droits chaque fois qu'un muret, un potager, un traversier étaient construits, imposant sa pente naturelle, sa végétation, ses animaux, exigeant par-dessus tout une humilité de l'homme. « C'est ton pays, disait-il, il faut que tu l'écoutes. » »

Tout est juste dans ce duo aîné / cadette pour dire l'ambivalence des attitudes face à un corps handicapé, comme le dégoût, la honte, la culpabilité qui envahissent la cadette. Clara Dupont-Monod le fait sans leçon de morale, ni bons sentiments gluants, juste au plus près des ressentis. Je tairai le personnage principal du dernier chapitre, tellement inattendu que la découverte de son identité provoque quelque chose de fort chez le lecteur. Ce n'est pas la partie qui m'a le plus fait vibrer mais elle est nécessaire pour propulser les deux premières vers la lumière.

La puissance émotionnelle que dégage ce roman m'a souvent submergée aux larmes. Pourtant, malgré la gravité et la tristesse du sujet, c'est bien cette lumière qui reste et fait entrevoir la souple capacité de l'être humain à s'adapter à un drame, ici grâce aux liens fraternels. Superbe et apaisant.
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Quelle douceur ! Quelle sensibilité ! Quel amour de la nature et des rapports humains !
Clara Dupont-Monod que j'écoute souvent sur France Inter, n'en est pas à son premier livre mais c'est la première fois que je la lis et elle m'a époustouflé.
Dès les premiers mots, j'ai été subjugué, envoûté par son écriture. Lorsque je veux noter une citation, je constate que c'est tout le livre qu'il faudrait citer, tellement c'est bien écrit, me plongeant au coeur de ces montagnes cévenoles que Clara Dupont-Monod semble vraiment bien connaître.
Avec ce Prix Femina 2021 amplement mérité, auquel s'ajoute le Prix Landerneau et maintenant le fameux Prix Goncourt des Lycéens, S'adapter est justement mis en valeur. J'ai pleinement savouré ma lecture au coeur de cette famille dont aucun prénom des personnes qui la composent n'est cité. L'autrice parle du père, de la mère, de l'aîné, de l'enfant, de la cadette, du dernier, de la grand-mère, des cousins, des nièces. Seul le compagnon portugais de la cadette a droit à son prénom : Sandro.
Ainsi, tour à tour, l'aîné, la cadette et le dernier sont au centre du récit et tout tourne autour de cet enfant handicapé, un beau bébé à la naissance mais qui, à trois mois, restait silencieux ou pleurait. Finalement, la mère ne peut que constater qu'il ne voit pas, avec ce test de l'orange déplacée devant son visage sans que ses yeux ne la suivent : « Cet être n'apprendrait rien et, de fait, c'est lui qui apprenait aux autres. »
Originalité du propos, ce sont les pierres de la cour ou des murs qui racontent ce qu'elles voient ou entendent. Peut-être est-ce que je m'y suis habitué mais c'est la première partie consacrée à l'aîné qui m'a le plus ému et captivé.
C'est l'aîné qui prend en charge l'enfant, s'en occupe d'une façon extraordinairement douce et attentionnée dès qu'il est à la maison. Il est le premier à constater que son petit frère entend, perçoit les odeurs et il fait tout pour élargir l'environnement de ce gosse incapable de se lever. Il lui arrive même, lorsqu'on lui demande quel métier il veut faire plus tard, de répondre : aîné ! C'est dans cette partie que Clara Dupont-Monod détaille le labyrinthe administratif dans lequel se débattent les parents pour tenter d'obtenir de l'aide. de sigles impossibles en formulaires incompréhensibles, tout est fait pour écoeurer ceux qui souffrent et luttent afin de conserver un peu de dignité à leur enfant handicapé.
La soeur cadette, elle, n'apprécie pas du tout de voir son aîné se consacrer entièrement à son petit frère. Heureusement, il y a la grand-mère et ses copines du village qui lui apportent joie et distraction. Quand, enfin, son petit frère est accepté dans une institution tenue par des bonnes soeurs, c'est le soulagement car elle considère comme une injustice cet enfant qui a tout changé à la maison. Après une période très difficile, elle s'adapte, tient le cap, anime les conversations, s'informe, règle les problèmes et, le jour de l'enterrement du petit, mort à l'âge de dix ans, elle craque, retrouvant son aîné.
Enfin, la surprise vient quelques années après lorsque les parents annoncent qu'un petit dernier va voir le jour. L'aîné est déjà parti travailler en ville et la cadette étudie à Lisbonne. La grande question que se pose toute la famille est : sera-t-il normal ? Dès que le dernier grandit, commence alors une nouvelle époque pour cette famille blessée mais très courageuse. le garçon prend soin de ses parents, regrette beaucoup de ne pas avoir connu l'enfant handicapé mais découvre la montage avec sa soeur lorsqu'elle revient pour les vacances alors qu'avec l'aîné la communication est plus difficile, jusqu'à ce que…
Au passage, Clara Dupont-Monod m'a fait découvrir les gloméris, ces myriapodes diplopodes, lointains cousins du mille pattes qui aiment se rouler en boule et vivre dans des endroits humides et sous l'écorce des arbres. Cette petite anecdote me permet de mettre en avant aussi le rapport à la nature de ce roman très familial, hymne à la dure vie cévenole, superbe réussite littéraire.

