Ce livre est un document riche et complet basé sur une enquête de trois ans réalisée par les auteurs,
Nicolas Deliez et
Julien Mignot tout deux journalistes d'investigation. Pièces du dossier, entretiens avec la famille et l'entourage de Nicolas Cocaign et expertises s'imbriquent afin de nous narrer la vie de Nicolas Cocaign et tenter d'expliquer comme une telle spirale de violence a pu avoir lieu sans que personne ne soit en mesure d'enrayer la machine.
Dans la nuit du 3 janvier 2007 à la maison d'arrêt de Rouen Nicolas Cocaign a violemment agressé et tué un des ses deux codétenus. Il va alors inciser le flan de la victime agonisante, extraire de son corps un morceau de muscle intercostal (en pensant que cela est le coeur), le cuisiner et le manger. Par cet acte d'une incroyable violence Nicolas Cocaign devient « le cannibale », est-il fou ? Comment a-t-il pu en arriver à ce geste ?
La justice l'a jugé pour ce crime et condamné à trente ans de réclusion. S'il a été jugé c'est parcequ'un collège d'expert l'a déclaré apte à l'être pourtant à la lecture du livre on ne peu que le penser fou tout du moins cela nous rassure de ce dire que cet être ne peu pas être un être « normal ».
Son destin est une succession de violence, d'incompréhension, d'échec et parfois de tentatives d'appel au secours face à une justice et une administration autiste.
A la lecture de ce livre j'ai ressenti une immense tristesse pour les parents de Nicolas, leur acte d'amour d'adopter un enfant à été en fait le début d'un long chemin de croix fait de violence, de haine et de trahison. Nicolas est un enfant dur, difficilement gérable. le couple se retrouve très rapidement complètement démuni face à l'administration qui une fois l'adoption conclue répond aux abonnés absents puis plus tard face à la justice qui ne peut intervenir que sur des faits et non des intentions mais aussi face à aux services médicaux démunis :
(Dernière rencontre de Geneviève Cocaign avec le pédiatre qui suivait Nicolas depuis l'adoption)
- Votre fils ne change pas, il n'y a rien à faire, il n'y a aucune évolution positive.
- Je sais, pourtant nous faisons tout ce que nous pouvons…
- Nicolas ne s'arrangera jamais, ses traumatismes sont trop importants. Vous savez, à votre place, je le remettrais là où vous l'avez pris.
Nicolas est en guerre permanente avec lui-même mais il a besoin de se trouver des coupables. S'il a été abandonné c'est à cause de sa famille adoptive ; il est rejeté par les femmes, toutes des salopes ;… Il se positionne perpétuellement dans le rôle de la victime, à tel point qu'il en devient très rapidement antipathique. Ce petit garçon, victime d'un abandon, incapable d'aimer ses parents adoptif car ils ne correspondent pas à « sa » famille idéale (trop âgé, son père ne lui semble pas assez autoritaire et est trop effacé, sa mère ne lui montre pas assez ses sentiments) devient très vite un bourreau. Il ne veut qu'une chose, être différent, faire peur, inspirer la méfiance et la crainte. Il lui est impossible de s'intégrer dans la société.
Son attitude (pratique d'un sadomasochisme extrême, violence, alcoolisme, menace de mort, goût pour les armes, vie marginale en élevant des reptiles, des araignées, des chiens d'attaque,…) ses alertes auprès de la gendarmerie et des services psychiatrique, les démarches faites par ses parents, sa tantes, son ex-compagne auraient du être des signaux d'alarmes. Malheureusement rien n'a pu éviter le meurtre, la souffrance et la douleur de ses parents et de son ex-compagne.
Ce document est poignant et révoltant à la fois car à la lecture on se dit que tout cela aurait pu être évité. Ce livre invite à réfléchir sur la justice face à la folie, sur la réinsertion, et sur le traitement des psychotiques dans notre société.
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