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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mémoires d'un paysan Bas-breton fait partie des livres qui ont sommeillé dans ma bibliothèque plusieurs années avant que je ne le lise. Il me semblait qu'il me fallait être bien disposée pour l'apprécier à sa juste valeur.

Mieux qu'un mystère insoluble à résoudre (cette quête des manuscrits de JM Déguignet racontée en préambule s'avère incroyable), mille fois plus fort (car véridique) qu'un roman naturaliste ( il fut enfant-mendiant au début du 19ème ), presque aussi aventureux qu'un Jules Verne (la technologie en moins), voici l'histoire de sa propre vie racontée par un breton de "la race des gueux" né près de Quimper en 1834.

Ce personnage non fictif haut en couleurs et complètement autodidacte, pour quitter quelque temps sa misère s'est fait cultivateur (progressiste), soldat, buraliste... sur des périodes plus ou moins longues, mais toujours rendues avec une précision et un franc-parler que j'ai trouvés admirables.

JMD, afin de ne pas mourir d'ennui et de tristesse, a pris la plume sur sa fin de vie, et distille sur près de 500 pages un document humain absolument unique, d'une force inégalable. Ses opinions athées républicaines acérées éclairent le monde d'avant, la Bretagne quimpéroise, entre autres.

Ne redoutez aucun pathos ou sensiblerie de sa part ; JMB a été bercé très près du mur... Ce libre penseur (trop) en avance sur son temps appelle un chat un chat, et sait parfaitement décrire les injustices inhérentes au 19ème siècle.
En porte-à-faux avec son époque, et ses compatriotes, ce témoin des derniers révolutionnaires (1789), décédé peu avant la guerre de 14-18 m'a régalé d'un bout à l'autre.

Entre clairvoyance, lucidité et facultés cognitives supérieures, sa haine de l'obscurantisme religieux et des " aristo- nobles " finira par lui monter au cerveau. C'est en tout cas ce qu'en pensèrent les médecins.

Il terminera son existence, ivre de rage, seul, abandonné de tous. Sa soumission aurait désamorcé sa colère, mais JMD fit un autre choix. Au péril de sa sociabilité.

Un très grand livre...