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Il arrive que les pierres aient un coeur, des oreilles et des yeux ; il est miraculeux qu'elles écrivent … et c'est le cas ici avec « S'adapter », ouvrage aussi bouleversant que remarquable. Un chef d'oeuvre à mes yeux.

Ces pierres observent une famille cévenole, dont un enfant est « inadapté », et réduit à un état quasi végétatif, et elles ont la curiosité et le talent de nous décrire la vie de l'ainé et de la cadette. Puis du dernier.

L'ainé s'investit totalement au service de son frère et ce dévouement le sépare de ses camarades de classe, l'isole et finit par le dé-sociabiliser progressivement.

La cadette s'écarte, voire fuit son frère en se plongeant dans le monde extérieur et en se réfugiant auprès de sa grand-mère.

L'enfant meurt dans sa dixième année, loin de sa famille, dans un établissement tenu par des religieuses.

Le dernier voit ensuite le jour, qui n'a évidemment pas connu « l'enfant » mais dont l'existence est marquée par le souvenir du disparu qui a traumatisé les parents jusqu'au jour où … « un blessé, une frondeuse, un inadapté et un sorcier. Joli travail. »

Avec pudeur, sensibilité et talent, Clara Dupont-Monod livre un court texte de cent soixante dix pages dont chacune mériterait citation. Peinture de la nature, de sa faune et de sa flore ; description des acteurs et du contexte (les fonctionnaires, les travailleurs sociaux, les religieuses) ; évocations de l'ainé, de la cadette, du dernier et, dans l'ombre, des parents et des voisins … chaque phrase nous projette dans ce drame et cette famille.

Fort apprécié par la communauté Babelio, ce titre figure dans la deuxième sélection du Goncourt, et j'espère que le jury le distinguera.

J'écoute depuis des années les chroniques de Clara Dupont-Monod sur Radio France, mais c'est la première fois que je la lis. Assurément pas la dernière !

Merci Madame pour ce livre émouvant qui contribue à ouvrir les yeux sur la réelle richesse des « inadaptés » et nous aide ainsi à nous adapter !

PS : sur le même sujet "Choisie pour l'éternité"
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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S'adapter est un roman choral à trois voix, qui portent celle d'un frère, un enfant que le hasard a voulu différent, lourdement atteint dans son corps. On comprend le chemin de croix de la famille pour obtenir de l'aide, dans un monde obnubilé par une normalité qu'il définit arbitrairement. Mais là n'est pas le sujet du livre. C'est bien à la fratrie que l'on donne la parole.

L'ainé se met au diapason de ce frère « inadapté peut-être, mais qui d'autre avait le pouvoir d'enrichir autant? ». Il comprend mieux que quiconque les voies d'accès à cet enfant « qui ne pouvait ni saisir, ni parler, mais il pouvait entendre » . Il met tout en oeuvre alors pour pouvoir faire surgir sourire ou grognement de satisfaction, via cette sensibilité restreinte mais présente. Lorsque la famille obtient un placement dans une institution spécialisée, c'est un déchirement pour le jeune garçon, qui se voit dépossédé de ses aptitudes à procurer son frère la part de bonheur qu'il mérite.

Tout autre son de cloche pour la cadette, qui s'est réjouie un temps de l'arrivée du petit frère, jusqu'au moment où les doutes ont fait place aux certitudes. C'est sur le mode de la rébellion qu'elle hurle son désespoir, en ignorant l'enfant et en attirant l'attention sur elle-même.

