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sur 875 notes
Paul Sneijder, soixante ans, est le seul rescapé d'un accident d'ascenseur dans une tour de Montréal, dans lequel il perd sa fille aînée.

En sortant du coma, et après s'être remis de ses blessures, il va remettre sa vie en question ;
Il quitte son travail, et prend conscience du caractère de sa femme et de ses deux fils devenus avocats. Carriéristes et impitoyables, ces derniers lui deviennent étrangers. Des ressentiments vont naître envers cette famille qui a toujours rejeté sa fille née d'un premier mariage.
Paul s'enferme dans la lecture de documentation sur les ascenseurs, davantage pour comprendre plutôt que de préparer son procès. Il va même sympathiser avec l'avocat de la partie adverse.
Dévasté et un peu perdu, Paul va se ressourcer grâce à un emploi de promeneur de chien, au grand dam de sa femme qui ne pense qu'aux apparences sociales et à l'argent.

Ce roman est un drame teinté d'humour noir.
Le narrateur semble le personnage le plus lucide, et nous le suivons plein de compassion, dans ses épreuves et ses errances.
Jamais larmoyant, on rit souvent de scènes cocasses, notamment avec Anna, son odieuse femme.
C'est aussi un livre sur le deuil et la reconstruction de soi après un accident.
Un très bon livre et un excellent auteur à découvrir et à suivre.
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On retrouve encore, comme régulièrement chez l'auteur, un personnage qui encaisse, sonné, les coups de la vie mais doté d'une résilience à toute épreuve. On suit les tribulations d'un papa qui a perdu sa fille dans un accident d'ascenseur, avec tout ce que cela comporte comme décalage entre étude technique du dispositif usuel mais méconnu et la jubilation provoquée par un humour noir génial.. j'ai adoré !
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Victime et seul survivant d'un horrible accident d'ascenseur durant lequel sa fille bien-aimée a perdu la vie, Paul Sneijder va déconstruire et tenter de reconstruire son existence.
Tâche écrasante pour cet homme égaré, déboussolé, contemplant d'un oeil critique et sarcastique les débris d'une vie perdue dans un mariage désastreux, qu'il va férocement décortiquer, auprès d'une femme égocentrique et hyper-diplômée, naviguant avec aisance dans le monde technologique, dans "un univers à haut potentiel" et en outre père de jumeaux "clônes masculinisés de leur mère".

Alors il va tout bouleverser, s'enferrer dans une quête obsessionnelle du fonctionnement des ascenseurs,
soliloquer longuement sur la place attribuée à l'humain dans un ascenseur, judicieusement comparée à celle qui lui est réservée sur terre, soit un minuscule et dérisoire espace, dans lequel on s'agite vainement,
changer de travail et rejeter femme et fils, que Paul va non seulement prendre en grippe mais haïr férocement, la proximité avec les chiens lui paraissant autrement enrichissante ..... Bref une totale remise en cause de son univers !

La plume élégante et percutante de Jean-Paul Dubois fait merveille. Un propos d'une ironie mordante assorti d'un humour désenchanté, voire désespéré alliant "mémoire rance et rancoeur recuite" pour illustrer le "Familles, je vous hais !" de Gide.
Et comme le dit si bien Virgile dans l'Enéide : Horresco referens - soit : je frémis en le racontant, il y a de quoi frémir tant la trajectoire erratique de Paul Sneijder nous émeut et nous bouleverse.

On rit beaucoup et on grince des dents, avec une question qui reste en suspens, mais qui est-il vraiment ce Paul ?
Et pourquoi donc a-t-il supporté cette famille destructrice ?
Dérangeant et jubilatoire.
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double chute

Un bijou que ce récit de la double, voire triple chute de Paul Sneijder, celle qu'il a vécu dans un ascenseur, celle de sa vie sociale et celle qui l'amèneront de petites lâchetés en accommodements petit à petit vers sa perte.