Lien : http://justelire.fr/memoires..
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Les mémoires d'un paysan Bas-Breton sont une nouvelle biographie "gratinée"d'un humble écorché vif du XIX eme siècle de ma Bretagne natale.
Ce mendiant qui n'a jamais été à l'école,apprend seul à lire et à écrire.Il s'engage 2 fois dans une armée de monarques" qui n'ont pas les mêmes intérêts que les peuples"Il devient athée et anticlérical tel qu'était mon grand-père né en 1899."A bas la calotte "disait-il !!
Oui l'écriture est "cash",oui les Bretons sont pieux, voire fanatiques mais la religion n'est-il pas l'opium des peuples (les plus pauvres ,les plus humbles).
Ce témoignage, malgré l'obstination de l'auteur reste sincère pour avoir entendu mes grands-parents et même mes parents ,victimes du servage, plus d'un siècle plus tard ,raconter leurs conditions de vie moyenâgeuse.
Depuis l'école est passée par là, la laïcité aussi, par contre les Bretons ont perdu avec leur langue, leur histoire.D'où l'intérêt d'un tel livre.
L'écriture de ses mémoires au crépuscule de sa vie, permettent à cet autodidacte de tirer une GRANDE révérence à 71 ans dans une misère totale mais "sans intervention chrétienne".
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Le portrait que Déguignet trace de lui-même intéressera tous ceux qui recherche une Bretagne sincère et vraie loin de tous les clichés , c'est la Bretagne des fermiers , des gens de mer , des écrivains comme Mona Ozouf
Il y a de l'impertinence chez cet autodidacte , de sacré doses d'humour , d'imagination , et d'énergie surtout . Un livre qui raconte une démesure, l'histoire d'une figure hors norme qui tout au long de sa vie a montré une soif , un besoin vital de savoir de tout savoir , en un autre jour il aurait pu devenir un très grand chercheur .
En le lisant c'est hommage discret a un homme indiscret .
Il était issu d'une famille de condition modeste, père fermier ; à sa naissance au bord de la ruine, perdit son bail deux mois plus tard. Il loua ensuite un penn-ty à côté de Quimper et vendait ses services comme journalier chez des fermiers pour huit à douze sous par jour.
Enfant, sa famille subit de plein fouet la misère engendrée par l'épidémie de mildiou. Il dut devenir mendiant.
La crise passée, il parvint à se faire engager dans diverses fermes comme vacher, notamment dans une ferme-école d'agriculture à Kerfeunteun. Il apprit par lui-même à écrire et lire le français : il ne savait jusqu'alors lire que le breton et le latin, appris au catéchisme. Il racontera comment il récupérait des feuilles oubliées par les autres élèves pour les déchiffrer.
En 1854, il s'engagea dans l'armée .
Il y restera 14 ans, participant à la guerre de Crimée, à la campagne d'Italie, ainsi qu'à l'expédition du Mexique. Lors de ces campagnes il eut le loisir d'apprendre l'italien et l'espagnol. Il y perfectionna aussi son français, lisant tout ce qu'il pouvait et recherchant le contact de toute personne cultivée. C'est à cette époque que se mirent en place ses idées républicaines et violemment anticléricales.
Revenu en Bretagne, il se maria et devint fermier à Ergué-Armel. Il le resta pendant 15 ans, et grâce à son ingéniosité fit de cette ferme à l'abandon une exploitation modèle. Son bail ne fut pas prorogé, à cause de ses idées et de son caractère anticonformiste.
Il fut ensuite tenancier d'un débit de boissons (il abandonna ce commerce quand sa femme mourut )puis vécu de divers métiers .
Retombé dans la misère, il passa ses dernières années à Quimper où il fréquentait la bibliothèque municipale pour y lire les journaux républicains. C'est au cours de cette période qu'il écrivit l'histoire de sa vie. Il la rédigea par deux fois : il en avait vendu un premier manuscrit à Anatole le Braz et, ne le voyant pas paraître, crut qu'il avait voulu faire disparaître son témoignage.
Il fut retrouvé mort à la porte de l'hospice de Quimper, le matin du 29 août 1905.
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Né au début du XIXe siècle du côté de Quimper, Jean-Marie Déguignet aurait pu ne jamais connaître que le lot commun de tant d'autres petits paysans de son temps. Misère, mendicité, domesticité rurale, dans un périmètre réduit à quelques paroisses. Mais le jeune Jean-Marie possédait un de ces rares cerveaux qui ont la capacité de tout retenir, de tout assimiler. C'était en somme un garçon intelligent, assez pour apprendre sans beaucoup d'aide à lire, puis à écrire, le breton d'abord, puis le latin des curés, le français du régiment et toutes les langues qui croisèrent sa route.
Car Jean-Marie était aussi curieux et pour voir du pays, il n'hésita guère à s'engager dans l'armée. Participa à la guerre de Crimée, poussa jusqu'à Jérusalem (où les sordides petits trafics autour des pélerins lui firent perdre pour de bon toute estime pour les religions et les croyants), fit partie de la campagne d'Italie (celle de 1859, contre les autrichiens), de l'expédition désastreuse du Mexique, affronta en Algérie les soulèvements Kabyles... avant de revenir s'installer au pays, où un mariage malheureux et une incapacité remarquable à ménager les susceptibilités d'autrui, finirent par lui coûter à peu près tout ce qu'il avait gagné jusque là.

A la fin de sa vie, à nouveau tombé dans la misère, il entreprend d'écrire ses Mémoires... qui seront remarquées par Anatole le Braz, très partiellement et très imparfaitement publiées dans la Revue de Paris en 1905 puis plus ou moins oubliées jusqu'à leur redécouverte, presque un siècle plus tard, où elles devinrent un grand succès de librairie.
L'édition qu'on tient là entre les mains est elle aussi incomplète, taillant volontairement dans de nombreuses digressions sans doute un peu pénibles à lire mais que j'ai été un peu frustrée de ne pas pouvoir découvrir. Qu'importe, c'est un texte passionnant et unique en son genre dont l'auteur, aussi intelligent que borné, curieux, intransigeant à l'excès, agaçant, attachant malgré tout, peut difficilement laisser indifférent.
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Au XIXème, les bretons pauvres qui savaient lire et écrire étaient vraiment rares. Un témoignage d'une telle précision rend donc ce journal extrêmement précieux. Une pépite ethnographique pour tout ceux qui s'intéressent à l'histoire de la Bretagne et à ce qu'ont vécu nos ancêtres.
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Cet ouvrage relate la vie d'un paysan breton devenant soldat, qui participe aux guerres du second empire. A la fois intellectuel, autodidacte, antimonarchiste, anticlérical et anarchiste, il décrit ses péripéties avec honnêteté, et cela sans complaisance à l'égard de la société Bretonne de l'époque, ultra-catholique et plutôt royaliste.
Bref, un personnage hors du commun.
Le texte est plutôt facile à lire, sans fioriture littérature, même si les 30 premières peuvent rebuter.
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