Le dernier est né longtemps après la disparition de l'enfant. Et pourtant, ces années marquées par la présence lourde au quotidien ont laissé une empreinte indélébile sur la famille et ce qui n'est pas resté un secret reste un terrain à défricher pour comprendre.


Le récit est riche en émotions que l'autrice sait parfaitement transmettre grâce à une très belle écriture.
Loin d'être un pamphlet contre les insuffisances d'une société normative, c'est une déclaration d'amour à cet enfant pas comme les autres.

Le roman décline ainsi le panel des réactions, des adaptations auxquelles nous avons recours lorsque le chemin se complique d'obstacles imprévus et déroutants. C'est aussi un bel hommage à la différence.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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S'adapter, tout est dans le titre, s'adapter, aimer, s'aimer au sein d'une famille dans laquelle arrive un enfant pas comme les autres, dit "inadapté", atteint d'un handicap très lourd, puisqu'il ne dispose que de l'ouïe, du goût et du toucher dans un corps sans muscle qui ne se mettra jamais debout.

Au début, cette lecture me semblait très dure et puis, peu à peu, les pages conduisent le lecteur vers une émotion émerveillée devant les attitudes différentes des membres de la famille, vues à travers trois personnes : l'aîné, la cadette, le dernier.

Ce sont les pierres de la cour de la maison familiale, dans les Cévennes, qui sont les narratrices de ce vécu familial. Elles le font sans commisération, de manière très réaliste, s'en tenant aux actes des protagonistes. Chacun d'eux va s'adapter à sa manière à la situation. Ils donneront tous finalement de l'amour à l'enfant et c'est le parcours de la cadette qui m' a le plus pénétré, elle a besoin d'amour, fraternel mais son frère aîné est tout dévoué à l'enfant, familial et elle le trouve avec la grand-mère mais une grand-mère n'est pas éternelle, elle chemine à force de volonté et c'est en cela qu'elle est admirable.

Les pierres sont aussi capables d'évoquer la montagne cévenole, ses orages dévastateurs, ses arbres et ses ruisseaux, tous ces lieux où l'enfant trouvera sous la garde de l'aîné quelques instants de paix.

Le dernier, je fais le choix, comme d'autres, de n'en point parler, le lecteur doit le découvrir et percer avec lui le mystère douloureux vécu par la famille.

Ce livre est plus qu'admirable, il est écrit avec talent, en une construction originale, il va à l'essentiel, le dit avec délicatesse, il est un témoignage à lire et relire lorsque nos petites misères nous dépassent alors que l'on pourrait, bien plus aisément que cette famille, s'y adapter.
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Si je pouvais parler, je vous décrirais ces magnifiques montagnes qui m'entourent et me protègent, ces pierres, immuables, témoins de notre passé et de notre vie, la douceur de mes coussins, le moelleux de mon pyjama violet, les odeurs de cuisine, le jappement du chien, le grésillement des libellules, les nuances de vert, le roucoulement de la rivière, le frémissement du vent, mes grands yeux noirs.
Je vous parlerais de l'amour, de la tendresse, du dévouement, de la générosité de mon frère aîné. de l'ignorance, de la honte parfois, du combat, des trêves et des offensives, de la jalousie de ma soeur aînée. de ma présence, presque écrasante, malgré mon absence, dans le coeur et la vie du petit dernier.

Si je pouvais parler, je vous dirais la force et la fragilité de la vie, la puissance des sentiments, les lumières et les ombres de l'être humain, la sensibilité et la délicatesse des mots...

Si je pouvais parler, je vous dirais l'enfant inoubliable, unique, éternel que je suis et resterai...
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A la naissance de leur troisième enfant, les parents apprennent bientôt qu'une anomalie génétique le condamne à brève échéance, après quelques années d'une existence quasi végétative. Dans leur maison cévenole, la vie s'organise autour du séisme qui vient de creuser une faille invisible entre eux et leur entourage. Chaque membre de la famille « s'adapte » à sa manière. le fils aîné se sent investi d'une responsabilité protectrice et, devenant l'ange gardien de l'enfant, sombre peu à peu avec lui. La cadette, toute à sa rage de voir l'énergie et la joie de vivre des siens littéralement siphonnées par ce petit frère, s'installe dans le rejet et le besoin de prendre le large. Enfin, le benjamin, né sur le tard, grandit dans l'ombre d'un fantôme et le souci de « réparer » ses parents.