Ce ne sont pas que les renoncements de Sneijder que Dubois démonte en même temps que les ascenseurs, dans ce livre à la fois drôle, grave et féroce, ce sont les nôtres aussi bien sûr, ceux de la vie urbaine, où toute honte bue nous nous entassons dans une verticalité qui nous fait perdre notre humanité.
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J'ai trouvé le livre drôle au début puis au milieu j'ai trouvé que l'atmosphère avait changé. A la fin, on se demande vraiment si Paul n'est pas fou comme le pense sa famille ainsi que les autres personnages du livre. On sent que cet homme est préoccupé et absorbé par sa fille et les ascenseurs. ça devient presque étouffant, comme si on était nous-même coincé dans un ascenseur entre les pages du livre. Pourtant, au début, ça semble normal et la trame est intéressante (coincé dans un ascenseur, le seul survivant, veut changer de vie peu importe la pression de son entourage). Après, tout se mêle et on se dit que le personnage est un peu fou et pète complètement un câble en restant croché sur son histoire d'ascenseur, en embrassant sa fille morte dans l'urne et en feuilletant tout ce qui concerne l'ascenseur.
Bref, très mitigée.
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Jean-Paul Dubois a l'art de se mettre dans la peau de personnages extraordinaires et de rendre ces personnages très réels. de plus, il écrit bien, il alterne le dramatique et le comique avec maîtrise et nous prend dans son sillage avec une facilité remarquable.
Un livre étonnant et intéressant par l'analyse des sentiments de plus en plus minces du narrateur pour son épouse et par la mécanique des ascenseurs.
Un bon moment de lecture !
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Le dénommé Sneijder a été victime d'un accident d'ascenseur rarissime dont il a réchappé, par miracle,à la différence de sa fille.
Et il est en pleine dégringolade et coule des jours sombres, sans goût à la vie.
Clairement, il est proche de la folie sans que le Monde qui l'entoure ne semble aller mieux.
L'écriture est rès belle et fine, et j'ai aimé cette bizarrerie latente qui envahit tout le livre.
Intéressant même si les explications sur la technicité des ascenseurs semblent redondantes et que les états d'âme, même légitimes, peuvent lasser quelque peu à la longue.


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Ce roman est bouleversant; Dubois narre avec finesse et délicatesse la lente agonie d'un homme pris au piège de son cauchemar. le lecteur assiste impuissant aux tourments de Sneijder jusqu'à la dernière ligne. L'histoire est sombre, douloureuse mais Dubois traite les émotions avec justesse, sans jamais tomber dans le mélodrame sirupeux.
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Paul Sneijder a vu sa fille, Marie, mourir dans un accident d'ascenseur. Lui y a réchappé, mais quand meurt un de ses enfants, on aurait préféré partir à sa place...
L'histoire se passe à Québec. Les accidents d'ascenseur mortels sont rarissimes. Mais un jour, la porte s'ouvre, on avance, la cage n'est pas là et vous n'êtes plus. Y a t-il mort plus banale et plus révoltante que ça ? Sûrement, mais Sneijder cherchera des réponses sans les trouver.
Anna, sa femme mais pas la mère de Marie (celle-ci provient d'un premier mariage, mais peu importe), bourgeoise roide et impénitente, réagit de façon très froide à son désarroi et à sa mélancolie. Ses fils jumeaux sont taillés dans le même bois et sont tout aussi antipathiques envers Paul Sneijder . Celui-ci s'enferme avec ses interrogations, devient mutique.
Femme et fils deviennent cyniques et mesquins devant cet homme meurtri par l'incompréhension et qui bientôt, balancera aux orties tous les codes de notre société. Outre le fait qu'il soit devenu taciturne et ouvertement retors à la petite-bourgeoisie, il renonce à tout plan de carrière.
Il abandonne tout et se borne à promener des chiens en journée, le soir, la nuit parfois. Il est maigrement payé pour ses prestations, on s'en doute. Anna et ses fils, trop déroutés et choqués de voir ce père refusant d'en faire davantage, finissent par le faire colloquer. Sous prétexte qu'il met sa propre existence en danger. Jusqu'où une société peut-elle être pervertie ...
Ce livre raconte le choc entre les cons qui ne doutent jamais et les vrais êtres humains qui s'interrogent et essaient de comprendre.
Cette nouvelle existence lui offre le temps de méditer sur la vie de notre époque, régie par un autre ascenseur, social celui-là. Et il n'est pas beaucoup moins mortel que l'autre : il se peut qu'un jour, ce mécanisme-là s'enraie aussi et que vous soyez précipité à très grande vitesse et de façon ultra-violente vers le fond de la colonne, écrasé sans merci et sans regrets.
Les thèmes du livre sont multiples et essentiels : liberté individuelle, conformisme, immoralité de toute société basée sur le profit, la famille qui peut devenir oppressante quand elle devient le suppôt du conformisme.
Le livre est mince, car Dubois n'en fait pas des tonnes. Son style est parcimonieux, beaucoup réside dans du non dit. Son but est de nous conduire vers la réflexion, de nous placer devant le même miroir que Sneijder.
Jean-Paul Dubois a remporté le Goncourt en 2019 pour un autre de ses livres, mais selon moi, celui-ci est son véritable Goncourt.
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La mélancolie, Jean-Paul Dubois la mêle à la douceur de vivre, malgré l'amertume du poids des reproches. L'entame est dramatique, sa fille meurt dans un ascenseur qui s'écroule. le style, lui reste très très haut. Décalage entre le ton et le fond, de culpabilité, de ressentiment. Drôlerie des moments de folie volés à ceux qui en manquent.


