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EAN : 978B00BY5H6VQ
Émile-Paul frères (30/11/-1)
4/5   1 notes
Résumé :
270 pages.
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CIII


T'en souviens-tu (comme on écrit dans les romances)
T'en souviens-tu de ce dimanche des dimanches
Où nous avons erré sous les mornes platanes
Après l'azur et la poussière et la chaleur?

Souvenirs, souvenirs, venez qu'on vous rétame,
C'est moi qui suis le rétameur!

Ah! malgré qu'on veuille sourire,
Moi, j'ai des larmes plein le cœur
Et je m'en vais à la dérive.

Cette musique au loin et ces bouffées de cuivre,
Polka pour deux pistons et grands airs d'opéra
La Favorite, l'Africaine, etc....

La même lune va reluire
Et refléter son cristal nacarat
Dans l'eau chaude du fleuve.

Un vent tiède se prit à remuer les feuilles.
Tes mains étaient pleines de larmes.
Les tramways en passant t'éclairaient le visage.

Près d'un café pleurait une aigre clarinette.
Un grand magnolia balançait ses fleurs blanches,
Et la lune pendait aux branches,
Douce lanterne japonaise.

p.166-167
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Le Passé maugréait et frappait à la porte.
Je me taisais. Il m'appela d'une voix forte ;
Mais je continuai de songer à tes yeux ;
Et j'entendais crier le vieillard furieux,
Grelottant dans la nuit sous sa mante à ramages,

Il est entré portant un vieux livre d'images.

Laure, dans la maison à l'ombre des sureaux,
Songeuse, tu brodais derrière les carreaux,
Et, si j'apercevais un livre à ta fenêtre,
Je sonnais à la grille et tu voyais paraître,
Au jardin envahi d'herbe et de serpolet,
Celui qui dans les soirs longuement te parlait
Et déroulait son rêve ainsi qu'un paysage...
Laure, où sont tes cheveux, tes mains et ton visage ?...

Vous qui pleuriez, mélancolique, au soir tombant ;
Toi qui sur ton épaule attachais un ruban
Mauve ; toi qui jouais Manon et l'ouverture
De Tannhäuser ; toi qui riais dans ta voiture...
Ô passé, plein de fleurs et de chardonnerets !

Rires ! Passé léger ! Passé tendre ! Regrets !
Mésanges, accourez, mes lointaines pensées !
Ô souvenirs, rameaux flétris, branches cassées...

Oui, j'aurais dû, ce soir, te dire tout cela,
T'avouer les penchants où mon cœur s'écoula
Et te montrer au loin ces figures d'argile,
Et nous aurions pleuré de sentir si fragile
Notre amour qui s'éveille et frissonne au soleil
D'automne, notre amour incassable et pareil
Aux beaux jouets de notre enfance. Mais qu'importe,
Si l'espérance encore ouvre la vieille porte ?
Elle parle ; sa voix illumine tes yeux ;
Son regard verse en nous la lumière des cieux.
Sous le manteau de pourpre et la cuirasse triple,
Cheveux au vent, partons pour le vaste périple.
Les merles se sont tus devant l'astre éclatant ;
Et le navire aux voiles blanches nous attend
Au port, prêt à cingler vers les îles lointaines
Où le bonheur fleurit aux rives des fontaines.
Je ne sais quelle main nous pousse. Nous rirons
Des rafales soufflant dans leurs rauques clairons ;
Et, comme ivres, car l'Univers nous est complice,
Les flots noirs et cabrés nous seront un délice.

Ainsi nous voguerons sur l'eau cruelle ou sur
L'eau calme, sous tes coups, tonnerre, ou sous l'azur,
Sous la lune indulgente ou dans l'ombre sauvage.
Et plus tard n'ayant vu briller aucun rivage,
Revenus, mais encor, les doigts ensanglantés,
Rêvant que sur la mer âpre des voluptés
Il est pourtant après les tempêtes quelque île
Où boire le bonheur d'une âme enfin tranquille,
Fourbus, endoloris, meurtris, nous changerons
La voile blanche ou nous prendrons les avirons,
Sur l'eau vaine luttant, mangeant notre colère,
Pauvres rameurs perdus sur la vieille galère.

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XXIX


Les jours sont plats comme des soles
Et la rouille a couvert mon cœur;
Mais tu parais et tu consoles
Mon amertume, ô remorqueur !

Amour, nous sommes les chaloupes
Vides sur le flot des hivers,
Et nous rêvons de Guadeloupes
Où rugissent des lions verts.

Là-bas, vibrent des promontoires
Sous le cri de tigres ailés;
Et dans des champs de roses noires
S'étirent des chats violets.

Des oiseaux sont couverts de feuilles ;
Des plumes poussent dans les prés...
Emmène-nous, toi qui recueilles
L'espoir des rêves déchirés.

Amour, jette-nous tes amarres ;
Vois nos larmes, entends nos cris.
Les soirs dorment comme des mares
Autour des cœurs endoloris.

p.49
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LXVI

À Henri Martineau.


Lève le nez, ferme ton livre et ton pupitre.
La flûte de cristal à la bouche du pâtre
Module sous les fleurs nouvelles et les feuilles
Un air grave qui fait rougir les jeunes filles ;
Et son souffle fervent, magnifique et docile
S'épanouit dans la lumière universelle.
Elle chante la joie et les collines fraîches.
Le cri des paons, le vert des bois, le bruit des ruches,
L'écarlate des liserons sur les écorces,
Le bleu du ciel, le bleu des yeux, le bleu des sources ;
Elle chante, elle vibre, elle crie, ô nature,
Elle te loue et s'abandonne à ton mystère
Et son âme n'est plus qu'une phrase amoureuse.
Elle vibre et soudain trop ivre elle se brise
Et, poussière immortelle, au monde elle se mêle.

Douce flûte et mon cœur qui se donne comme elle.

p.103
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LXXXVIII


Oui, je chante la joie ivre et passionnée
Et je noue à ma barbe une rose fanée
Pour songer nuit et jour qu'il faudra que mon corps
Se dissolve comme elle et quitte les décors
Fastueux où le monde épanouit sa force.
Je m'en irai. Je tomberai comme l'écorce
Des platanes, comme les feuilles, comme les
Roses! Je suis vivant! Ciel, nuages gonflés
D'eau lourde, bois roussis par les torches d'automne,
Vergers où l'or vivant des abeilles bourdonne,
Fruits riches, souvenirs d'un magnifique été,
Moissons, je vous respire avec avidité
Et je mêle ma vie au triomphe des choses,
Éperdu comme les feuilles, comme les roses!

p.139
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