AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,51

sur 46 notes
5
6 avis
4
6 avis
3
5 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« C'est notre dernier été tous ensemble, Pierre.»
Telle une funeste prémonition, le roman s'ouvre sur cette terrible déclaration de Bérénice à son fils aîné. Dès lors, Pierre, narrateur et témoin impuissant d'une fin annoncée, raconte la parenthèse (dés)enchantée de ces dernières vacances passées, comme chaque année, avec sa mère et son jeune frère, Orphée, sur la petite île de Sjena, terre de leurs ancêtres, perdue dans la mer Adriatique. Une île hors du temps, presque primitive, surnommée « l'île des ombres », mais sur laquelle souffle encore un vent de liberté. Une île qui semble dotée d'un étrange pouvoir, capable d'éveiller chez les siens une mélancolie enfouie, empreinte de nostalgie et de folie…

Dans son deuxième roman, Claire Conruyt revisite de manière originale le mythe d'Orphée et Eurydice, la reine de l'ombre ayant remplacée l'amante perdue, dans cette fable aux allures de tragédie grecque. Bérénice tient à merveille son rôle d'héroïne tragique, offrant le portrait d'une mère aimante mais abusive, prête à tous les sacrifices pour ses enfants mais capable de les entraîner sans concession dans sa tourmente.

Pierre, en tant qu'acteur mais aussi spectateur de cette lente descente aux enfers, rend habilement la montée progressive de la folie. La tension est croissante, palpable et l'onirisme du texte ne suffit pas toujours à en masquer l'horreur, notamment dans cette scène de chasse à l'enfant particulièrement oppressante…. Une intensité se dégage du texte, mais également un sentiment de confusion qui le rend parfois difficile à suivre… C'est beau et triste à la fois.

Les chapitres sont brefs et la plume poétique, marquée par une forte puissance évocatrice, presque incantatrice, nous place sans cesse à la limite du rêve. Il y a chez Claire Conruyt une vraie qualité littéraire. La mise en scène est soignée, l'atmosphère sombre est inquiétante à souhait, néanmoins, malgré toutes ces qualités, il m'a manqué quelque chose pour être vraiment touchée par cette histoire. Pierre, dans sa normalité, n'a pas su m'emporter dans le tourbillon de folie qui entraîne sa mère et son frère dans les méandres de leur intériorité et c'est avec une certaine distance que j'ai suivi le récit de cette jeunesse qui s'achève et de cette innocence perdue… Un roman qui m'a rappelé le superbe roman d'Olivier Bourdeaut : « En attendant Bojangles », la légèreté en moins…
Commenter  J’apprécie          230
Pour qui s'avance dans la nuitClaire Conruyt (France) – 2023 – ed. L'observatoire
Sjena est la mère d'Orphée et de Pierre, ils partent tous ensembles pour un nouvel endroit où vivre plus heureux (Au propre comme au figuré).
J'avais parfois l'impression de lire quelque peu le recueil de Dépression de Sjena. Sa thérapie… Elle gagnerait à avoir de le joie de vivre…
Les rapports entre les garçons et leur parente sont légèrement « bizarres », je trouve Sjena fragile émotionnellement et pense qu'elle n'assure pas toujours en tant que maman.
Un peu plus que dépressif, disons que ce livre est mélancolique.
On peut y voir une oeuvre abstraite, presque de la poésie (berk !).
Certains passages poignants sauvent le livre du naufrage, des métaphores religieuses… On aime ou on aime pas, chacun chez soi x-)..
C'était plutôt pénible à Lire j'ai dû pousser un max. Au moins ce n'est pas un Taiseux et j'ai réussi à la terminer ; )…
Phoenix; @++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
Commenter  J’apprécie          182
Une île de la mer Adriatique. Bérénice et ses deux fils viennent y passer l'été, comme chaque année, retrouver le sein resourçant de cette terre émergeant de l'immensité bleue. Pierre le narrateur, adolescent réduit par le dédain maternel à sa normalité accablante, et son jeune frère Orphée, dont l'exceptionnelle beauté n'a d'égale que la richesse intérieure. Si l'île de Sjena parvient à étouffer la tristesse de Bérénice, à révéler le feu de la danseuse qui dort en elle, sa sombre magie l'attire aussi jour après jour dans un univers onirique qui menace de l'avaler. Pierre observe les charmes de l'île, ses animaux sauvages, ses traditions brutales, ses édifices abandonnés où résonnent les plaintes de fantômes esseulés. Et il craint de perdre sa mère, de ne pas pouvoir protéger son frère de la folie maternelle, de les voir disparaître tous deux là où lui-même ne pourra jamais les suivre…