Devenu promeneur de chiens, Paul (évidemment) participe même à une compétition.
« Pour moi, le spectacle de toutes ces disciplines est en soi une souffrance, un châtiment que l'on ne devrait infliger qu'à des délinquants multirécidivistes ».

« Je vous préparerai quelque chose, une solution buvable que vous prendrez une heure avant le début de la compétition. Et je peux vous garantir qu'ensuite vous serez aussi détendu et relaxe qu'une olive dans un verre de Martini ».


Il s'éloigne d'Anna, sa femme et de leurs deux fils.

« Je n'éprouvais aucun sentiment majeur. Tout se valait ou ne valait rien. Ma mémoire était un vieil accessoire dont j'avais oublié jusqu'à la raison d'être ».

« La vie, ce sport individuel qui mériterait, pour peu que l'on considère l'absurdité de ses règles, d'avoir été inventé par un Anglais bipolaire, avait assez d'humour pour laisser à des chiens, dont je ramassais ce que l'on sait, le soin de me redonner une petite part de la confiance et de la douceur dont la plupart des miens m'avaient depuis longtemps privé ».

« C'est ainsi que vécûmes, famille désarticulée, petits Français de l'intérieur, coincés entre le leasing de nos voitures et les escalators du progrès, gravissant quelques marches sociales pour les redescendre aussitôt, enterrant nos parents avant de dépenser leurs assurances-vie, voyant grandir nos enfants et défiler les années, comme les bovins regardent passer les trains, jusqu'à la fin».

« Quelle que soit l'ampleur de nos coupes, année après année, tel un lierre têtu et dévorant, lentement, notre mémoire nous tue ».

« Vivre ensemble. C'était déjà impossible de coexister avec sa propre famille. La vie était un sport individuel. On pouvait mourir ensemble dans un ascenseur. Pas y vivre. Supporter l'autre était toujours un supplice intime. Surveiller son territoire. Recalculer sans cesse. Pour le reste, les chiens chiaient. Et voilà tout ».

« Je suis fatigué, Anna. Fatigué de voir que tu ne comprends rien à rien, que tu ne vois rien. Tu m'emmerdes avec tes alarmes et tes univers à haut potentiel. Je ne comprends plus rien à ce que tu dis ni à ce que tu vis. La seule chose qui me paraisse encore vivante dans cette maison, ce sont les cendres de ma fille».

Les dentistes ne sont pas épargnés (naturellement)

« Il faut dire que j'appartiens à une génération dont les soins bucco-dentaires furent confiés à une congrégation d'arracheurs de dents, au sens premier du terme, un gang de tortionnaires opérant avec des armes mal dégrossies et des produits anesthésiques élaborés par des officines vétérinaires ».
Aujourd'hui, je dois le reconnaître, les choses ont changé et les dentistes sont devenus des êtres humains comme les autres ».


Il se lie d'amitié avec le représentant de l'assurance de l'ascenseur qui n'a plus de secret pour lui.
« Il convient de ne jamais perdre de vue qu'on ne construit pas un ascenseur dans un immeuble, mais un immeuble autour d'un ascenseur. Il est au centre de tout. C'est lui qui simplifiera votre vie ou au contraire la transformera en enfer.


Un livre doux-amer, parfois irrésistiblement drôle, magistralement adapté au cinéma. D'autres livres de Jean-Paul Dubois l'ont été, mais ce film-là est très au dessus, porté par l'ascenseur, peut être.
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