Une dernière chose, gamin, dit Raphael de sa voix profonde.
A partir de maintenant, tu as deux routes devant toi. Tu peux maudire le mauvais sort qui t'a enlevé à tes parents, ton royaume, ta richesse, tout ce que tu avais...ou tu peux remercier la chance d'être vivant.
Selon le point de vue que tu adopteras, tu deviendras un homme ou un autre, deux hommes complètement différents, avec deux vies différentes.
Impossible de dire si ces hommes, mes hommes, ont trouvé la liberté Mais regarde leurs yeux, ils ont trouvé une raison de vivre. Peut-être qu'au fond, c'est ça la liberté. Avoir une raison de vivre.
Les gens, surtout les riches, c'est des habits qu'ils invitent à diner, rappelle-toi ça.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- ça veut dire que l'apparence compte plus que l'intérieur.
Le mot liberté s'enracine dans le cœur des hommes, surtout s'ils ne possèdent que leur vie.
"La seule vérité qui compte, c'est celle qui...résonne en toi."
-C'est quoi, la liberté ?, demanda alors Mikael.
J'en sais rien, paysan. Pas un de nous n'est né libre, donc on n'en sait rien. C'est juste une idée qu'on se fait.
Et notre idée de la liberté, pour le moment, elle est empoisonnée par la faim.
Un estropié traîne la jambe. Mais deux estropiés qui se tiennent par la main, s'ils se balancent au même rythme ... ça devient une danse.
"Demain n'existe pas. Il n'y a qu'aujourd'hui. Maintenant. Ici."
Il comprit tout à coup que ce qui l’habitait n’etait Pas la peur de mourir, mais le désir de vivre.
Il connaissait la montagne comme sa poche maintenant. Du temps où ce royaume lui appartenait, il ne savait même pas à quoi il ressemblait ni jusqu'où il s'étendait. Il ignorait tout de la façon d'y survivre, d'y poser le pied pour ne pas tomber. La montagne ne lui appartenait plus par droit féodal, elle était devenue sienne parce qu'il l'avait conquise, se dit-il en souriant. Personne ne le lui enlèverait jamais.