Un bien étrange roman, plutôt un long poème en prose, qui revisite à sa façon le mythe d'Orphée et Eurydice, celui d'une descente aux Enfers où les morts côtoient d'étranges créatures. C'est un récit à l'inspiration mythologique et aux accents gothiques, où la figure de l'amante emprunte le visage d'une mère, où la folie perce la carapace du quotidien pour en éprouver la réalité, où les courtes scènes s'enchaînent comme des perles pour composer un collier mystique. Les personnages paraîtront peut-être trop artificiels et éthérés pour susciter vraiment l'empathie, mais une tristesse poisseuse habite ces pages, ici et là éclairées par la beauté des mots, et les ambiances des lieux sont habilement rendues. le style est élégant, évocateur, peut-être parfois un peu trop ostentatoire dans sa recherche d'effets. Certaines scènes, comme un dangereux bain de mer où une chasse à l'enfant dans la nuit, marqueront les esprits. Cependant, l'ensemble trop hermétique et l'impression de dilution au fil des pages risqueront de décourager une partie des lecteurs. Les plus téméraires rechercheront la symbolique, imagineront les blessures secrètes que l'autrice a réouvertes pour donner naissance à ce texte… à vivre comme une expérience intérieure.
Commenter  J’apprécie          101
« Je cherchais la chute, je cherchais l'origine. Tout était là, tout a toujours été là, tout, en même temps ».
De poèmes, de folies et d'errances.

Conte gothique intrigant et étrangement déroutant, mêlant quête éperdue, rites initiatiques et mythe d'Orphée revisité.

Bérénice et ses deux fils qui la vénèrent, Pierre et Orphée, débarquent sur l'ïle de Sjena…
Là-bas la frontière entre les mondes est infime.
« J'ai perdu mon Eurydice… Sort cruel… » l'air de Gluck, le chant d'Orphée, m'a charmée tout au long de ma lecture.
Moi, pauvre mortelle, c'est Bérénice, hantée par ses démons, qui m'a perdue dans les méandres de ses tourments. Spirale ténébreuse enveloppée de phrases sibyllines.
Un fil d'Ariane bien complexe et emmêlé pour mon humble condition ici-bas…

L'espérance de repousser les limites de la condition humaine et les franchir grâce à l'art… Une expérience douloureuse… Dépasser la mortalité et les obstacles, noyer les peurs dans les pleurs…affronter les dangers, hanté par tous les fantômes à braver…
Mais la mer, les songes et les ténèbres menacent d'engloutir Bérénice et ses deux fils.

Orphée prince des songes, petit roi poète, son grand frère protecteur Pierre, et leur reine-mère adorée Bérénice, engluée dans ses tourments, à la lisière des rêves poétiques et du réel tragique.

J'ai aimé le style d'écriture, poétique, tonalités musicales, spirituelles, la symbolique omniprésente ; mais l'histoire même, mystérieuse et macabre, m'a déconcertée.
Ce roman exigeant m'a interpellée, sans cesse en recherche d'explications aux sens cachés.
Commenter  J’apprécie          90
# Au début de l'histoire, Pierre, le narrateur, son frère Orphée et leur mère débarquent sur l'île de Sjena qui produit un effet terrible sur Bérénice et Orphée. Dès les premières pages, le texte s'avère surprenant : "Ce soir-là, j'ai rêvé que ma mère dansait sur un lac de glace avant de disparaitre, engloutie par les eaux."
# Il m'aura fallu lire deux fois les cinquante premières pages, j'étais perdu, comme Pierre, le narrateur : "Rejoindre l'île revenait à quitter le monde, la flamboyante côte n'était plus qu'une frange sombre piquée de taches lumineuses."
# Puis, petit à petit, les indices s'assemblent et forment un tableau onirique : "L'île était un songe, et l'univers entièrement réduit à ce petit bout de terre."
# Les repères d'un monde rationnel dispaissent : la mère sombre dans la folie ; Orphée, le petit frère se perd ; seul Pierre, le narrateur, bien mal aimé, semble rester lucide et tente de protéger son petit frère.
# Bilan : un texte surprenant, intriguant, déstabilisant, où le rêve se mêle à la réalité, où la raison trépasse ; une écriture belle et poétique, où les mots sont enveloppés de magie. Si vous acceptez l'idée de lire un roman qui ne ressemble à rien d'autre qu'à lui-même, vous lirez un texte magnifique.
# Pour ma part, j'ai vraiment été déstabilisé par la première moitié du récit, j'étais perdu avec Pierre. Puis, j'ai davantage apprécié la deuxième moitié du texte.
# Lecture réalisée dans le cadre de la masse critique de septembre 2023. Merci infiniment pour m'avoir confié cette critique.
Commenter  J’apprécie          50


Autres livres de Claire Conruyt (1) Voir plus

Lecteurs (103) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1436 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}