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Critique de jvermeer


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Le visage de l'auteure, cette jeune femme blonde à l'apparence angélique, au sourire d'adolescente m'avait interrogé plusieurs fois dans différentes émissions de la Grande Librairie. Lisant peu de romans, ce petit livre de 133 pages me convenait.

Ma lecture a été un choc imprévu !

« Car c'est ainsi que les hommes naissent, vivent et disparaissent, en prenant avec les cieux de funestes engagements »

L'histoire pourrait paraitre banale. Les deux personnages principaux du livre sont signalés entre parenthèses pour les reconnaitre plus facilement dans le récit : « mère » et son « fils ». Rebouteux, guérisseurs, médecins de l'âme et du corps, ils ont appris très tôt la langue des choses cachées quand « ils étaient appelés ». La « mère », âgée, ne peut plus se déplacer. Elle a soigné de nombreux personnages dans le monde, des humains, des princes, des puissants, et, souvent, des animaux qui lui faisaient confiance. Elle envoie son « fils » à sa place vers un lieu-dit : le Fond du Puits, un village d'ombre où le soleil ne s'infiltre jamais. Lorsque l'on y pénètre, on se demande si l'on en sortira vivant.

Ce « fils » est venu à la demande d'un prêtre pour soigner un enfant malade qu'il trouve d'une beauté stupéfiante. Son père, un homme affreux, monstrueux, violent, atroce, un homme aux épaules rouges a toujours fait le mal : il a violé des femmes, cogné des hommes, vidé des bêtes. Cet enfant souffrant est le sien, il l'a eu avec une femme, décédée, peu de temps après le terrible drame conté dans le livre. Cet être bestial veille son fils unique : « Cet enfant est son salut, la lueur dans la boue, la couronne sur la crasse, cet ange, il ne le mérite pas, mais une douceur a percé sous les épaules rouges du père, un morceau d'amour qui tangue, qui grince. »

Le « fils » apprend par le prêtre que sa « mère » était venue au Fonds du Puits une vingtaine d'années auparavant. À l'époque, l'homme d'Église l'avait conduit dans une maison où une jeune femme qui n'avait pas vingt ans, aux yeux verts, souffrait. La « mère » avait tout de suite compris ce qui s'était passé : le viol avait été commis par une brute aux épaules rouges, dans une autre maison, « sur une table usée par le viol et la mauvaise mangeaille ». La jeune femme avait senti les mains de la « mère » sur son corps. Avec son pouvoir, elle « a rétabli l'ordre du monde en évitant la venue d'un être créé dans le drame et l'horreur ». La « mère » était repartie en laissant l'homme aux épaules rouges, le monstre, vivre et persister.

Plusieurs personnages de femmes vont apparaitre dans le récit, toutes sont souffrantes ou âgées. Deux d'entre elles ont souffert du fait de l'homme aux épaules rouges : celle aux yeux verts à qui la « mère », autrefois, a retiré son enfant avant sa naissance ; et la femme de cette brute, morte, dont l'enfant est cloué au lit, et que le « fils » est venu soigner.
« Cet homme règne sur la vie et la mort de ces deux femmes par les vies qu'il a nichées à l'intérieur d'elles, comme on cache son meilleur atout au milieu d'un paquet de cartes. »

J'en ai peut-être déjà trop dit. Je ne raconterais pas la suite des événements dans lesquels cette étrange histoire, pas facile à décrire, nous entraine.

Ce récit est superbe, terrible, cruel. Son épilogue est un long et magnifique chapitre sur la mort : « C'est ainsi que vient la mort, nous l'accueillons avec des bras pleins de fleurs, des yeux pleins de larmes, surpris qu'elle nous connaisse si bien, et qu'elle éveille en nous des amours plus fortes que la vie elle-même. »

Ce roman est un livre d'ambiance, noir, glauque, moyenâgeux, envoutant. Il m'a profondément remué, par les mots, la violence, sa sombre poésie qui nous attire alors que l'on souhaiterait fermer le livre.

Je connais mieux maintenant le style éclatant de Cécile Coulon dont le talent littéraire m'a impressionné.

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