Quand vous naît un enfant ou un frère handicapé, et même si pour vous rien ne sera jamais plus comme avant, la terre ne s'arrête pas de tourner. Désormais, il y a aura le monde ordinaire, qui continuera sans vous, et votre petit cercle, isolé parce qu'en rotation autour de son propre centre de gravité. Pour ses membres, c'est un complet recadrage qui marque la fin de l'insouciance et trace une frontière invisible avec les autres. Chacun assume avec les moyens du bord, et d'une façon chaque fois très personnelle, mais une constante perdure : l'amour pour cet enfant pas comme les autres.


Cet amour-là, avec ce qu'il apporte et ce qu'il coûte, irradie le texte, qui, raconté comme une tragédie grecque par les immémoriales pierres des Cévennes, sans prénoms, avec pour personnages centraux l'enfant, l'aîné, la cadette et le dernier, et en périphérie les parents et la grand-mère, prend la portée universelle d'une magnifique histoire d'humanité s'efforçant sans bruit de survivre à la fatalité. Ici, pas de tabous, ni de non-dits. Pas non plus de sentimentalisme, ni de pathos. Mais la narration sensible et délicate, impressionnante de vérité, des impacts et des réactions, en bref des bouleversements profonds au sein de la fratrie dans son face-à-face avec la différence, le handicap et la mort.


Clara Dupont-Monod pénètre à ce point son sujet et fait preuve d'une telle finesse psychologique que l'on ne peut douter de la part autobiographique de son récit. Magnifique et bouleversant dans l'évidence de sa sincérité sobre et pudique, ce livre très personnel impressionne par sa portée si manifestement universelle. Coup de coeur

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Dans les maisons cévenoles, les pierres ont leur importance. Elles voient tout, savent tout… et nous racontent ici l'histoire de cette famille déstabilisée par l'arrivée d'un bébé handicapé. Celui-ci vivra dans cet écran de montagnes, à l'abri, sous leur protection et, surtout, sous la bienveillance de son frère aîné.

Clara Dupont-Monod, signe encore ici un livre magistral ! J'apprécie énormément la plume de cette romancière qui sait se renouveler et ne donne jamais le même schéma dans ses écrits. Avec « S'adapter », elle donne à réfléchir sur la différence, sur la famille, sur la fratrie. Connaissant un peu les Cévennes, j'ai pu reconnaître les traits de certaines personnes, la rudesse apparente qui les caractérise (apparente car, au fond, elles ont un coeur en or), certains paysages également. Je me suis coulée dans cette histoire comme la rivière dans son lit, j'ai vécu avec cette famille l'espace de ces pages…

Ce roman est un véritable coup de coeur !
Lien : https://promenadesculturelle..
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Quand un enfant différent, handicapé, nait dans une famille, c'est tout un équilibre qui est rompu. On pense toujours aux parents ; la littérature a souvent traité le sujet à travers leurs yeux, leur ressenti. Clara Dupont-Monod a pris le parti de le faire sous l'angle de vue, original, des enfants, qui ne sont ici jamais nommés autrement que par leur place dans la fratrie.
Il y a d'abord l'aîné, qui se sentira mis en responsabilité, celle de protéger l'enfant, au point d'en oublier sa soeur, de presque s'oublier lui-même.
Il y a ensuite la cadette, saisie par la colère à l'encontre de ce petit être qui la prive de l'attention de son frère et de ses parents.
Il y aura enfin le dernier, qui naîtra après, qui renouera le contact avec les uns et les autres tout en sentant peser sur lui le poids du souvenir de cet enfant différent
Et puis il y a l'omniprésence de la nature, de cette campagne cévenole qui sert d'écrin à ce drame familial.

Avec beaucoup de délicatesse, l'auteure traite dans ce court roman un sujet, le handicap, sans quasiment jamais en parler. Car si elle met l'enfant handicapé au centre de l'histoire, elle s'intéresse surtout aux conséquences sur la famille : le ressenti de la fratrie, les liens qu'ils vont, ou pas, créer ailleurs pour continuer à exister eux-mêmes (avec la grand-mère pour l'une, la nature pour l'autre, le travail avec le père pour le troisième).
Le narrateur, qui pourrait bien être la nature elle-même, nous décrit les vécus sous l'angle de vue de chacun des trois frères et soeur. Il le fait avec une sorte de recul, de détachement et de pudeur qui donnent encore plus de profondeur au texte.
Un roman "magnifique et lumineux" dit la quatrième de couverture. Je ne chercherai pas d'autre conclusion conclusion. Je suis tombé sous le charme...


Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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